C’est le rêve d’une vie pour toute l’équipe FDJ, c’est le triomphe d’un champion exceptionnel ! Arnaud Démare s’est imposé au sprint dans un monument, Milan-San Remo, au terme d’un final hallucinant. Victime d’une chute avant la Cipressa, le leader du Trèfle a profité du travail de tous ses équipiers pour remporter la plus belle victoire de sa carrière.
En franchissant la ligne d’arrivée les bras levés, sur la mythique Via Roma, devant Ben Swift (Team Sky) et Jurgen Roelandts (Lotto-Soudal), le sprinteur de l’équipe FDJ, âgé de 24 ans, a pris son visage dans ses mains. Témoignage sobre de son gigantesque bonheur avant de serrer la main de Swift, très fair play à l’occasion, avant de donner l’accolade à tous ses équipiers se jetant sur lui, Arthur Vichot, Ignas Konovalovas, Kevin Reza …
« Après la chute, dit Mickael Delage qui s’était retrouvé à terre, je montais le Poggio avec William Bonnet et des gens nous disaient ‘’Démare win, Démare win !’’ J’ai dit à William qu’il fallait attendre parce que ‘’Nono’’ était quand même tombé avant la Cipressa et que d’habitude c’est mort, c’est impossible de gagner. Et puis en haut du Poggio, des gens nous l’ont répété et pour nous c’était un moment incroyable… Quand même, il est très fort ! Lui, il gagne par séquences et voilà, après son étape de Paris-Nice, il frappe un coup énorme. Notre saison s’était bien lancée mais là… là elle change du tout au tout parce qu’Arnaud va avoir une confiance énorme.’’
Cette chute est survenue au moment où le peloton avait nettement accéléré derrière onze échappés matinaux qui se savaient condamnés. Les équipiers d’Arnaud Démare étaient bien regroupés, aux alentours de la trentième place quand une chute a impliqué sur la droite de la route une dizaine de coureurs, dont Arnaud, Mickael Delage et William Bonnet. A dix kilomètres de la Cipressa, derrière un peloton lancé à vive allure, on se disait que la malchance, décidément, s’échinait à contrarier Arnaud, lui qui était tombé un an plus tôt dans la Cipressa.
« C’est vrai, dit Frédéric Guesdon, je me suis dit que c’était foutu mais la présence de Matthews dans la chute a été très importante parce que l’équipe Orica-GreenEdge nous a bien aidés. William a fait le pied de la Cipressa avant de recevoir le renfort de Matthieu Ladagnous qui avait attendu. Matthews a un peu décliné dans la Cipressa mais nous n’avons rien lâché. Kono et Kevin Reza ont pris le relais pour gommer les cassures qu’il y avait, comme toujours, après la Cipressa. Et puis Arnaud a été replacé avant le Poggio mais là, moi, je ne sais pas ce qu’il s’est passé parce qu’on n’avait plus la télé. Radio Tour nous disait ‘’attaque de Kwiatkowski’’ puis ‘’contre de Nibali’’ et puis quelques minutes plus tard on entend ‘’victoire du 121’’. Et là, on se dit ‘’Merde, le 121 il est de chez nous ?’’ Puis, quelques secondes plus tard ‘’victoire de Démare’’ et là, on a explosé dans la voiture ! C’est beau parce que c’est une victoire énorme et parce que toute l’équipe a fabriqué ce succès. Là, je peux le dire, c’est la victoire de toute l’équipe FDJ ! »
Dans le Poggio, comme s’il ne s’était rien passé jusque-là, Arnaud n’a pas quitté les avant-postes, de même qu’Arthur Vichot qui avait été très bien soutenu par Anthony Roux, pour sa part victime d’une chute sans gravité dans la descente du Poggio. Arnaud s’est accroché en dépit des attaques portées par Gallopin (Lotto-Soudal) et Cancellara (Trek-Segafredo), en dépit d’une descente ultra-rapide. Sous la flamme rouge, il était dans le sillage de Bouhanni (Cofidis). A 400 mètres de la ligne Gaviria (Etixx-Quick Step) est tombé, gênant un peu Arnaud qui a lancé son sprint de loin, avec Bouhanni sur sa droite.
Ce dernier a été victime d’une saut de chaine mais le final d’Arnaud, seul au monde, laisse supposer que de toute façon il aurait gagné !
« C’est un jour de grâce, lance celui qui est donc le premier Français vainqueur de la Primavera depuis Laurent Jalabert en 1995, un peu comme le jour où je suis devenu champion du monde espoirs après une chute, déjà… Mes équipiers ont fait un super boulot, moi j’ai fait deux ascensions énormes de la Cipressa et du Poggio. Je viens de gagner Milan-San Remo ! »
« Je ne peux pas dire que je sentais la victoire aujourd’hui, poursuit Frédéric Guesdon, mais je sentais qu’Arnaud avait une très belle victoire à venir après un Het Nieuwsblad où il a manqué de réussite, après sa très belle victoire dans Paris-Nice. Oui, il a eu de problème à la jambe ensuite mais on lui a fait confiance… »
« C’est la plus belle classique à gagner, assure un Martial Gayant aux anges. Entre Milan-San Remo et le Tour des Flandres, il n’y a pas photo ! C’est la plus importante ! »
Dans le bus, avec de grands sourires, tous les équipiers ont attendu le retour d’Arnaud Démare qui a eu quelques formalités à remplir après sa victoire (podium, contrôle anti-dopage, conférence de presse). Puis tous sont partis à Nice où, forcément, ils allaient faire et refaire la course autour de la table.
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