‘’Y’a plus qu’à aller à Lourdes…’’ Par cette phrase lâchée contre le bus de son équipe, Martial Gayant se faisait le porte-parole de toute la FDJ, accablée par la malchance dans les Flandres comme elle l’avait été il y a deux semaines dans Milan-San Remo. Arnaud Démare, 23e et réglant le sprint du peloton des battus, ne cachait pas sa peine quand Marc Madiot narrait chronologiquement une journée invraisemblable.
« Les ennuis ont commencé avant la mi-course quand on a fait en sorte de ne pas gêner Jimmy Engoulvent (Europcar) qui reprenait sa place dans le peloton. En s’écartant, la roue avant droite de la voiture a pris un trou et on a été victime d’une crevaison. Avec Fred Guesdon, on est sorti vite pour changer la roue mais c’était une voiture neuve et il n’y avait pas la clé pour desserrer les boulons. Finalement, on a été dépannés par un gars de l’équipe Lotto-Soudal. On change la roue, on revient dans le peloton grâce à un motard de la police belge qui nous a faits rentrer à 150 km/h. Au moment où on reprend la course, on est appelé pour dépanner Sebastien Chavanel. Arrivés juste derrière lui, on a été percuté par une voiture de dépannage neutre. Dans une course comme les Flandres, ça peut arriver mais heureusement nous avions notre ceinture de sécurité. Il nous a fait faire un bond de vingt mètres et nous avons percutés Seb qui a fait un soleil. Dieu merci, il n’est pas blessé. »
Sébastien, se plaignant de la cuisse, passera des examens lundi.
Tandis que Marc et Frédéric reprenaient leurs esprits, la course continuait et ils ont encore dû faire un rallye pour recoller au peloton.
« Nous sommes revenus au pied du Koppenberg et nous nous sommes dit qu’enfin, on allait pouvoir se consacrer à la course, poursuit Marc. Il y avait encore 5 coureurs de l’équipe mais Matthieu Ladagnous est tombé dans un virage. Puis Arnaud a crevé, William Bonnet s’est sacrifié et nous n’avons plus revu la tête de la course. Le Trèfle avait trois feuilles aujourd’hui, pas quatre… »
Quelques minutes après avoir franchi la ligne d’arrivée, Arnaud Démare n’a rien caché de son abattement.
« J’ai envie de chialer, dit-il en descendant de vélo, mais je vais aller le faire dans le bus… J’avais de bonnes jambes aujourd’hui, dit-il, j’avais encore William Bonnet et Yoann Offredo pour m’aider quand il y a eu cette crevaison qui gâche tout. Au moment où la course entrait dans sa phase décisive. « Je change ensuite deux fois de vélo, et ce sont autant d’attaques que je n’ai pas la possibilité de suivre alors que j’aurais pu être à l’avant. Je suis triste parce que cette course, on l’attend depuis longtemps, on s’entraîne pour ça, on y pense et puis voilà… J’ai le moral dans les chaussettes ce soir et je ne vais pas boire une bière pour oublier ça parce que je n’aime pas ça. Je sais bien qu’il y a Paris-Roubaix dimanche, mais je n’y pense pas. Pas maintenant… »
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