Sept jours de course, six arrivées et quatre résultats de premier plan. À l’occasion du Tour de Bretagne, du mardi 25 avril au lundi 1er mai, « La Conti » Groupama-FDJ s’est joliment défendue, bien que présentant le plus jeune groupe du plateau. Ses sprinteurs anglophones Noah Hobbs (deux fois 3e, une fois 5e) et Lewis Bower (une fois 5e) ont pu faire parler leur pointe de vitesse, mais cette exigeante course d’une semaine a aussi constitué une expérience très bénéfique pour l’ensemble de l’équipe.
C’est à Plouescat que tout commençait pour le Tour de Bretagne 57ème du nom. En guise de mise en bouche, le peloton était attendu après 155 kilomètres et un circuit final à Saint-Pol-de-Léon, où les sprinteurs ont eu le dernier mot. Lewis Bower et Noah Hobbs ont participé à la fête d’entrée de jeu, et si l’Anglais est parvenu à se classer cinquième dans le dernier faux-plat montant, son collègue australien a malheureusement chuté à 100 mètres du but. « C’était un sprint assez compliqué, technique, mais on a déjà pu noter que Noah avait une belle pointe de vitesse, commentait Jérôme Gannat. Lewis était aussi en bonne condition physique, et sans cette chute, il aurait aussi pu faire une bonne performance ». Le lendemain, en revanche, le duo n’a pas eu l’occasion de s’exprimer à Melgven. « Il y avait une petite route à deux kilomètres de l’arrivée, et ils n’étaient pas super bien placés à ce moment-là, exposait Jérôme. Ensuite, c’était un peu trop tard du fait de l’approche rectiligne. En revanche, ils ont évité les nombreuses chutes qui se sont produites dans le final et c’était un point positif ». La troisième étape affichait elle 191 kilomètres au compteur, et quelques difficultés loin d’être anodines. « C’était plus accidenté avec Mûr-de-Bretagne et un circuit final un peu vallonné, précisait Jérôme. La pluie a rendu la course encore plus difficile. Dans l’approche de Mûr-de-Bretagne, il y a eu une grosse chute qui a mis pas mal de coureurs à terre, ce qui a influencé la course. S’est ensuite dégagé un groupe d’une vingtaine de coureurs, avec Brieuc. Lewis était présent dans un petit peloton qui est rentré, et compte tenu de la sélection opérée, c’était vraiment bien. Deux échappés se sont joués la victoire et Lewis est allé chercher la troisième place du sprint, la cinquième de l’étape. Cela montre ses belles capacités et c’était une belle surprise de le voir livrer un tel sprint après une journée si usante ».
« On a vu que la paire Lewis-Noah marchait bien », Jérôme Gannat
À l’occasion de la quatrième étape, légèrement plus courte (183 kilomètres, les coureurs avaient rendez-vous dans un lieu bien connu du cyclisme : Plumelec et sa côte de Cadoudal, à emprunter à six reprises. « C’était difficile mais ça n’a pas non plus fait une sélection extraordinaire, disait Jérôme. Dans l’avant-dernier passage de la côte de Cadoudal, vingt coureurs sont sortis et Brieuc était de nouveau là. Il était avec les meilleurs dès que ça montait, mais il a peut-être manqué d’opportunisme. Qui plus est, il a perdu sept secondes à cause d’une cassure dans le sprint le premier jour, ce qui a embêté son classement général. C’est dommage ». À l’issue de cette étape, Brieuc Rolland pointait au trentième rang du général, à 58 secondes de Simon Pellaud. Le lendemain, il semblait difficile de créer des écarts sur un parcours relativement plat vers Louisfert, bien qu’il y ait eu de la course. « Ça a bataillé pendant deux heures avant que ça ne sorte, puis sont partis trois coureurs, relatait Jérôme. Il était ensuite prévu qu’Eddy se montre. C’est ce qu’il a fait en rentrant sur l’échappée puis en réattaquant dans les derniers kilomètres. On attendait de lui qu’il sorte de ce rôle de roule-toujours et qu’il soit plus offensif, attaquant, et qu’il joue la gagne ». Le spécialiste du chrono a réalisé un joli numéro mais a finalement rendu les armes à cinq bornes de l’arrivée. Ses collègues finisseurs ont dès lors pris le relais. « Noah a bénéficié du super lancement de Lewis, pointait Jérôme. On a vu ce jour-là que la paire marchait bien. Ils étaient présents, ils se sont bien trouvés, ils frottent tous les deux très bien. Lewis a parfaitement rempli son rôle. Il y avait de l’engagement et c’est ce qu’il fallait faire. Noah manque peut-être encore un peu de puissance en raison de sa jeunesse mais être devant lui a permis d’être placé et faire son sprint ». À l’arrivée, le Britannique de 18 ans s’est flanqué de son premier podium de la saison, en accrochant la troisième place de l’emballage.
