Depuis le temps qu’il tournait autour, Lewis Askey avait de quoi exulter, ce jeudi après-midi, sur la ligne d’arrivée tracée à Lannemezan. À l’occasion de la deuxième étape de la Ronde de l’Isard, le jeune Britannique de la Conti Groupama-FDJ a enfin décroché cette victoire à laquelle il aspirait tant, qui plus est au terme d’un joli numéro de finisseur. À quelques mois de son passage au sein de la WorldTeam, Lewis Askey concrétise ainsi une série d’excellents résultats et se muera ces prochains jours en équipier pour ses collègues grimpeurs.
« J’ai passé ma soirée à imaginer en boucle cette attaque », Lewis Askey
Après sa défection du Tour de Bretagne, faute de coureurs disponibles, la « Conti » Groupama-FDJ avait repris la compétition par le bon bout dès mercredi en glissant Enzo Paleni dans la bonne échappée, lors de l’étape d’ouverture de la Ronde de l’Isard. Le jeune homme s’est alors accaparé d’une bonne cinquième place pour lancer l’épreuve occitane. Ce jeudi, on se dirigeait néanmoins vers un scénario plus classique. « On était parti pour une journée quand même relativement tranquille, avec 167 kilomètres, pas énormément de dénivelé et de belles routes, présentait Jérôme Gannat. Trois coureurs sont partis au bout de quinze kilomètres et l’équipe SEG Academy du leader a tranquillement contrôlé derrière. Ils ont pris trois minutes, mais aux environs de la mi-course, il y a eu une grosse accélération de la Jumbo-Visma Development. Tout s’est regroupé, une nouvelle course a commencé et il y a eu beaucoup de mouvements ». Quelques coureurs de premier plan ont tenté leur chance, Alexandre Balmer et Lewis Askey ont eux-mêmes accompagné quelques coups, à l’instar du stagiaire néo-zélandais de la Conti Jack Drage. Le bon mouvement s’est finalement constitué à cinquante kilomètres de la ligne avec Maxime Limousin (VC Pays de Loudéac), Luca van Boven (Lotto-Soudal DT), Alex Martin Gutierrez (Eolo-Kometa Cycling Team U23) et Johannes Staune-Mitter (Jumbo-Visma Development). « On voyait que SEG était en bout de piste, et l’échappée comptait presque deux minutes d’avance à vingt-cinq kilomètres de l’arrivée », notait Jérôme. Sous la bannière indiquant les dix derniers kilomètres, l’écart était même toujours supérieur à la minute. Ce n’est finalement que dans les trois derniers kilomètres que le quatuor a été revu.
« Il y avait une difficulté non répertoriée à quatre kilomètres de la ligne, détaillait Jérôme. C’est là que Lewis a attaqué. C’était prémédité, il nous avait dit le matin-même au briefing qu’il voulait faire ça. Il ne voulait pas attendre le sprint, même s’il ne lui convenait pas trop mal car c’en était un technique et pour costauds. On avait bien étudié le final et il nous avait pointé l’endroit où il voulait attaquer ». Parvenant à s’isoler immédiatement, le jeune Britannique s’en est alors allé convertir l’essai, et il retraçait un peu plus tard la chronologie de ce succès. « J’étais très agité hier soir, resituait-il. Je n’étais pas super content après l’étape d’hier et quand j’ai regardé le parcours du jour, je savais que c’était ma dernière chance de gagner sur cette épreuve. Dès hier soir, j’ai dit où je voulais attaquer, et je l’ai répété au briefing ce matin. J’ai passé toute ma soirée à imaginer en boucle cette attaque. J’ai demandé au briefing si je pouvais tenter au lieu d’attendre le sprint, et j’ai dit à Jérôme que si je devais gagner, je devais le faire avec la manière. C’est pourquoi j’ai décidé d’y aller à ce moment-là et ça s’est passé exactement comme je l’avais imaginé. Je voyais des coureurs souffrir dans la montée à deux kilomètres de l’arrivée et je me sentais encore très très bien, donc j’ai tout mis dans mon attaque. Je ne me suis pas retourné tout de suite, et quand je l’ai fait, j’ai vu que j’avais fait le trou. À partir de là, c’était un peu technique et j’ai pris tous les risques possibles dans les virages. Je suis heureusement resté sur le vélo et j’ai eu le temps de célébrer. C’est une victoire dont je vais me souvenir très longtemps. Pouvoir lever les bras avec le peloton qui sprinte derrière, c’est incroyable ».
« Lewis mérite cette victoire », Jérôme Gannat
Abonné aux places d’honneur depuis plusieurs semaines sur la route, l’Anglais de 20 ans a ainsi pu savourer son premier succès depuis les rangs juniors ce jeudi. « C’est un vrai soulagement de décrocher ce résultat, assurait-il. Cette victoire représente beaucoup pour moi car je voulais vraiment, vraiment accrocher une victoire avant de rejoindre le WorldTour. J’ai beaucoup emmené pour mes coéquipiers ces deux dernières années donc j’étais très heureux d’avoir ma chance ici. Il me restait très peu d’opportunités pour remplir mon objectif, et j’en étais conscient, mais je savais aussi que ma forme était sensationnelle. Je suis dans la forme de ma vie depuis les Mondiaux (5e), même si je n’ai pas pu conclure là-bas. Il n’empêche, je savais que si j’attaquais avec tout ce que j’avais aujourd’hui, peu serait capable de me suivre ». « C’est une victoire précieuse pour lui car cela fait un moment qu’il est placé et qu’il a de bonnes jambes, confirmait Jérôme Gannat. Il l’avait prouvé au championnat du monde et lors des courses précédentes. Or, même si tu marches et que tu enchaînes les places, rien ne vaut la victoire. Et il la voulait vraiment aujourd’hui. C’est sa première avec nous. C’est une victoire qui satisfait tout le monde, et c’est surtout une victoire qu’il mérite. On sait que c’est un coureur très talentueux. Il n’avait pas forcément les résultats à la hauteur de son talent, mais on n’a, et il n’a jamais douté de ses capacités ».À compter de janvier prochain, c’est donc l’équipe mère Groupama-FDJ qui profitera des talents du Britannique. En attendant, celui-ci se muera en équipier pour les trois étapes de montagne à venir sur la Ronde de l’Isard. « On verra comment ça se passe car les profils d’étapes sont assez différents, concluait Jérôme. Demain, il y a deux cols mais une longue descente vers Bagnères-de-Bigorre. Il y a surtout l’arrivée au sommet du Plateau de Beille samedi. Dimanche, les cols seront de nouveau assez loin de l’arrivée et concentrés en milieu de course. Ça devrait déjà écrémer pas mal demain et l’objectif est surtout de ne pas perdre de temps avec Reuben, quitte à laisser Alex en électron libre ».
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