Pour les purs grimpeurs, le menu de ce samedi ne pouvait être qu’alléchant : le Col du Tourmalet, la Hourquette d’Ancizan et le Pla d’Adet réunis sur une même étape pour un dénivelé positif avoisinant les 4000 mètres. Il y avait cependant un hic au départ de Pau. Soixante-dix kilomètres étaient en effet à avaler avant de se frotter aux premiers reliefs, ce qui arrangeait bien moins les poids plumes. « Ce n’était pas évident de prendre l’échappée au départ, car ça s’est fait sur le plat et il fallait mettre un de nos deux grimpeurs », confiait Benoît Vaugrenard. David Gaudu et Lenny Martinez, en l’occurrence, se sont manifestés dans la première heure de course, tout comme Quentin Pacher, Kevin Geniets, Clément Russo ou même Stefan Küng. Encore une fois omniprésente, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a été récompensée après environ cinquante kilomètres de course, quand David Gaudu est parvenu à se joindre à un groupe d’une quinzaine d’hommes derrière huit coureurs sortis plus tôt. « Je voulais absolument être devant aujourd’hui, mais quand il n’y a pas de bosse, c’est compliqué de savoir quand ça va sortir, indiquait David. Par conséquent, on laisse de l’essence un peu partout, et on est déjà bien cuit quand on arrive dans l’échappée. Ça fait partie du jeu, on fait avec, mais le plus dur aujourd’hui était sans doute de prendre l’échappée ».

Après plusieurs minutes de poursuite, le groupe de contre a rejoint celui de tête, et l’échappée comptait alors dans ses rangs plusieurs sprinteurs, tels que le maillot vert Biniam Girmay ou Jasper Philipsen, mais aussi Ben Healy, Kévin Vauquelin, Alexey Lutsenko ou bien Oier Lazkano. Ces hommes n’ont pas tardé à voir le pied du Tourmalet se présenter, mais le tout en étant tenus en laisse par le peloton. « David s’est bien débrouillé pour prendre l’échappée, mais encore une fois, UAE n’a pas voulu laisser l’étape », commentait simplement Benoît. « Ce n’est pas nous qui décidons si on va réussir à aller au bout, ajoutait David. UAE voulait probablement une autre victoire d’étape ». L’écart a bien atteint le cap trois minutes, mais n’a dès lors plus augmenté. En tête, David Gaudu s’est donc progressivement fixé d’autres objectifs. « J’ai tenté de passer premier au Tourmalet car ça aurait été un beau clin d’œil, disait-il, mais quand j’ai vu la cacahuète de Lazkano, je n’ai pas voulu griller une cartouche ». L’échappée s’est réduite de moitié dans le Tourmalet, puis les coureurs ont attaqué la Hourquette d’Ancizan au sortir d’une descente rapide. David Gaudu a cette fois passé le sommet en tête devant Lazkano. « C’est anecdotique car je pense que le maillot de meilleur grimpeur sera vraiment très dur à aller chercher, confiait-il. Ça risque d’être pour un coureur du général ».

Dans le même temps, le peloton s’est rapproché à environ une minute trente, qui était plus ou moins l’écart au moment d’entamer la montée finale du Pla d’Adet, à Saint-Lary-Soulan. D’une échappée déjà réduite à six, David Gaudu est sorti en compagnie de Ben Healy pour un baroud d’honneur. « On a tout donné jusqu’à la fin, disait-il. Ben Healy a attaqué, j’ai essayé de le contrer car je voulais monter fort et que j’avais encore une cartouche, mais il en avait plus que moi. Au final, ça s’est attaqué pour pas grand-chose. Ce n’était pas encore la bonne journée pour la victoire d’étape ». L’Irlandais a poussé l’aventure un peu plus loin que le Breton, qui a été avalé par le paquet à environ huit bornes du sommet. La bataille entre les favoris a donc de nouveau pris le dessus, et Tadej Pogacar s’est cette fois-ci imposé en solitaire, consolidant le maillot jaune. « Il faut réessayer, et on réessaiera demain, promettait Benoît. Pogacar a pris une petite option au général. Voudra-t-il enfoncer le clou demain ? On jouera l’étape de notre côté, et on verra ce qu’il se passe derrière. En tout cas, David va de mieux en mieux et il s’est fait plaisir aujourd’hui ». « J’ai pris beaucoup de plaisir et le public a vraiment été énorme, confirmait le Breton. On va maintenant tâcher de récupérer, car le départ s’annonce très difficile demain. Je risque d’avoir mal aux jambes mais il faudra passer outre pour être dans l’échappée ».

Dimanche, ce sont 5000 mètres de dénivelé qui seront au programme des coureurs, mais ils seront plus répartis que ce samedi. L’étape débutera avec l’ascension immédiate du Col de Peyresourde et se conclura 200 kilomètres plus loin avec celle du Plateau de Beille. Entre les deux, beaucoup de vallée et de sérieux cols.