L’Équipe cycliste Groupama-FDJ a non seulement vécu, mais surtout réalisé, un « Monument » d’exception ce dimanche, sur les routes mythiques du Tour des Flandres. Grâce à un collectif de nouveau flamboyant, Stefan Küng et ses compères n’ont jamais été pris à défaut. Bien au contraire. Quand la décision s’est faite, Valentin Madouas a même été le seul à accrocher la roue de Pogacar et Van der Poel. Le Breton a ensuite été relégué à un deuxième échelon, mais est revenu in-extremis dans l’ultime ligne droite pour disputer la victoire ! Après un sprint au forceps, il a finalement arraché un podium exceptionnel sur le Ronde, Stefan Küng ponctuant l’excellente journée de l’équipe avec une cinquième place. La campagne des Classiques Flandriennes s’achève en apothéose.

La neige des jours précédents ayant disparu, tout était réuni pour voir se dérouler dans les meilleures conditions la grand-messe du cyclisme flamand, d’Anvers à Audenarde. Sur plus de 272 kilomètres, pas moins de dix-huit monts et sept secteurs pavés attendaient le peloton à l’occasion du deuxième Monument de la saison : le Tour des Flandres. Tout a commencé à 10h22, et une dizaine de minutes a alors été nécessaire pour voir se dégager l’échappée du jour, composée de neuf coureurs. Leur avantage a rapidement atteint les quatre minutes alors que la Groupama-FDJ affichait déjà ses ambitions à l’arrière en ne délaissant pas les premières positions. Après 130 kilomètres sans réelles difficultés, les choses sérieuses ont débuté avec le premier passage sur le Vieux Quaremont. Dès lors, les monts se sont enchaînés et la tension n’a fait que s’intensifier de minute en minute, si bien que de nombreuses chutes se sont produites avant même les cent derniers kilomètres. La première grande manœuvre a finalement été lancée dans le Berendries, à tout juste 90 bornes du but. De nombreux outsiders ont décidé d’anticiper, tels Alberto Bettiol, Mads Pedersen ou Zdenek Stybar, mais Olivier Le Gac veillait au grain. « On a toujours été très offensifs et dans les coups, d’abord avec Olivier, puis avec Kevin », introduisait Frédéric Guesdon. « On avait dit au briefing hier qu’on devait être de toutes les attaques, car on avait prouvé sur les autres courses qu’on avait une grosse équipe, enchaînait Stefan Küng. J’avais dit aux gars qu’on ne devait jamais être en situation de devoir rouler. Olivier a bien suivi, Kevin également, mais c’est aussi grâce aux autres qui nous ont à chaque fois placés aux moments stratégiques ».

« J’y ai vraiment cru », Valentin Madouas

À une soixantaine de kilomètres de l’arrivée, le champion du Luxembourg a ainsi rejoint Olivier Le Gac dans un groupe de costauds alors que certaines équipes ont dû s’activer en tête de peloton à l’approche du deuxième passage sur le Vieux Quaremont. C’est là que la course a pris une tout autre dimension. L’échappée matinale a été revue, mais tout s’est finalement regroupé à la suite d’une offensive éclair de Tadej Pogacar. Le peloton a volé en éclat et une trentaine d’hommes se sont alors dégagés. Stefan Küng, Kevin Geniets, Olivier Le Gac et Valentin Madouas étaient de ceux-là. À l’issue du Paterberg, deux concurrents ont anticipé, mais s’est bientôt présenté le terrible Koppenberg. Sur ces pentes pavées, Valentin Madouas a fait sensation. « Quand je l’ai vu placé en bas, j’étais rassuré, soufflait Frédéric. Il avait presque fait le plus dur. Il a alors démontré qu’il était capable de suivre les meilleurs s’il était placé. Au vu ce qu’il avait montré cette semaine et précédemment, ce n’était qu’une demi-surprise de le voir suivre Pogacar et van der Poel ». Entouré des phénomènes néerlandais et slovène, le jeune Breton a ainsi filé rejoindre la tête de la course. « C’était parfait pour nous car on n’avait qu’à couvrir les attaques, glissait Stefan. On était surreprésentés dans le final ! » « C’était la situation idéale, confirmait Frédéric. Ils y allaient chacun leur tour quand ça attaquait en contre ». À une trentaine de kilomètres de l’arrivée, l’avantage du quintette a franchi le cap de la minute, ce qui laissait déjà augurer une grande performance pour Valentin Madouas. Pas en reste, Stefan Küng s’est lui détaché du groupe de poursuite quelques minutes plus tard en compagnie de deux hommes. « J’avais vraiment de très bonnes jambes et ils avaient quand même une minute d’avance, donc je voulais retenter quelque chose », confiait-il.

