La « Conti » Groupama-FDJ a conclu une nouvelle semaine de course dimanche, cette fois-ci sans victoire à la clé, mais en ayant pesé sur les cinq étapes de l’Alpes Isère Tour. Preuve en est, la formation bisontine est repartie avec quatre podiums d’étapes, deux autres top-10 mais aussi la deuxième place finale de Romain Grégoire. Il n’a d’ailleurs manqué que cinq secondes au champion d’Europe Juniors, constamment acteur durant l’épreuve, pour s’offrir le général lors de la dernière étape.
Le 31ème Alpes Isère Tour n’aura pas démarré de la manière la plus idéale qui soit pour la Conti Groupama-FDJ, mercredi dernier. Lors de la première étape, promise à un sprint, Joe Pidcock et Jensen Plowright ont tous deux été pris dans une chute massive qui a même nécessité la neutralisation de l’étape à une heure de son terme. Le Britannique n’est pas reparti, l’Australien si, mais non sans mal. « On avait pas mal d’ambitions avec Jensen ce jour-là, assurait Jérôme Gannat. Joe a dû abandonner car blessé au visage. Il n’a heureusement rien de cassé, mais c’était impressionnant. Jensen a quand même terminé, et fini huitième, mais il n’était pas dans les meilleures conditions pour disputer le sprint. Il a d’ailleurs abandonné assez tôt dès le lendemain. Il ne pouvait pas continuer ». En direction de Saint-Quentin-Fallavier, jeudi, le terrain était légèrement plus accidenté, et Romain Grégoire a dès lors tenté d’en tirer profit. « Il avait attaqué dans la dernière difficulté du jour, relatait Jérôme. C’était une belle attaque, il avait fait un écart mais il lui restait vingt kilomètres à effectuer, seul et avec le vent de face. Derrière le peloton a roulé et on a commis une petite erreur en ne suivant pas un groupe de trois qui est sorti en contre ». Quentin Jaurégui (B&B Hotels-KTM) s’est alors imposé et Laurence Pithie a pris la septième place au sein du peloton douze secondes plus tard.
« Romain était impressionnant, il était partout », Jérôme Gannat
Lors du troisième jour de course, qui se concluait par un petit circuit local tonique à Toussieu, la Conti a seulement été piégée par Victor Koretzky (B&B Hotels-KTM). Derrière le spécialiste du VTT, Romain Grégoire et Laurence Pithie ont complété le podium de l’étape dans un final particulier. « B&B Hotels-KTM a bien joué le coup en faisant la cassure pour Koretzky, expliquait Jérôme. Romain y est allé, mais Koretzky est très technique et le dernier kilomètre était vent de dos, ce qui lui a bien profité. On savait que dans un sprint avec un peu moins de monde, Laurence pouvait aussi être efficace, et ça a été le cas. Je pense qu’on n’a pas grand-chose à se reprocher malgré tout ». Grâce au jeu des bonifications, Romain Grégoire a néanmoins pu se replacer à la sixième place avant les deux dernières étapes. La quatrième, samedi, n’a pas été extrêmement sélective en raison de la localisation de la plus grosse difficulté, à soixante-dix bornes du but. En revanche, elle a été fatale à Reuben Thompson, victime d’une chute dans la descente du Mont du Faz. « On a dû changer de vélo, les voitures n’étaient pas immédiatement là, et ça a mis un peu de temps, indiquait Jérôme. Il a essayé de rentrer malgré tout, il a beaucoup insisté pendant trente kilomètres, mais ça ne l’a pas fait. On lui a alors dit de se relever car ça ne servait à rien de laisser des forces. Pour lui, c’était une grosse déception car il avait pour objectif d’être placé au général. Ça fait partie des éléments qu’on ne peut pas contrôler ».
