Le champion de Lituanie a surpris son monde sur le Giro ce samedi, à commencer par lui-même. À l’occasion d’une quatorzième étape courte mais très escarpée autour de Turin et de sa fameuse Basilique de Superga, le rouleur de 36 ans s’est d’abord signalé en début de course en intégrant la brève échappée du jour. Il a ensuite impressionné en s’accrochant un temps dans la roue des favoris de l’épreuve avant de terminer juste en dehors du top-20 (22e) dans une course endiablée dominée par les grimpeurs du peloton.
« J’étais super bien, et je ne sais pas pourquoi », Ignatas Konovalovas
Sur le papier, la quatorzième étape du Tour d’Italie 2022 ne comportait certes « que » 3000 mètres de dénivelé, mais ceux-ci étaient concentrés sur une petite centaine de kilomètres à travers un parcours sinueux et sans répit autour de Turin. Le profil du jour attirait également beaucoup les audacieux, qui voyaient là une opportunité en or de se jouer la victoire. De fait, la bagarre a été âpre pendant une trentaine de kilomètres avant que ne se présente la première difficulté du jour. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ est alors apparue aux avant-postes. « On savait que ça allait être une étape rapide, introduisait Benoît Vaugrenard. On voulait mettre Attila devant, il était motivé pour l’étape. Il a essayé, mais c’est finalement Kono qui a flairé le bon coup, et qui marchait très bien aujourd’hui ». Alors que ses collègues du train formaient d’ores et déjà le gruppetto, le vétéran lituanien se distinguait lui devant le peloton. « J’étais super bien aujourd’hui, et je ne sais pas pourquoi », lançait-il le soir venu, avant de tenter une justification : « Ça doit être le vin et la pizza d’hier soir ! Il n’était pas prévu que j’aille dans l’échappée, mais la bagarre a été longue et dans la première bosse répertoriée, j’ai commencé à remonter. J’ai voulu prendre Attila dans ma roue, puis je l’ai perdu de vue et je me suis retrouvé devant. Les équipes de favoris contrôlaient mais je me suis dit : pourquoi pas ? Ce n’était même pas une attaque, j’ai simplement accéléré, et on s’est alors retrouvés à douze coureurs devant ».
« Kono » a ainsi passé le sommet en deuxième position, derrière le porteur du maillot bleu de meilleur grimpeur, avant d’insister dans la descente pour créer le « bon » coup du jour. « On pensait que 10-15 mecs pouvaient sortir et se jouer la victoire, ajoutait Benoît. On croyait avoir fait le plus dur quand l’écart a passé les 2’30. Mais finalement, la Bora-hansgrohe a relancé la course derrière, et à partir de là, il y en a eu de partout. Le circuit était propice pour une grosse offensive, et ils l’ont bien exploité ». Après une trentaine de kilomètres en tête de course, le représentant de la Groupama-FDJ a donc vu un petit groupe de favoris opérer la jonction. Juste avant la première ascension des deux ascensions de Superga (5 km à 8%). « Le peloton a roulé et c’est dommage, disait-il. Je ne sais pas jusqu’où j’aurais pu aller mais j’avais vraiment de bonnes jambes ». Preuve en est, il a été le dernier coureur de l’échappée initiale à décrocher du groupe maillot rose, à environ deux kilomètres du sommet de Superga. Il a alors maintenu son effort aux échelons suivants pour finalement franchir la ligne une soixantaine de kilomètres plus tard à la vingt-deuxième position. « Après avoir été distancé du groupe maillot rose, je suis resté avec Guillaume Martin pour aller encore plus loin, racontait-il. Ensuite, c’est Alejandro Valverde qui est revenu, et là encore j’ai pris la roue pour aller au plus proche de l’arrivée. Ce n’est que dans les quinze dernières bornes que j’y suis allé tranquille, car faire 18e ou 40e, ça ne change pas grand-chose pour moi ».
« Du très grand Kono », Benoît Vaugrenard
Dans une étape qui a créé d’énormes différences, et vu Juan Pedro Lopez céder son maillot rose pour plus de quatre minutes, Ignatas Konovalovas a lui plutôt passé une belle journée. « C’est une satisfaction d’être devant, confiait-il. Ceci étant, je sais que je peux grimper quand tout va bien et que je ne suis pas fatigué. D’habitude, j’ai simplement du mal à me mettre dans le rouge pour aller faire 30e au lieu de 70e si je n’ai pas un leader pour le général ». Au classement, justement, il a grimpé de vingt-deux places ce samedi. « J’ai quand même fait le trou sur mes copains ! », lâchait-il dans un sourire. « Kono a fait une très belle course, saluait plus sérieusement Benoît Vaugrenard. Malgré son âge, il va encore bien sur des étapes hyper intensives comme aujourd’hui. C’était du très grand Kono. Il s’est fait plaisir. C’était évidemment dur, mais c’est toujours plus facile quand tu te fais mal devant plutôt que derrière. Aujourd’hui, tout le monde a galéré. C’était une étape de haute intensité, sans doute l’une des plus dures du Giro ». Arnaud Démare, paré de son maillot cyclamen, a lui rallié l’arrivée environ 40 minutes après le vainqueur Simon Yates en compagnie de ses coéquipiers. « On s’est rapidement retrouvés dans le gruppetto, et ce pour 100 bornes, a-t-il glissé. On avait de la marge pour les délais aujourd’hui, mais c’était malgré tout vraiment dur ». Dimanche, une grande étape de montagne cumulant 4000 mètres de dénivelé positif attend les coureurs vers Cogne.
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