Sur un tracé cent kilomètres plus court que celui de leurs aînés (167 kilomètres), les coureurs Espoirs avaient en revanche pas moins de vingt-sept secteurs pavés à affronter dimanche, soit simplement trois de moins que les pros. La période de transition au départ n’était donc que d’une trentaine de kilomètres avant de rencontrer les premières routes cabossées. « Le pavé était un peu plus humide que pour la course pro et cela a donné lieu à pas mal de chutes », amorçait Jérôme Gannat. Avant même les pavés, toutefois, Baptiste Grégoire a été victime de l’une d’entre elles, et a consécutivement dû changer de vélo et de chaussures. « Il a chassé pendant un moment pour revenir mais n’a jamais pu réintégrer le peloton, disait Jérôme. C’est devenu quasi impossible avec la succession des secteurs ». Aux alentours de la mi-course, les déboires ont continué d’affluer. « Eliott a subi une petite chute à l’entrée du secteur d’Hornaing à Wandignies, puis Reef a crevé, et au bout du secteur, Eliott nous attendait pour changer de vélo, racontait Jérôme. Ils se sont retrouvés à plus d’une minute et ont chassé dans un petit groupe d’une quinzaine de coureurs, qui a réintégré le peloton juste avant Mons-en-Pévèle ». « J’étais tout le temps bien placé mais je suis tombé deux fois, disait Eliott. J’ai mis pas mal de jus pour revenir, mais à chaque fois, je remontais tout le monde dans les secteurs pavés. Je me sentais super bien, même si j’ai dit à Jérôme que le final allait être compliqué avec tous les efforts consentis ».

Et pourtant. Dans le secteur décisif de Mons-en-Pévèle, le jeune homme de 18 ans a répondu présent lorsque le peloton a explosé pour de bon. « Le pavé était bien mouillé et il y avait de la boue, reprenait Jérôme. Il y a eu une chute et le peloton s’est cassé en deux. Eliott et Lewis étaient dans le premier groupe, Maxime et Reef dans le second ». Six coureurs se sont ensuite détachés sur la fin du secteur, tandis qu’Eliott Boulet a intégré un groupe de chasse de sept coureurs. « Il y a eu jonction avant Cysoing, puis c’est le Carrefour de l’Arbre qui a fait une grosse sélection, notamment avec des chutes, poursuivait Jérôme. Ils se sont retrouvés quasiment un par un ». « Ça a pété au fur et à mesure et j’étais encore là, mais plus ça avançait, plus je sentais que je coinçais à cause des efforts fournis avant, disait Eliott. Mais je me suis accroché, et je n’ai rien lâché jusqu’à la fin ». Deux coureurs de la formation Lidl-Trek Future Racing ont finalement fait course en tête dans les quinze derniers kilomètres, alors que le Français a accroché un groupe bataillant pour la quatrième place.Dans le sprint final sur le vélodrome, Eliott Boulet s’est alors flanqué d’une très belle septième position. « Je ne savais même pas pour quelle place j’arrivais, disait-il. Je suis quand même content, c’est un bon résultat en tant qu’Espoir première année, mais le top 5 aurait peut-être été possible sans toute cette malchance. Dans une course d’un tel niveau, le moindre petit grain de sable peut tout gâcher. Les favoris ont mis leur cartouche où il le fallait alors que j’ai mis les 3/4 de mes forces avant même l’explication finale ».« C’est un joli top 10, d’autant qu’il n’a pas été épargné, assurait Jérôme. Quand tu te retrouves loin du peloton, tu peux parfois perdre espoir. Il a d’ailleurs chassé pendant vingt-cinq kilomètres mais il est toujours resté concentré et il n’a pas renoncé. C’est ce qu’on avait dit au briefing. C’est une course où tout reste possible malgré les problèmes. La performance d’ensemble est également satisfaisante avec trois coureurs dans le top 20. La petite surprise, c’est Maxime qui est resté concentré jusqu’au bout pour finir treizième sur un terrain qui n’est pas vraiment le sien. Lewis était encore présent et a fini dix-neuvième. C’est très positif. D’ailleurs, tout le monde a fini, même Baptiste, bien que hors délai. C’est une bonne chose car c’était une course vraiment difficile ».