Tout ce petit monde s’est finalement présenté à dix-sept kilomètres du but au pied du Vieux Quaremont, pour le troisième et dernier passage. En tête, Pogacar a immédiatement mis les gaz avec Van der Poel. Valentin Madouas s’est arraché sur les premiers hectomètres mais a été contraint de laisser filer le duo à mi-pente. « Il m’a malheureusement manqué un peu de jambes pour les suivre, disait le jeune homme. Ça se joue à des détails. J’avais sans doute fait un peu trop d’efforts pendant la journée ». En contre, le Breton s’est retrouvé avec Dylan Van Baarle alors que Stefan Küng se situait lui à un troisième échelon avec Dylan Teuns et Fred Wright. À l’issue du Paterberg, dernier mont du jour, environ trente secondes séparaient ces groupes les uns des autres. « Étant donné que les deux premiers avaient beaucoup d’avance, j’ai arrêté de rouler avec les Bahrain car on ne pouvait pas risquer de faire quatrième et cinquième », spécifiait Stefan. Les écarts se sont d’abord plus ou moins maintenus sur ces dix derniers kilomètres, mais se sont nettement resserrés dans les deux dernières bornes. En tête, Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar se sont longuement observés à l’approche du sprint, permettant le retour in-extremis de Valentin Madouas et Dylan van Baarle ! « On sait qu’il y a forcément un marquage pour la victoire sur un Monument, c’est pourquoi on a toujours pensé que la gagne était possible, lançait le Breton. Au vu de la vitesse avec laquelle je revenais, j’y ai vraiment cru pendant un moment, mais les jambes ont parlé et elles m’ont dit de me rasseoir ». À la bataille pour la victoire pendant quelques secondes, le Breton a finalement cédé sur les derniers mètres mais s’est malgré tout emparé d’une troisième place retentissante.

« C’est la consécration de deux décennies de travail », Frédéric Guesdon

« C’est déjà magnifique de faire un podium sur un Monument, assurait-il. C’est la première fois que j’arrive à être à ce niveau-là et j’espère l’être de nouveau ces prochaines années. Il n’y a pas la victoire, mais c’est une journée magnifique, l’une de mes plus belles sur le vélo. Je pense que je suis simplement battu par des coureurs plus forts. Quand on fait podium, on a forcément envie de revenir pour la victoire, et il faut effacer Jacky Durand des tablettes (sourires) ». En attendant, grâce au Breton, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ cumule désormais au moins un podium sur tous les Monuments. « Cette course est à l’image de notre campagne tout entière, lançait Frédéric. On a été présents collectivement sur toutes les courses qu’on a disputées. Aujourd’hui, c’est l’apothéose sur le Tour des Flandres avec deux coureurs dans les cinq premiers et un collectif de nouveau très fort. C’est vraiment une belle journée, et une belle semaine dans l’ensemble. Cela fait longtemps qu’on travaille pour les Flandriennes. C’est la consécration de deux décennies de travail pour l’équipe et de dix ans pour ma part. Jusque-là, on avait eu un peu de mal et on était souvent passé au travers. Aujourd’hui, la course et le résultat à l’arrivée signifient beaucoup pour nous ». Sur le même ton, le capitaine du groupe, Stefan Küng, auteur de son meilleur résultat sur le Ronde (5e), concluait : « J’avais déjà senti une dynamique vraiment positive sur toute la période des Classiques, mais tout le monde était encore un cran au-dessus aujourd’hui. Il y a quatre ans, quand ce n’était pas top, on avait dit qu’on reviendrait plus forts. Aujourd’hui, je dois dire chapeau. Je suis très content de l’équipe et on doit maintenant continuer comme ça ».   

2 commentaires

Vignoles

Vignoles

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Le 9 avril 2022 à 19:57

Allez la Groupama-FDJ

Jac34

Jac34

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Le 4 avril 2022 à 07:08

Ah, si toutes les courses étaient comme ça, ce serait tellement agréable. Mais il ne faut pas désespérer, la preuve. Tous présents, personne en queue de peloton, hier nous avons été en plein rêve. Bravo à toute l’équipe sans oublier tout le staff.