Après le repos, le calvaire. Ce mardi, les coureurs du Giro ont entamé la deuxième semaine de l’épreuve dans des conditions exécrables, qui ont eu d’ailleurs leur lot de conséquences. En direction de la Toscane et de Viareggio, les chutes et abandons ont émaillé une dixième étape extrêmement éprouvante. Pour autant, Thibaut Pinot a su maintenir sa position dans un peloton principal très réduit auprès de Bruno Armirail, alors que Magnus Cort s’est imposé au bout d’une échappée. Le grimpeur franc-comtois occupe désormais la seizième place du classement général.
« Les conditions météo à elles seules ont créé de la difficulté », Sébastien Joly
La météo aurait pu être plus clémente pour le retour aux affaires des coureurs, ce mardi, dans la dixième étape du Giro. Mais avant même le départ de Scandiano, pour une journée de 196 kilomètres et comprenant une montée progressive à 1500 mètres d’altitude dans la première partie de course, chacun s’attendait à une rude épreuve. « C’était un peu particulier dans la mesure où il y a eu des interrogations au moment du départ, expliquait même Sébastien Joly. Il y a eu des discussions avec l’organisation et le syndicat des coureurs. Un plan B avait même été imaginé, avec 70 kilomètres au programme et les bus qui suivraient la course. Mais c’était techniquement impossible ». Il a finalement été entériné que le peloton devait bel et bien parcourir la totalité du tracé, et le départ a donc été donné comme prévu peu après midi. « Personnellement, j’étais psychologiquement parti pour essayer de prendre l’échappée aujourd’hui, et j’étais donc prêt à faire l’étape complète, expliquait Bruno Armirail. Elle n’a pas été raccourcie mais j’étais préparé mentalement, et c’était donc un peu plus facile à supporter ». Cela étant, les 90 premiers kilomètres faits de petites montées/descentes jusqu’à atteindre le point culminant se sont avérés extrêmement éprouvants. Les coureurs ont enchainé les allers-retours aux voitures alors que les conditions demeuraient très pénibles. « Une fois qu’on est parti, la course s’est lancée et ça a clairement été une étape épique dans la mesure où les prévisions qui annonçaient la pluie, le froid et le fort vent au sommet, se sont avérées fiables, complétait Sébastien Joly. Les conditions météo à elles seules ont créé de la difficulté et beaucoup en ont énormément souffert ».
« Dans ces cas-là, il faut surtout bien se couvrir, indiquait Bruno. Ce n’est pas si simple, mais il faut gérer au mieux. Le staff nous avait préparé des vêtements et du thé chaud en haut des cols. J’étais frigorifié dans la descente bien que très couvert. Il était vraiment compliqué de rester au sec ». Outre les abandons en amont de l’étape, dont celui de Remco Evenepoel en raison du Covid-19 dimanche soir, et celui de Stefan Küng ce mardi matin, plusieurs coureurs ont quitté la route du Giro au cours de cette dixième étape. Une échappée de quatre hommes comprenant Magnus Cort (EF Education-EasyPost), Alessandro De Marchi (Jayco-AlUla), Davide Bais (Eolo-Kometa) et Derek Gee (Israel-Premier Tech) est quant à elle parvenu à se construire un solide avantage sur le peloton, contrôlé par les formations de sprinteurs malgré les difficultés. Puis, après le passage au sommet du Passo delle Radici, les coureurs ont entamé une longue descente détrempée d’une trentaine de kilomètres. Une autre épreuve à franchir. « Je suis resté dans la roue de Thibaut dans les descentes, et mon job était de boucher les trous s’il y avait des cassures », expliquait Bruno. De nombreuses chutes et scissions se sont effectivement produites dans la descente, mais au terme de celle-ci, Thibaut Pinot, Bruno Armirail et Rudy Molard sont parvenus à faire leur retour au sein d’un maigre peloton principal.
« Une journée très éprouvante physiquement », Sébastien Joly
À partir de cet instant, le bras de fer avec l’échappée a complètement repris ses droits et les représentants de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ ont tâché de garder les roues du groupe. « Ce qui nous a tous sauvés, c’est de rebasculer vers la côte, ajoutait Sébastien Joly. Plus on avançait vers l’arrivée, plus on regagnait de la douceur et quelques degrés. Ça a permis aux gars d’arriver sans être complètement tétanisés ». La bataille entre le peloton et les échappés a tourné à la faveur des hommes de tête, et Magnus Cort a obtenu la victoire un peu moins d’une minute avant le passage du petit peloton, où se trouvaient bien Thibaut Pinot et Bruno Armirail. « Les gars étaient bien entamés, mais contents d’en avoir terminé et d’avoir passé cette étape, concluait Sébastien Joly. C’était une journée très éprouvante physiquement ». « Dans ce genre de journée, après la ligne, on prend la veste et on file direct au bus pour se doucher et manger quatre bonbons qui nous offrent un peu de réconfort », ponctuait Bruno dans un sourire. Ce mardi, Thibaut Pinot s’est hissé au seizième rang du général, à 4’48 du nouveau maillot rose Geraint Thomas. Demain, c’est l’étape la plus longue du Giro 2023 qui succédera à cette journée dantesque, avec 219 kilomètres au menu vers Tortona.
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