Si le Néo-Zélandais a dû faire une croix sur le général, Romain Grégoire s’en était lui encore rapproché grâce à une troisième place dans un sprint de quarante coureurs à l’arrivée. « Dans le final, il est allé faire une bonification puis il a aussi fait le sprint à l’arrivée, détaillait Jérôme. Il était impressionnant, il était partout ». Et il était donc quatrième du classement, à quatorze secondes du leader, avant le dernier acte dimanche. « L’important sur les premiers jours était de ne pas se faire piéger et de rester dans le match pour le général, avant cette cinquième étape en guise de juge de paix, avec près de 4000 mètres de dénivelé positif en 130 bornes », expliquait le Bisontin. Dans une journée « montagnes russes » vers Allevard-les-Bains, Reuben Thompson a d’abord pris les devants au sein de l’échappée. « On avait donné carte blanche à Reuben pour aller jouer l’étape », signifiait Jérôme. Le Kiwi a fait toute la course en tête, mais a été contraint de laisser filer Sebastian Berwick dans l’avant-dernière des sept ascensions du jour. « Berwick vient même de la WorldTour d’Israel, reprenait Jérôme. C’est un coureur confirmé qui a déjà fait des résultats. Je pense que dans un bon jour, Reuben aurait pu l’accompagner, mais ça s’est fait à la pédale et il n’y a rien à dire. Derrière, Romain a fait la descente et ils se sont retrouvés à cinq en contre. Reuben a pu servir un peu de relais, mais Romain a voulu accélérer tout de suite pour ne pas que ça rentre de l’arrière ».
« J’ai été acteur de ma course, je n’ai rien à regretter », Romain Grégoire
Dans l’ultime ascension de l’étape et de l’épreuve, la côte de la Chapelle Saint-Christophe, le puncheur bisontin a tenté de faire le forcing et s’est débarrassé de tous ses rivaux à l’exception du Suisse Yannis Voisard. Ce dernier l’a même décramponné à l’approche du sommet. « Peut-être que Romain a été trop généreux à ce moment de la course, disait Jérôme, mais il avait envie de bien faire. C’est le dynamiteur de cette course. Il n’a toutefois pas explosé, il a bien géré et a basculé à vingt secondes de Voisard. Je me suis dit qu’il pouvait rentrer dans la descente, mais elle était tellement scabreuse que tout le monde descendait plus ou moins à la même vitesse ». Dans un final à couteaux tirés entre les trois premiers coureurs, Berwick est parvenu à conserver une petite avance pour remporter l’étape, alors que Romain Grégoire a obtenu la troisième place du jour, seize secondes seulement derrière Voisard. C’étaient néanmoins cinq secondes de trop dans la lutte pour le général face au coureur helvète. « On pouvait lire sa frustration sur son visage, ajoutait Jérôme. C’est un gagneur, mais il n’a pas grand-chose à se reprocher. On peut avoir des regrets du fait qu’il n’y ait que cinq secondes au bout du compte, mais quand on regarde le déroulé des cinq jours, il a vraiment tout fait. Il ne faut pas oublier qu’il a 19 ans. C’est un guerrier, un coursier, il est mentalement très fort et il est guidé par cette constante envie de victoire ». « J’ai été dans le match toute la semaine, j’ai été acteur de ma course tous les jours, complétait Romain. Sur ce point-là, je suis vraiment satisfait. C’est forcément rageant d’échouer à cinq secondes, mais j’ai tenté, je n’ai rien à regretter. Je pense que j’ai été battu par plus fort. J’attendais cette course pour me jauger sur des courses de montagne et par étapes. C’est plutôt satisfaisant et de bon augure pour la suite ».
Romain Grégoire est par ailleurs reparti avec le maillot blanc de meilleur jeune, tandis que Finlay Pickering a complété la belle semaine de l’équipe avec une solide douzième place au classement général. « Tout le monde a été présent, se félicitait Jérôme, mais on sait qu’il y a encore une marge de progression, et c’est ce qui est très encourageant ».
Aucun commentaire