Et de trois. En l’espace de deux semaines, Valentin Madouas aura décroché davantage de victoires que lors de ses quatre premières années professionnelles. En pleine bourre, le Breton s’est ce samedi adjugé la cinquième et dernière étape du Tour Luxembourg dans les rues de la capitale du pays. Après un gros effort dans la dernière bosse du tracé, le puncheur tricolore a eu les ressources nécessaires pour régler un groupe de quatre hommes au sein duquel figurait également Kevin Geniets (4e). Cela n’a pas suffi pour rafler le général, mais il s’est néanmoins hissé sur la troisième place du podium, son acolyte luxembourgeois terminant lui cinquième. Une belle semaine, de bout en bout, et désormais dix-sept victoires au compteur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ en 2022.
« Pratiquement une course de côte », Frédéric Guesdon
Après une petite boucle de cinq jours dans le Grand-Duché, les coureurs avaient de nouveau rendez-vous dans la ville de Luxembourg ce samedi pour la conclusion de l’épreuve. Un final que la Groupama-FDJ connaissait particulièrement bien pour s’y être imposée par l’intermédiaire de David Gaudu la saison dernière. En embuscade au classement général avant ce dernier acte, les hommes de Frédéric Guesdon et Jussi Veikkanen ont d’abord été attentistes au départ de Mersch. « On n’avait pas spécialement envie d’aller dans l’échappée, expliquait le directeur sportif français. On voulait préserver nos forces pour le final. Un coup de quatre coureurs est sorti relativement vite avec un homme placé à un peu plus de deux minutes au général. On savait donc que l’équipe du leader n’allait pas trop laisser de champ. Ce n’était pas mal pour nous car ça pouvait les fatiguer, et c’est ce qu’on voulait pour qu’il y ait une course vraiment décousue ». En tête de course, Felix Gall (AG2R-Citroën), Sander Armée (Cofidis), Pierre Rolland (B&B Hotels-JTM) et Joel Nicolau (Caja Rural-Seguros RGA) ont animé les débats mais sans jamais jouir d’un avantage conséquent. À l’entrée dans les cinquante derniers kilomètres du jour, l’écart était même d’à peine deux minutes. Derrière, le peloton n’a lui pas relâché la pression à l’approche du circuit final et du dernier quart de course, bosselé. « Une fois l’échappée partie, on a couru groupés, on a patienté, et juste avant d’arriver sur le premier tour de circuit, on a envoyé Lars devant, racontait Frédéric. Malheureusement, il s’est retrouvé tout seul, ce n’était pas idéal. On voulait que la course se décante à l’entrée du circuit mais nous n’avons pas été imités ».
Lars van den Berg a dès lors navigué une quinzaine de secondes devant le peloton pendant quelques kilomètres avant de retrouver sa place parmi ses coéquipiers et d’imprimer un solide tempo. Néanmoins, la sélection n’a été que très relative sur le petit circuit de onze kilomètres autour de Luxembourg. « Finalement, la course s’est décantée sur le tard et ça a pratiquement été une course de côte, affirmait Frédéric. On aurait peut-être pu profiter un peu plus de notre supériorité numérique avec Kevin et Val si ça s’était durci un peu avant, mais ça n’a pas été le cas ». « Les gars étaient super et on a pu faire une belle course d’équipe, assurait Valentin. On voulait durcir dans le final, mais le circuit n’était pas assez compliqué et il y avait surtout un vent de face dans la deuxième montée qui bloquait un peu la course. On a donc préféré attendre et tout miser sur la victoire d’étape, en espérant faire une différence dans la dernière montée ». « On pouvait simplement espérer que le leader craque, ajoutait Frédéric. Il était en tout cas important que Valentin et Kevin soient vraiment placés au pied pour ne pas avoir un temps de retard. Il fallait vraiment qu’on soit dans le coup dès le pied de la bosse et qu’on tente le tout pour le tout. On savait qu’ils ne se seraient pas couchés dans ce genre d’ascension compte tenu de leur forme du moment ». Une soixantaine d’hommes sont alors partis à l’abordage du Pabeierbierg (700 m à 9%), et Valentin Madouas est sorti de sa réserve après quelques secondes. Le Breton a produit une longue accélération à laquelle seuls trois hommes ont pu répondre : son acolyte Kevin Geniets, Kevin Vauquelin et le maillot jaune Mattias Skjelmose. Au sommet, le quatuor a pu prendre quelques longueurs d’avance sur le reste de la concurrence, et le Breton a gardé les rênes jusqu’au dernier virage. « J’ai ensuite laissé un petit écart à 300 mètres de la ligne sur le maillot jaune, afin de faire un petit sprint décollé compte tenu du vent de face, commentait Valentin. Je suis arrivé avec un peu de vitesse, ce qui m’a permis de le doubler, et avec le vent de face, on est ensuite tous restés à notre place ».
« Il me manquait une victoire, alors en gagner trois d’un coup, c’est top ! », Valentin Madouas
En patron, et surtout en costaud, Valentin Madouas s’est ainsi imposé au sprint dans cette dernière étape, après l’avoir emporté en solitaire en ouverture. Sur la ligne, « ça s’est joué à un demi-vélo, ajoutait-il. C’est une victoire très serrée, mais ça fait toujours plaisir de pouvoir gagner, surtout dans un sprint en petit comité ». « C’était aussi en léger faux-plat, expliquait Frédéric. Au vu de la vitesse à laquelle ils avaient grimpé la bosse, le plus fort devait gagner. Kevin était super bien placé, il pensait pouvoir remonter avec le vent de face, mais les jambes lui ont dit non. En revanche, les jambes de Valentin n’ont pas faibli. Ça se tient à peu de choses, mais je pense que c’est vraiment le plus fort qui a gagné ». Là-même où s’était imposé son compère breton David Gaudu en 2021, Valentin Madouas a conquis son troisième succès de la saison et grappillé une place au classement général pour hériter du troisième rang. « Tous les coureurs de l’équipe ont fait un super boulot à leur manière, on a tenté le tout pour le tout avec Kevin, et c’est passé, reprenait-il. C’est super. Il me manquait une victoire, alors en gagner trois d’un coup, c’est top ! » Quatrième de l’étape du jour, le « régional » de l’épreuve Kevin Geniets a lui confirmé sa cinquième place finale. « On ne va pas se plaindre avec deux victoires ainsi qu’un podium et une cinquième finals, lançait Frédéric. On aurait bien aimé gagner le général également, car on est gourmands, mais ça reste une belle semaine. Valentin et Kevin se sont certainement mis en confiance avant les Mondiaux, mais les autres aussi. Lars, qui revient d’une année difficile, a super bien fini ce Tour de Luxembourg. Le petit Lorenzo a aussi fait un très bon Tour, Clément a fait du bon boulot, comme Tobias, même s’il a eu un peu plus de mal aujourd’hui. Ce groupe va repartir motivé pour faire une belle fin de saison ».
Comme Kevin Geniets, Valentin Madouas va désormais s’envoler vers l’Australie pour le rendez-vous au maillot arc-en-ciel. « Je suis dans de bonnes dispositions, concluait-il. On verra quelle sera la tactique, quel sera mon rôle, mais on donnera tout pour aller chercher un troisième maillot pour l’équipe de France. Personnellement, je me sens vraiment bien et j’espère pouvoir être présent dans le final de l’épreuve ».
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