Le lendemain, un autre sprint était envisagé à Plancoët après quasiment 210 kilomètres de course (!). Les coureurs ne sont toutefois pas allés au terme de la sixième étape, annulée après une chute extra-massive à la mi-parcours. « La route n’était pas praticable pour des vélos sur une vingtaine de mètres, en raison d’une grosse traînée de boue, expliquait Jérôme. Il y a sans doute eu 80 voire 100 mecs à terre. Les 7-8 premiers sont passés, mais derrière eux, quasiment tout le monde est tombé. C’était un peu le chaos. Joshua a réussi à passer car il roulait pour réduire l’écart sur l’échappée. Eddy et Brieuc ont glissé et touché terre, Lewis et Noah sont eux tombés sur d’autres coureurs. Tous sans conséquences. Les organisateurs et les commissaires ont alors pris la décision d’annuler l’étape ». Le peloton a rejoint la ville d’arrivée sous forme de cortège et effectué un tour de circuit, mais aucun résultat n’a découlé de cette journée. Le Tour de Bretagne s’est alors conclu lundi entre Piré-Chancé et Châteaugiron. Brieuc Rolland a notamment accompagné une offensive dans l’avant-dernier tour, mais c’est encore un sprint qui a jugé du vainqueur. « Le circuit était technique, mais ça nous correspondait davantage qu’une grande ligne droite, ajoutait Jérôme. On voulait de nouveau bien faire au sprint, avec Lewis en lanceur pour Noah. Eddy a bien bossé pour aller chercher certains attaquants, mais Lewis a dû prendre le manche tôt pour boucher le trou sur le dernier échappé. Il s’est mué en équipier, et c’est un petit peu dommage, car l’avoir en lanceur aurait pu faire la différence. Il nous a manqué quelqu’un ».
« Si on revient l’an prochain avec le même groupe, je suis certain qu’on sera bien plus acteurs », Jérôme Gannat
« Cette dernière étape était particulièrement technique, surtout dans les trois derniers kilomètres, confirmait Noah Hobbs. Il était donc très important d’être à l’avant. L’équipe m’a bien très bien placé à chaque tour, et j’avais encore Eddy et Lewis devant moi dans le dernier. On a malheureusement manqué de main d’œuvre sur la fin car on a dû neutraliser les attaques. J’étais donc seul à un kilomètre de l’arrivée. J’ai essayé de me placer du mieux possible et j’étais quatrième à 500 mètres de l’arrivée. J’ai voulu prendre l’intérieur mais le lanceur d’Uno-X s’est relevé à l’intérieur. J’ai donc dû freiner et relancer sur l’extérieur. À partir de ce moment-là, j’étais trop loin pour remonter et gagner. Ceci étant, je pense qu’on peut se satisfaire de cette troisième place. Ce n’était pas un sprint parfait, ni un lancement parfait, mais c’est le maximum qu’on pouvait faire compte tenu de la situation ». C’est donc avec un deuxième podium que l’Anglais et « La Conti » ont achevé cette semaine de course en Bretagne, également agrémentée de deux top-5. « C’est un bilan satisfaisant, car c’est une équipe très jeune, avec des coureurs en phase d’apprentissage, rappelait Jérôme. Pendant six jours, on approchait davantage les 180 que les 160 kilomètres. C’est encourageant pour la suite qu’ils aient eu la capacité de sprinter au bout de 4h30, voire 5h de vélo, car ils sortent des Juniors. Cela montre qu’ils sont résistants. On partait avec l’objectif du top-10 au général et une victoire d’étape. On n’a pas ramené la victoire, mais avec deux podiums et deux top-5, on est quand même satisfaits de notre comportement dans les sprints. Concernant le général, Brieuc était présent quand c’était dur, mais sans prendre de bonifications ou réaliser d’écarts, il n’a pas pu remonter suffisamment ».
Le jeune Breton a finalement achevé son épreuve régionale au vingt-deuxième rang, à sept secondes du top-10 et douze du top-5… « Le Tour de Bretagne est l’une des seules courses d’une semaine avec le Baby Giro pour les jeunes, complétait enfin Jérôme. Le plateau était de qualité, avec toutes les équipes de développement et d’autres formations plus expérimentées. Les coureurs ont appris à courir sur sept jours, à gérer leurs efforts et à bien récupérer. Tous ont plutôt bien terminé, et certains ont même progressé tout au long de l’épreuve, ce qui est un point positif. Quand la course est vraiment décisive et difficile, on est encore légèrement en retrait, mais ça viendra. Si on revient l’an prochain avec le même groupe, je suis certain qu’on sera bien plus acteurs ». « La semaine de manière générale a été très différente de ce à quoi je suis habitué, concluait Noah. C’était ma première longue course par étapes. Avant, mon maximum était quatre jours, là c’était presque le double. Les étapes étaient aussi bien plus longues, et j’ai surtout appris à garder mon énergie pour le final. Quand on est sprinteur, il est important de rester à l’abri du vent autant que possible, car tout ce que tu dépenses au départ aura un impact sur la fin, même si tu ne le réalises pas. C’est probablement la plus grosse leçon que j’ai retenue de cette semaine. On a également réussi à mieux se trouver en tant qu’équipe dans le peloton et on a vraiment bien travaillé ensemble ». Prochain rendez-vous pour « La Conti » : Paris-Roubaix Espoirs, ce dimanche.
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