C’est de splendide manière que Rudy Molard est ce samedi venu ponctuer sa saison 2022, déjà agrémentée d’un maillot rouge sur la Vuelta. Lors du dernier Monument de l’année, que représentait le Tour de Lombardie, le puncheur tricolore a confirmé son excellente forme du moment pour batailler, de nouveau, avec les cadors du peloton mondial. À Côme, au terme d’un final disputé, il s’est même offert son meilleur résultat en carrière sur un Monument, accrochant la huitième place dans un groupe de poursuite. Il a par la même occasion signé le 14e top-10 de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ sur les Classiques WorldTour cette saison.
Ce samedi 8 octobre, le calendrier WorldTour 2022 arrivait donc à son terme, et ce par l’intermédiaire de l’une des épreuves les plus emblématiques. De Bergame à Côme, à travers 253 kilomètres, près de 5000 mètres de dénivelé et la fameuse ascension de la Madonna del Ghisallo, c’est donc le 117ème Tour de Lombardie de l’histoire qui se présentait devant un peloton de très haut-niveau. Le départ était de fait prévu relativement tôt, peu après 10 heures, et une vingtaine de kilomètres de bagarre auront été nécessaires pour voir l’échappée de la journée se constituer autour de Christian Scaroni (Astana-Qazaqstan Team), Luca Covili, Alex Tolio (Bardiani-CSF), Natnael Tesfatsion, Simone Ravanelli, Davide Bais (Androni-Sidermec), Alessandro De Marchi (Israel-Premier Tech), Lawson Craddock (BikeExchange), Kenny Elissonde (Trek-Segafredo) et Aurélien Paret-Peintre (AG2R-Citroën). Si le peloton s’est accordé un peu de répit avant d’attaquer les premières ascensions, laissant l’écart atteindre les six minutes, il n’a ensuite plus levé le pied. « Avec ce nouveau parcours, on savait que ça allait être extrêmement usant sur la première partie, expliquait Sébastien Joly. Dans les cent-vingt premiers kilomètres, on comptait déjà 2500 mètres de dénivelé, ce qui n’était pas souvent le cas ces dernières années. On savait aussi que ça pouvait nous avantager, notamment Rudy ». « Il y a eu un tempo vraiment élevé dès le début, disait justement ce dernier. C’est l’une des premières fois où on peut à peine s’arrêter faire un besoin naturel sur le Tour de Lombardie. C’était tout le temps en file, à bloc, pour fatiguer tout le monde. Le fait qu’il n’y ait plus le Mur de Sormano a sûrement encouragé les leaders à durcir dès le départ ».
« Je savais que j’étais en bonne condition », Rudy Molard
Au terme d’une première moitié de course extrêmement vallonnée, les coureurs ont eu l’occasion de souffler quelque peu sur une cinquantaine de kilomètres menant au pied de la Madonna del Ghisallo (8,7 km à 5,4%). « On s’est retrouvé un peu en difficulté car on a perdu deux coureurs fiévreux coup sur coup, avec Lada et Attila, précisait Sébastien. Ils avaient chacun un rôle important. Il a donc fallu composer à cinq mais on a réussi à se servir d’autres équipes en points d’appui ». Comme cela était attendu, le course s’est vraiment enclenchée à soixante-dix kilomètres du but, moment où le peloton revoyait d’ailleurs l’échappée matinale. C’est au train que la sélection s’est alors opérée dans la Madonna del Ghisallo, et au sommet, près de la moitié des partants se retrouvait hors-jeu. Quentin Pacher, Rudy Molard et Michael Storer demeuraient eux bien présents. Après une partie de transition, le groupe de tête s’est présenté à Côme pour aborder la première des deux montées de San Fermo della Battaglia (2,8 km à 6,7%). Les trois représentants de la Groupama-FDJ ont tenu le rythme, et figuraient donc encore parmi la quarantaine de coureurs qui s’en allait chercher la montée décisive du Civiglio (4km à 10%), à vingt-deux kilomètres du terme. Sans surprise, c’est à cet instant que la course a véritablement explosé. À la suite d’un tempo extrêmement soutenu de ses coéquipiers, Tadej Pogacar s’est enfui avec Enric Mas et Mikel Landa. À un deuxième échelon, Rudy Molard s’est admirablement accroché en compagnie de huit autres outsiders, dont Vingegaard, Valverde, Bardet ou encore Yates.
Au moment de basculer au sommet de cette avant-dernière ascension, le puncheur tricolore restait en lice pour le top-10. En revanche, le podium s’est définitivement évaporé lorsque le trio de tête a porté son avance à près d’une minute à l’entame de la deuxième montée de San Fermo della Battaglia. Le groupe de contre, par manque de cohésion, a aussi laissé filer Sergio Higuita et Carlos Rodriguez, qui ont pu prendre une petite marge avant l’ultime bosse du jour. Rudy Molard a suivi une offensive de Romain Bardet à mi-pente, mais n’a pu se débarrasser de l’ensemble de ses rivaux. « Je sais qu’au bout de six heures, ce sont souvent des coureurs de Classiques qui prennent le dessus, disait Rudy. Je joue souvent le top-10 sur les Monuments et les plus grandes courses, donc ça me met en confiance. Mentalement, il ne faut rien lâcher. De toute façon, tout le monde était un peu cuit dans le final. En raison du tempo très élevé toute la journée, c’était dur de connaître ses sensations. Je ne me sentais pas forcément dans une grande journée, mais suffisamment pour jouer dans le final et il a vraiment fallu ne rien lâcher jusqu’au bout. Ça s’est fait à l’usure, mais je savais que j’étais en bonne condition après ma semaine en Italie ». C’est finalement au sein d’un groupe de cinq unités que le coureur de la Groupama-FDJ a basculé une dernière fois vers Côme, et s’est présenté au sprint pour une place dans le top-10. Devancé par Valverde et Mollema, il a néanmoins battu Bardet et Yates pour signer la huitième place. « Je suis vraiment content, assurait-il. J’améliore ma meilleure place (10e en 2019, ndlr). Quand je regarde le top-10, il n’y a que les leaders de grandes équipes, donc je n’ai pas de regrets. Je suis vraiment content de finir là-dessus ».
« Rudy mérite ce résultat », Sébastien Joly
Ce samedi, Rudy Molard a aussi établi sa meilleure performance en carrière sur un Monument. « Après mes sept mois loin des courses (l’hiver passé, ndlr), j’ai eu une grosse remise en question et j’ai retrouvé une grande envie cette année, ajoutait-il. Je me suis vraiment dit qu’il fallait faire mon maximum sur chaque course. C’est ce que j’ai su faire, avec des top-10 quasiment sur tous les mois de la saison. Je pense aussi que ce top-10 sur un Monument est vraiment bien pour l’équipe ». « On a eu un excellent Rudy dans le final, jugeait enfin Sébastien Joly. Dans le top-10, ce sont vraiment les champions. Je suis très heureux pour lui, car il a retrouvé son vrai coup de pédale. Il mérite ce résultat pour de nombreuses raisons : c’est un gros travailleur, un coureur passionné et un coursier. Il mérite de finir la saison sur cette très belle performance et cela va lui permettre de passer un bel hiver ».
1 commentaire
Jac34
Le 8 octobre 2022 à 19:51
Il est vrai que lorsqu’on regarde l’échappée finale , l’équipe Groupama faisait un peu faible pour aller disputer la victoire. Rudy a bien joué. Il était à son maximum et l’équipe lui doit beaucoup pour ce top 10. Bon repos et à l’an prochain.