Ce jeudi, Reuben Thompson a signé son tout premier podium dans l’élite. Malheureusement pour lui, cela s’est produit à l’issue d’une quatrième étape très perturbée sur le Tour du Pays Basque. Présent dans l’échappée du jour, le Néo-Zélandais a pu batailler pour la victoire tandis que le peloton rejoignait la ligne de manière neutralisée à la suite d’une grosse chute ayant impliqué les principaux favoris de l’épreuve. Romain Grégoire est désormais dixième du classement général.
Comme la veille en direction d’Altsasu, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ avait pris le parti de tenter l’aventure à l’avant ce jeudi, sur un profil très escarpé vers Legutio. Comme la veille, Reuben Thompson s’est mêlé à la bagarre de bonne heure, et il a cette fois-ci été récompensé en s’enfuyant avec cinq hommes, en l’occurrence Louis Meintjes, Mathieu Burgaudeau, Mikel Retegi, Joseba Lopez et Karel Vacek. « On en avait parlé ce matin, confiait Benoît Vaugrenard. On s’était dit qu’il valait mieux d’avoir un coureur devant, car on ne sait jamais ce qui peut se passer derrière. On s’était dit que ça pouvait aussi nous servir dans le final, que ce soit pour Romain ou quelqu’un d’autre ». Les six hommes ont ainsi pu prendre le large et obtenir jusqu’à six minutes d’avance à l’issue de la première heure de course. À la mi-parcours, un coup de force du peloton dans une portion exposée au vent a toutefois réduit leur avantage à moins de trois minutes. Un peu plus loin, les échappés ont finalement passé la première des trois difficultés du final (Reuben Thompson en tête, ndlr), avec une avance inchangée, mais avec encore quarante kilomètres à parcourir. Soit quelques minutes seulement avant que le fait majeur du jour ne se produise.
« Je n’ai jamais rien vécu de tel », Reuben Thompson
À 35 bornes de l’arrivée, une violente chute en descente a impliqué de nombreux coureurs, dont Primoz Roglic, Jonas Vingegaard ou Remco Evenepoel, tous contraints à l’abandon. Après un moment de flottement, la course a été neutralisée et les coureurs arrêtés. « On a malheureusement déjà vécu ça sur certaines courses, expliquait Benoît. Il fallait dès lors juste attendre des nouvelles. On savait en revanche que ce serait compliqué pour le peloton de repartir car il n’y avait plus d’ambulances pour assurer la sécurité des coureurs ». Après une quarantaine de minutes de pause, l’organisation a finalement décidé de faire repartir les six échappés, mais de neutraliser la course du peloton jusqu’au bout, tout en gelant les temps pour le général. « La décision m’a surpris sur le coup, confessait Benoît. Quand ils l’ont annoncée sur RadioTour, j’ai demandé à mon collègue s’il avait entendu la même chose que moi. Ils ont décidé de laisser la chance aux échappés. Tant mieux pour eux. Ils étaient devant, ils ont fait la course ». Un départ a ainsi été redonné pour les six hommes de tête, dont Reuben Thompson, avant le pied de la dernière bosse, et avec une victoire en jeu. « En début de la journée, je me suis demandé si je devais attendre le peloton car je pensais qu’on n’avait aucune chance, disait le Kiwi. L’écart a grimpé, baissé, grimpé de nouveau. C’était une journée de montagnes russes. C’était fou et étrange, je n’ai jamais rien vécu de tel ».
Côté course, le jeune homme de 23 ans n’a toutefois pu rivaliser avec Louis Meintjes dans l’ultime bosse, à moins de dix bornes de la ligne. « Après une longue pause comme celle-là, j’avais les jambes coupées, disait-il. Je ne suis pas habitué à ça. J’ai eu du mal dans la montée, mais j’ai continué jusqu’au bout. C’était vraiment sympa d’être à la bataille pour la victoire de nouveau, même s’il y a un gros astérisque à côté du résultat ». « Meintjes était vraiment une jambe au-dessus, ça s’est vu assez rapidement, complétait Benoît. On n’a pas de regrets, on a été battus par plus fort ». Reuben Thompson s’est toutefois assuré la seconde place dans un sprint à deux avec Karel Vacek. « C’est un podium un peu particulier, mais l’avantage a aujourd’hui été donné aux attaquants, ajoutait le directeur sportif du groupe. Chacun a son lot de malchance, on l’a pour une fois évité. On souhaite bon rétablissement aux coureurs impliqués ». Conséquence directe de cet accident majeur, Romain Grégoire est entré dans le top-10 du général ce jeudi. La course devrait quant à elle reprendre ses droits demain. « Il y a une bosse de trois kilomètres sur le circuit final, à faire deux fois, concluait Benoît. Une échappée très bien constituée peut aller au bout, et il faudra faire un état des lieux des équipes de leaders. À nous de voir ce qu’il est possible de faire. On est motivés. Pour le général, tout se jouera samedi ».
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