Première opportunité, et premier succès pour Arnaud Démare et ses coéquipiers sur le Giro 2020. Si le champion de France ne s’est imposé que pour quelques millimètres ce mardi à Villafranco Tirrena, face à Peter Sagan et Davide Ballerini, il est quoiqu’il en soit parvenu à conclure, et ce après une belle démonstration collective de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ. Le sprinteur picard s’adjuge son deuxième succès d’étape sur le Giro, après celui obtenu en 2019, et accroche également son onzième bouquet de la saison.
« Kilian et Simon ont vraiment été impressionnants aujourd’hui », Sébastien Joly
Arnaud Démare avait certes souhaité se tester du côté d’Agrigente, lors du deuxième jour de course, mais son premier vrai rendez-vous sur le Giro était prévu pour ce mardi, au terme d’une courte étape de 140 kilomètres. Une étape propice aux sprinteurs, mais pas complètement non plus, ceci en raison d’une longue ascension programmée à mi-parcours. Malgré tout, c’est bien l’équipe du champion de France qui a pris les rênes du peloton après la formation d’une petite échappée de trois sommes comprenant Simon Pellaud (Androni-Sidermec), Kamil Gradek (CCC) ainsi que Marco Frapporti (Vini Zabù-KTM). Simon Guglielmi s’est ainsi chargé de maintenir le trio à moins de quatre minutes avant que ne se présente l’unique, mais réelle, difficulté du jour, après 50 kilomètres. « On savait que c’était une étape particulière en raison de ce très long col en plein milieu, commentait Sébastien Joly. Il était relativement roulant, mais il constituait une vraie spécificité. Nous avons fait rouler Kilian dès le pied avec un double objectif : ne pas donner trop de champ aux échappés mais ne pas trop se rapprocher non plus et donner des idées à d’autres équipes ».
Le grimpeur suisse a ainsi imprimé un tempo raisonnable pendant quelques minutes, avant que la Bora-hansgrohe de Peter Sagan ne vienne, de manière presque téléphonée, durcir à dix bornes du sommet. « Ils ont accéléré dans les portions un peu plus difficiles et ça a notamment fait craquer Gaviria puis Viviani », poursuivait Sébastien. La Groupama-FDJ, elle, conservait encore six hommes à la bascule. « J’avais vraiment de bonnes jambes et on a passé le col en bonne position, confiait d’ailleurs le champion de France. C’était dur mais j’étais là, et les gars aussi. On a vraiment une équipe solide ». « La plupart de nos gars ont tenu dans le peloton, ont bien géré puis ont fait une belle descente, reprenait Sébastien. Ils ont ensuite su se regrouper en bas puis surtout s’organiser dans le final pour faire craquer Gaviria. Nous avons assisté à un très gros travail de Kilian et de Simon, qui dispute son tout premier Grand Tour. Ils ont vraiment été impressionnants aujourd’hui ». Revenue aux manettes à environ vingt-cinq kilomètres du but, après avoir laissé faire la Bora-hansgrohe, la Groupama-FDJ a donc mis ses deux puncheurs-grimpeurs à l’ouvrage jusque dans les dix derniers kilomètres avant d’installer son train, pour l’occasion privé de Ramon Sinkeldam.
« On ne va pas mollir », Sébastien Joly
Ignatas Konovalovas, Miles Scotson et Jacopo Guarnieri se sont allés chargés de conduire Arnaud Démare dans le final. « C’était vraiment dangereux avec la route mouillée, commentait d’ailleurs l’Italien. Nous avons eu un peu peur. L’objectif est certes de gagner mais aussi de ne pas tomber, car la course est encore longue. Je crois malgré tout que le train, et l’équipe de manière générale, ont bien marché ». Après avoir remonté ses collègues à l’amorce du dernier kilomètre, Miles Scotson a ensuite pris un léger avantage au sortir de la dernière courbe du jour, située à 800 mètres de la ligne. « Ce n’était pas prémédité, mais ça a forcé les autres équipes à faire le travail et j’ai pu garder Jacopo pour les 400 derniers mètres », expliquait le champion de France, qui s’est par la suite livré, le long des barrières, à un sprint extrêmement serré face à Peter Sagan et Davide Ballerini sur sa droite. Tellement serré que le porteur du maillot bleu-blanc-rouge ne pensait pas l’avoir emporté. « En arrivant, j’ai l’impression de faire deuxième ou troisième, réagissait-il. En plus Ballerini se voit victorieux et célèbre avec son équipe. Ce n’est qu’après qu’on m’annonce vainqueur. Mais tant que je n’étais pas monté sur le podium, je me disais que ce n’était pas possible ! J’ai eu la chance avec moi aujourd’hui, et c’est vraiment extraordinaire. Je m’entraîne avec mon père, derrière scooter, sur ce dernier coup de rein, et ça paie aujourd’hui ».
La photo-finish, favorable pour quelques millimètres au Picard, a donc apporté confirmation du premier succès pour la Groupama-FDJ sur ce Giro 103ème du nom. « Il y avait énormément de bonheur au sein de l’équipe à l’arrivée, assurait encore Sébastien. Notre coach Anthony Bouillod a fait cinq heures de trajet pour venir filmer les 10 derniers kilomètres à notre arrivée en Sicile. Toutes ces petites choses paient. Cela pour dire que le petit millimètre du jour est le fruit du travail de tous ». Le premier objectif est rempli, mais bien d’autres se profilent désormais pour Arnaud et son groupe. « En arrivant, on ambitionnait plusieurs victoires d’étape, pas seulement une, rappelait Sébastien. On lance ce Giro de belle manière, le compteur est ouvert mais on ne va pas mollir. On va rester sur cette lancée. C’est en tous les cas une victoire qui va marquer les esprits ». « C’est super, concluait Arnaud. J’avais dit à l’équipe : si gagne rapidement, on aura encore d’autres opportunités derrière ». Quant au classement du maillot cyclamen, dont il occupe désormais la deuxième place (50 points contre 57 pour Sagan), « il viendra naturellement si les victoires viennent aussi ».
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