9h30 dimanche matin, Arnaud Démare est descendu de l’avion en provenance de Nice et a retrouvé à Roissy sa copine venue le chercher. Le vainqueur de Milan-San Remo est heureux de retrouver son clan et sait que cette journée sera chargée en sollicitations au point que sa sortie ‘’décrassage’’ est déjà fortement compromise. Peu importe, le champion de l’équipe FDJ a déjà mesuré l’impact de sa victoire sur lui, sur sa carrière et sur ses équipiers. Il nous le dit.
Bonjours Arnaud, as-tu bien dormi la nuit dernière ?
Pas trop non, parce que je devais me lever à 5h30 pour aller prendre l’avion à Nice sans être ennuyé par la grève, au contraire de Mika Delage qui était un peu en galère. Après une bonne soirée, j’ai passé un peu de temps sur les réseaux sociaux…
Comment as-tu fêté la plus belle victoire de ta carrière ?
Certains de mes équipiers comme Kevin Reza parti au Tour de Catalogne, ont pris l’avion dès samedi soir. D’autres sont restés avec moi à Nice, Mika Delage, Matthieu Ladagnous, William Bonnet, Ignas Konovalovas et le docteur Jacky Maillot. On a mangé une pizza, on a refait la course. Comme j’aime…
Et ce matin tu comprends la portée d’une telle victoire ?
Oui gagner Milan-San Remo c’est comme gagner Paris-Roubaix. Quand je cours, je crois toujours en mes chances mais de là à le réaliser ! Cette victoire me fait du bien. C’est comme quand je suis devenu champion du monde chez les espoirs.
Pourtant, après ta blessure dans Paris-Nice, il n’y avait rien d’acquis ?
Je pense que ç’a été un mal pour un bien parce que je n’ai pas tapé dedans pour passer les étapes dures de Paris-Nice. J’ai bien récupéré. Après des séances de kiné pour soigner mon vaste interne, je me suis bien entraîné et je pensais réussir un bon Milan-San Remo. Mais un Top 5, un Top 10, pas la victoire parce que je pensais que pour la gagner, j’aurais besoin de plus d’expérience, de plus de calme et je peux dire que j’étais bien nerveux avant la Cipressa tant je voulais être bien placé. De plus de sagesse, de plus d’endurance aussi.
Puis il y eut cette chute à 30 kilomètres de l’arrivée qui a semblé tout gâcher une nouvelle fois ?
C’est vrai, ça m’a mis un coup au moral et j’ai mis 20 à 30 secondes à repartir. William Bonnet m’a remis sur le vélo en me disant ‘’allez ! Vas-y !’’. J’ai eu de la chance que ça m’arrive dans un jour où j’avais de super jambes. Dans un jour où il y avait un vent de face contrariant les attaques. Dans le bas de la Cipressa, j’avais William et j’ai profité du sillage des voitures pour rentrer. J’ai profité aussi du travail d’Albasini et Yates en faveur de Matthews. En haut, je suis retombé sur Matthieu Ladagnous qui m’avait attendu. Puis en bas sur Ignas Konovalovas et Kevin Reza qui ont roulé sur le plat jusqu’au Poggio et ont sauté les cassures dans le peloton. J’étais heureux qu’ils soient là, sans eux, je n’y serais pas arrivé.
Comment s’est passée l’ascension du Poggio ?
En haut du Poggio je n’étais pas bien placé mais ça ne m’a pas démoralisé. J’avais deux kilomètres pour me replacer. Avec moi, il y avait Soupe (Cofidis) et je savais qu’il allait faire fort pour revenir à hauteur de Bouhanni. Je suis donc resté derrière lui. Ensuite, oui, j’ai choisi de rester dans la roue de Nacer, c’était ma stratégie parce qu’il n’avait pas fait beaucoup d’efforts. Dans le sprint j’avais de bonnes jambes, les jambes qu’il fallait.
Tu as parlé d’un jour de grâce ?
Oui, je pense que je n’avais pas eu de telles jambes depuis le Het Nieuwsblad 2014 quand je m’étais échappé avec Boasson Hagen et Boom.
Sur le podium protocolaire, sur la Via Roma, tu semblais avoir déjà réalisé ?
Oui j’avais réalisé la portée de cette victoire pour mon avenir. Ça va m’ouvrir des portes. Je vais désormais prendre le départ des classiques en me disant ‘’je l’ai déjà fait’’. Je ne vais plus jamais douter de mes capacités parce que j’ai déjà gagné l’une des plus belles classiques du calendrier. En 2015, je n’ai pas eu de résultats mais je savais progresser. Je suis resté motivé, fluide dans ce que je faisais. Avec ma famille et mes amis qui n’ont jamais cessé de croire en moi. Ma victoire d’étape à Paris-Nice était déjà une belle satisfaction. Aujourd’hui, c’est un tournant dans ma carrière comme l’avait été mon titre mondial. J’ai déjà gagné de belles courses mais Milan-San Remo c’est le top !
Tu succèdes à Laurent Jalabert, le dernier vainqueur français il y a 21 ans ?
C’était une autre époque et aujourd’hui je pense que c’est beaucoup plus ouvert. Je suis super content de l’avoir fait pour le cyclisme français.
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