Une victoire de Thibaut Pinot n’est jamais anodine et dans sa carrière, il nous a souvent habitué à l’exploit. Comme dans le Tour de Lombardie, il y a neuf mois, le leader de l’équipe Groupama-FDJ a vaincu, avec le concours de tous ses équipiers, pour s’imposer au sommet du Tourmalet, pour marquer de son empreinte un mythe.

Depuis la présentation de la carte du Tour, il avait coché cette étape. Thibaut avait sans doute compris que gagner là-haut, dans une course d’hommes forts, pouvait être décisif. Pour lui qui avait déjà gagné des étapes à Porrentruy en 2012 et à l’Alpe d’Huez en 2015, pour lui qui a déjà connu l’honneur du podium en 2014, troisième du classement final et maillot blanc du meilleur jeune, c’était une évidence.

Alors oui, ce rendez-vous était capital pour lui même si son parcours, depuis le premier jour, a été jalonné de moment importants, le contre la montre par équipes à Bruxelles, la montagne d’Epernay, celle qui lui tient à cœur au sommet de la Planche des Belle Filles où il a fini troisième, le toboggan du Forez où il avait déjà devancé le maillot jaune, Julian Alaphilippe, cette fois pour la deuxième place. Puis il y a eu ce fichu rond-point à 40 kilomètres d’Albi mais ce qui l’aurait accablé il y a quelques années, l’a rendu plus fort encore. A l’excellence de ses jambes et de son mental, il ajoute la valeur de ses convictions et de son talent. Thibaut n’a pas baissé les bras, en témoigne son excellent contre la montre à Pau. Thibaut veut se battre et gagner.

Pour lui et son équipe, la décision du Tour 2019 commençait aujourd’hui et le spectacle fut grandiose. Matthieu Ladagnous a pris place dans une échappée de 17 coureurs qui s’et disloquée dans le Soulor tandis que William Bonnet, Stefan Küng et Anthony Roux imprimaient un rythme important pour ne pas laisser  l’écart devenir irrémédiable.

« il gagne au sommet du Tourmalet, c’est mythique, je suis ému » D. Gaudu

Au pied du Tourmalet, seuls les Français Gesbert (Arkéa-Samsic) et Sicard (Total-Direct Energie) ouvraient la route tandis que l’équipe Movistar roulait vite. Rapidement la sélection s‘est faite, dans le groupe de 15 coureurs pointé à 10 kilomètres de l’arrivée, Thibaut était au côté de David Gaudu. Sûr de lui. Sûr de ses jambes.

Après une attaque du champion de France Warren Barguil, Thibaut a enfin laissé David lâcher les chevaux. Il n’en demandait pas tant et l’accélération du jeune Breton a fait mal. Elle a empêché le retour de Quintana (Movistar) déjà en difficulté puis condamné Porte et Mollema (Trek-Segafredo), Mas (Deceuninck-Quick Step) puis encore Valverde (Movistar), Fuglsang (Astana) et Uran (Education First-Drapac) tandis que le tandem du Team Ineos Thomas et Bernal ne pouvaient plus peser sur l’étape.

« Je voulais mettre en route plus tôt, dit David, mais Thibaut m’a canalisé et me disait d’attendre. A 10 kilomètres du sommet, il m’a jeté un coup d’œil et j’ai compris. Je volais dans l’ascension. C’était trop trop bien, j’avais des frissons, le public me poussait. Travailler pour un leader comme ça c’est génial. Il est le meilleur grimpeur du moment et il gagne au sommet du Tourmalet, c’est mythique, je suis ému. Thibaut a les jambes de sa vie et toute l’équipe a fait un énorme travail. On a assumé depuis le kilomètre 0 ! Il reste des étapes très dures, on va avoir encore plus les crocs ! »

«  On a exécuté notre plan à la lettre » T. Pinot

David s’est écarté à 4 kilomètres de l’arrivée, Thibaut était bien calé dans un groupe d’une dizaine d’unités avant de surgir dans le derniers hectomètres et de faire parler la foudre. Il a franchi la ligne d’arrivée les bras levés, les larmes aux yeux et ne cachait rien de sa joie.

« Depuis le début du Tour, dit-il, je pensais à celle-là, le Tourmalet est mythique. Je suis content. Gagner ici, comme ça, c’est le vélo que j’aime… J’ai la rage, ce qui nous est arrivé dans l’étape d’Albi est une injustice, on ne méritait pas ça. J’ai ça en moi et je veux le garder jusqu’à Val Thorens. Je sens que j’ai quelque chose de bien à faire. Oui gagner ici, c’est grandiose, magique et exceptionnel. Pour moi, c’était la première étape de montagne, une épreuve de vérité. Le Tour est long, la fatigue est là pour beaucoup de coureurs. Je vais en profiter parce que je me sens bien. J’avais demandé à David Gaudu de commencer à durcir après le replat à 8 kilomètres de l’arrivée. On a exécuté notre plan à la lettre. David était surmotivé, il était à bloc, ça le transcende et moi ça me fait du bien. Je pense qu’il est le meilleur équipier en montagne ! »

« Moi je retiens les bras levés et le collectif. »  P. Mauduit

Au sein de l’équipe Groupama-FDJ, de tous ses membres, cette victoire est une très belle récompense, une délivrance.

« Thibaut la voulait, explique Philippe Mauduit, tous ses copains la voulaient. Dès le kilomètre zéro ils ont travaillé pour l’obtenir. C’est une magnifique victoire de Thibaut mais aussi du collectif. Quand on voit le travail de William Bonnet qui à lui tout seul a maintenu l’écart avec l’échappée pendant une heure, quand on voit l’investissement de tous les copains pendant et après le Soulor et quand on voit le final de David Gaudu, ça magnifie la victoire de Thibaut. Les secondes prises sur ses rivaux restent anecdotiques. Moi je retiens les bras levés et le collectif. »

3 commentaires

JP Lefebvre

JP Lefebvre

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Le 21 juillet 2019 à 11:10

Quelle étape magnifique, et quelle belle victoire de la Groupama-FDJ !!!!
Continuez comme ca, à nous faire rêver ! Allez Thibaut ! Allez la Groupama-FDJ !

Vincent

Vincent

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Le 20 juillet 2019 à 21:45

Tellement beau !!!

Eric du 53

Eric du 53

Le 21 juillet 2019 à 11:26

P….. que c’était beau, sans un grand collectif, il ne peut y avoir une victoire comme celle là.