Selon les dires mêmes du directeur de l’épreuve Christian Prudhomme, la première étape du Tour de France 2024 constituait sans doute l’entame la plus difficile dans l’histoire de la Grande Boucle. Et pour cause. De la cité phare de la Renaissance, Florence, jusqu’à la station balnéaire de Rimini, pas moins de 3600 mètres de dénivelé étaient à arpenter ce samedi pour le peloton, à travers sept côtes répertoriées, et sur plus de deux-cents kilomètres (206, ndlr). Le tout promettait ainsi une journée pénible, qui plus est compte tenu des valeurs thermométriques du jour. Pour autant, le paquet était prêt à mener la bataille dès 12h46, et Valentin Madouas a d’ailleurs été l’un des tout premiers à mettre le feu au poudre. Le Brestois a été imité par Quentin Pacher, mais c’est bien l’ancien champion de France qui est parvenu à trouver l’ouverture après une quinzaine de kilomètres de course. « Je voulais à tout prix être devant, confiait-il. C’est aussi le genre de journées où tu peux boire et t’arroser bien plus facilement quand tu es devant que quand tu es derrière ». « L’objectif était de prendre l’échappée aujourd’hui, confirmait Benoît Vaugrenard. Valentin était très motivé et on ne savait pas ce qui pouvait se passer derrière compte tenu de la chaleur notamment. Il fallait essayer ».

Le premier objectif du jour a donc été rempli, et Valentin Madouas a alors été accompagné par Matej Mohoric, Ion Izagirre, Clément Champoussin, Frank van den Broek, Sandy Dujardin et Mattéo Vercher, puis rejoint un peu plus loin par Jonas Abrahamsen et Ryan Gibbons. Ce n’est en revanche qu’à l’entame de la première bosse que le groupe de tête a réellement pu prendre le large, obtenant plus de cinq minutes d’avance sur le peloton. « J’espérais que ça aille au bout, je sentais que ça tournait bien, confiait Valentin. On a bien géré tout le début, puis on a mis un gros coup de vis et on a re-creusé assez facilement ». Toutefois, le peloton s’est aussi fortement agité dans la côte de Barbotto, à 75 kilomètres du but, et cela a eu une double conséquence. L’avantage de l’échappée s’est réduit de moitié, et David Gaudu a été mis en difficulté, comme une grande partie du peloton. « Il n’est tout simplement pas encore remis de son Covid, expliquait Benoît. Vu ses sensations des derniers jours, on savait que ça allait être compliqué. Il n’a pu s’entraîner comme il le voulait, et vu le niveau, la difficulté du parcours et la chaleur, on se doutait que ça allait être très difficile. Il était encore affaibli. Il aurait fallu une journée de plaine pour débuter, mais c’est la course ».

À l’issue de la montée très rapide de Barbotto, le paquet ne comptait plus qu’une cinquantaine d’hommes, sans aucun homme de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. « On s’attendait à mieux, forcément, disait Benoît. On espérait que Romain serait dans le premier groupe et ça n’a pas été le cas. C’est la déception de la journée ». Tous les espoirs ont donc reposé sur Valentin Madouas, qui poursuivait lui l’aventure au sein d’une échappée amincie. Dans la côte de San Leo, le Breton a vu le retour de Romain Bardet, sorti du peloton, et c’est un quatuor qui a entamé la côte de Montemaggio (4 km à 6,5), l’avant-dernière de la journée, avec une minute et trente secondes d’avance sur le peloton. Dans la roue de Bardet et Van den Broek, le coureur de la Groupama-FDJ a serré les dents jusqu’à la mi-ascension, mais a finalement été contraint de laisser filer le duo. « Il ne me manquait pas grand-chose, mais j’ai payé mes efforts précédents, confiait Valentin, en rapport à ses quelques sprints pour les points du classement de la montagne. Quand on fait des efforts comme ceux-là sous 35-40 degrés, on les paie. La chaleur m’a tué. J’ai dit à Romain que j’étais prêt à rouler avec eux si j’arrivais à basculer, mais je n’ai pas réussi ».

Dans l’ultime côte, le Brestois a également vu le retour du peloton, qu’il n’a pu accrocher dans les dernières pentes. En tête, le duo de la formation DSM-firmenich PostNL a résisté de justesse à un peloton d’une quarantaine d’unités, et Romain Bardet a raflé l’étape et le premier maillot jaune. Valentin Madouas est arrivé 1’41 plus tard. « Je pense que je suis à 100%, il va juste falloir bien récupérer, et ça ira mieux quand il fera moins chaud », souriait-il. David Gaudu a lui franchi la ligne plus tard. « On va prendre la course jour après jour, il lui faut déjà retrouver le rythme, avançait Benoît. Ensuite on verra ce qu’on peut faire. On espère qu’il va se refaire et avancer tout doucement dans ce Tour. Pour Valentin, c’est encourageant. Il faudra continuer sur cette voie, en étant offensifs, mais il faudra bien cibler les étapes ».

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