Dans d’autres circonstances, les 33,7 kilomètres séparant Monaco de Nice auraient pu offrir un véritable frisson. Cela n’a pas été le cas dimanche, Tadej Pogacar ayant mis son maillot jaune bien à l’abris au préalable, et il ne restait ainsi plus qu’à distribuer une ultime victoire d’étape. De par la présence de La Turbie (8,1 km à 5,7%) et d’un morceau du Col d’Èze (1,6 km à 8,8%) sur le tracé, avant une longue redescente vers la capitale du département des Alpes-Maritimes, il apparaissait clair que les grands favoris se disputeraient la gagne. Pendant un moment, c’est pourtant Lenny Martinez qui a occupé le siège de leader grâce à un solide temps de 48’24. Le jeune Français est resté plus d’une heure dans le « hot seat » puis a été battu de dix secondes par Harold Tejada. Aux alentours de 18 heures, Quentin Pacher et Romain Grégoire ont signé d’excellents chronos, en 48’58, et seuls les coureurs du général ont dès lors devancé les hommes de la Groupama-FDJ. Tadej Pogacar s’est imposé de manière impressionnante en 45’24, et Lenny Martinez a hérité de la onzième place du jour, soit son meilleur résultat sur la Grande Boucle. « Je suis vraiment satisfait de mon chrono, disait le jeune homme. J’ai enfin eu de bonnes sensations sur ce Tour, ça fait plaisir. Je l’ai fait à 105% et j’étais mort à l’arrivée. C’est une belle façon de terminer ». « C’était un chrono atypique, j’avais de bonnes sensations et je me suis fait plaisir », ajoutait Quentin, 14e.

Si Romain Grégoire (15e) s’est joint à ses deux compères pour réaliser un joli tir groupé dans ce dernier acte, c’est toutefois sans victoire d’étape au compteur que la Groupama-FDJ a conclu ce 111ème Tour de France. « Ils finissent bien le Tour, mais le Tour est fini, tranchait Benoît Vaugrenard. Il nous manque la victoire qu’on était venus chercher. L’implication et l’envie des coureurs étaient présentes, on a été acteurs, mais on a parfois vu qu’il nous manquait un peu de physique pour l’emporter. Sur certaines étapes, ça semblait vraiment accessible mais c’était aussi stratégique et il fallait un peu de réussite. Il y avait très peu d’étapes pour nous, il fallait bien les cibler. Il y a eu des bonnes choses et des moins bonnes. Je suis satisfait du groupe, qui a donné le maximum, mais je suis déçu car on vient pour gagner, pas juste pour être acteurs. Il y avait des possibilités, mais il fallait être le plus précis et le plus juste possible. C’est ce qui nous a manqué. On va apprendre de nos erreurs, analyser tout ça et retravailler pour l’an prochain ». Mais ce n’est donc pas faute d’avoir essayé. Pour preuve, sept des huit coureurs de la Groupama-FDJ ont au moins pris une échappée (5 pour Valentin Madouas, 4 pour Romain Grégoire, ndlr) et l’équipe s’est retrouvée à l’avant sur douze des dix-neuf étapes en ligne.

« Il y a forcément un peu de déception, mais il n’y a eu que cinq opportunités pour les baroudeurs, et il fallait être en forme et devant sur ces journées-là, disait Valentin Madouas. Ça fait partie du Tour, on sait que les opportunités sont peu nombreuses, mais c’est en continuant dans la même optique qu’on arrivera à gagner. C’est la première fois depuis plusieurs années qu’on était focalisés sur cet objectif de victoire d’étape, je pense qu’on a fait un bon Tour, mais à ce niveau, il faut aussi que les planètes soient alignées. On n’a pas réussi à mettre la balle au fond quand on en a eu l’opportunité. Il y a également de la frustration car je me sentais capable de gagner certaines journées, mais ce n’était jamais au bon endroit au bon moment. Je pense qu’on est dans le vrai, mais il y aura évidemment des choses à améliorer ». « Les sentiments sont assez mitigés, confirmait Romain. On avait un objectif, qui était la victoire d’étape. Nous sommes le 21 juillet à Nice et on ne l’a pas. Il y a nécessairement de la déception, même s’il y a du positif à tirer. Physiquement, j’étais là où j’espérais être et j’ai quand même réussi à être offensif à quelques reprises ». Le meilleur résultat demeura donc la troisième place de Quentin Pacher à Bologne, lors de la deuxième étape. « J’ai été échappé à de nombreuses reprises et j’ai été acteur de mon Tour, confiait l’intéressé. Collectivement, on voulait se rapprocher de la victoire, mais on n’a pas fait mieux que cette troisième place. Il faudra tirer des conclusions et revenir avec la même ambition, la même envie et un peu plus de force l’an prochain ».

David Gaudu, auteur de deux échappées et d’une belle étape sur les chemins « gravel » autour de Troyes, tirait lui aussi un bilan plutôt mitigé. « C’était un Tour de France compliqué, confiait-il. Physiquement, j’étais dans le dur tous les jours, mais j’ai toujours voulu tout donner et ne rien lâcher mentalement. J’ai eu quelques journées correctes, même bonnes comme dans le Tourmalet ou sur l’étape des chemins blancs, mais j’ai malheureusement à chaque fois subi le contre-coup derrière. Quoi qu’il en soit, ce Tour de France m’a servi pour travailler, et pour accumuler les jours de course, ce dont j’avais besoin après deux-trois ans sans trop courir. J’avais besoin de ce Tour de France pour la Vuelta, et j’aurai besoin de la Vuelta pour les prochaines années ». D’un point de vue collectif, le grimpeur breton ne pouvait que rejoindre ses compères sur l’analyse des trois semaines. « On a essayé tous les jours avec nos moyens et l’équipe n’a rien lâché, confiait-il. On a raté une seule échappée, celle de Troyes, mais sur le plan offensif, on n’a rien à se reprocher. J’espère qu’on reviendra plus fort ».

Aucun commentaire