Valentin Madouas se remet en jambes, Matthieu Ladagnous fait ses adieux

L’ultime semaine de course de la saison s’est ouverte ce lundi, au moment même où les dix-huit ans de professionnalisme de Matthieu Ladagnous étaient sur le point de s’achever. À l’occasion de la Coppa Bernocchi, le Palois de 38 ans a accroché son dernier dossard et fait ses adieux au peloton, non sans une certaine émotion. Côté course, Valentin Madouas a fait son retour une semaine après le Tour de Luxembourg, et a manqué de peu le bon wagon à trente kilomètres du but avant de terminer dans un groupe de poursuivants (26^e). La séquence italienne se poursuit mardi avec les Trois Vallées Varésines.

Au surlendemain du Tour d’Émilie, et à la veille des Trois Vallées Varésines se profilait ce lundi la Coppa Bernocchi. Une épreuve de 186 kilomètres dessinée au nord-ouest de Milan et dont le parcours était inchangé par rapport à la dernière édition. Quarante kilomètres « en ligne » étaient d’abord au programme avant sept tours de circuit autour de la difficulté majeure de la journée, le Piccolo Stelvio (1,5 km à 6,5%). À la suite de la dernière montée, il restait enfin trente-cinq kilomètres de faux-plat descendant pour rejoindre la ligne d’arrivée à Legnano. « On savait que c’était la Classique de cette semaine italienne qui nous convenait le moins sur le papier, indiquait Sébastien Joly. En revanche, au vu de la startlist, on se doutait que Jumbo-Visma allait durcir pour Van Aert ». Le peloton a d’abord laissé se constituer une échappée de sept hommes incluant notamment Sylvain Moniquet, Larry Warbasse ou encore Floris de Tier, et lui a permis de prendre jusqu’à six minutes d’avance. Néanmoins, à peine le circuit abordé, le tempo s’est durci et l’écart n’a dès lors cessé de se réduire. Après quatre des sept ascensions de Piccolo Stelvio, le paquet ne pointait déjà plus qu’à deux minutes des hommes de tête.

« C’est une bonne reprise », Valentin Madouas

Un trio de rescapés a finalement pu entamer le dernier tour avec une poignée de secondes d’avance, mais le peloton les a rapidement récupérés au gré d’un gros forcing. « On ne s’attendait pas forcément à un scénario aussi débridé, mais on a vite compris que ça roulait vite dans les premiers tours et que des différences allaient se faire », relatait Valentin Madouas. Cela n’a pas manqué. En entrant dans l’ultime ascension du jour, le peloton était déjà en file indienne, et après quelques hectomètres, l’élastique a lâché autour de la dixième position. « Quand Jumbo-Visma et Soudal-Quick Step ont mis les gaz dans la dernière bosse, ça a vraiment fait la différence », commentait Sébastien. « Il fallait essayer de se placer au mieux dans la roue des leaders, et j’étais peut-être 4-5 places trop loin, enchaînait le champion de France. C’est sûrement ce qui me manque pour basculer devant ». Piégé par les cassures, le champion de France a bien tenté de « faire le jump », mais le rythme en tête est resté extrêmement élevé, empêchant tout retour de l’arrière. Neuf coureurs se sont ainsi dégagés au sommet, et le groupe de poursuite composé d’une quinzaine d’unités a eu beau se rapprocher à dix secondes, il n’est jamais parvenu à opérer la jonction.

Dans les vingt dernières bornes, l’écart n’a cessé de s’accentuer, et Wout Van Aert a finalement réglé le premier échelon de course. À la lutte pour la dixième place en poursuite, Valentin Madouas n’a pas pris part au sprint en contre (26^e). « Il est l’un des derniers à ne pas pouvoir rentrer, assurait Sébastien. C’est un peu dommage parce que je pense qu’une fois devant, il aurait eu la patte pour faire un bon résultat, mais on ne peut pas refaire la course ». « Il fallait courir juste et avoir un peu de chance pour jouer la victoire, mais je suis assez satisfait, disait le Breton. Ça s’est plutôt bien passé après ma semaine au Luxembourg qui était compliquée. Je voulais un peu me remettre dans le droit chemin ici. C’est une bonne reprise pour la suite des Classiques italiennes et je pense qu’on va monter en pression en vue du Tour de Lombardie». Thibaut Pinot, Quentin Pacher, Lars van den Berg, Reuben Thompson et Lorenzo Germani ont pour leur part terminé dans le peloton principal ce lundi. « L’idée est de faire un bon bloc de préparation en vue du Tour du Lombardie et ça nous amène aussi dans de bonnes conditions pour les Trois Vallées Varésines demain, complétait Sébastien. On aura une équipe vraiment solide autour de Thibaut, Romain, Lenny, Valentin, Quentin mais aussi Rudy qui reprendra, et Reuben. Ce sera une bonne répétition générale avant le Lombardie ».

« Ils ne m’ont pas fait de cadeaux », Matthieu Ladagnous

Mardi, autour de Varèse, la Groupama-FDJ disposera par ailleurs d’un supporter de choix en la personne de Matthieu Ladagnous, qui a ce lundi mis un terme à sa remarquable carrière. « J’étais content de prendre le départ de cette dernière course, mais ça a été super difficile, ça a roulé très vite et ils ne m’ont pas fait de cadeaux, souriait le désormais retraité. Je suis très content d’en terminer, je tire un trait avec le sourire. Il y avait évidemment un peu d’émotions au départ, mais tout s’est très vite enchaîné, et quand tu as mal à la gueule sur le vélo, tu n’as pas le temps de penser à tout. Je me suis juste dit que c’était peut-être la dernière fois que je me faisais mal. Je pense qu’il y aura davantage d’émotion dans quelques temps, car pour l’heure, j’ai l’impression que c’est plus une fin de saison qu’une fin de carrière ». « C’est toujours spécial, d’autant plus à titre personnel puisque je l’ai vu débarquer en 2006, confiait Sébastien Joly. On est arrivés ensemble dans l’équipe, et les années sont passées très vite. Dix-huit saisons chez les pros, c’est énorme, mais en plus au sein d’une même équipe, c’est assez exceptionnel. On a fait un appel en visio avec Marc qui tenait à le saluer. C’était un moment particulier car c’était aussi l’un des derniers cadres historiques. C’est aussi là qu’on se rend compte que l’équipe est à un vrai tournant ». La suite du programme pour le Palois ? « On va se retrouver avec les copains ce soir, se coucher tranquillement puis j’irai les voir courir demain », lâchait-il enfin dans un large sourire.