Il y a 170 jours, lors de la dixième étape du Tour d’Espagne, Kevin Reza a été victime d’une grave chute avec perte de connaissance. Il lui fallut de très longues semaines pour soigner ses blessures, pour effacer les traces d’une embolie pulmonaire contractée pendant sa convalescence, pour retrouver des jambes de coureurs. Kevin reprend la compétition samedi dans la Classic Loire-Atlantique et en éprouve à la fois soulagement et impatience. Il a compté les jours, il décompte les heures.
Kevin ça y est, tu entrevois le bout du tunnel ?
Oui, longtemps il m’a semblé très loin mais je le vois enfin. Je reprends demain, Quasiment chez moi. Les sensations sont bonnes même si je n’ai pas encore accroché un dossard. L’entraînement reste différent mais ce que j’ai fait me rassure. Ç’a été très compliqué au début, niveau intensité, je n’arrivais pas à les tenir longtemps. Maintenant, ça va. Je suis prêt.
« Je me sentais tout le temps en progression »
Tu es quand même passé par une période difficile ?
J’ai chuté le 29 août, la veille de la journée de repos du Tour d’Espagne. Aux fractures s’est ajoutée une embolie pulmonaire. J’ai été hospitalisé une semaine, je suis resté sous traitement anticoagulant jusqu’à mi-février. Même si ça se passait bien au niveau de la rééducation, il n’était pas possible de reprendre avant maintenant, afin d’éviter toute nouvelle complication.
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Quand as-tu repris l’entraînement ?
Le 7 décembre au stage de Calpe et une semaine après avoir reçu le feu vert des médecins. Je n’étais pas vaillant mais je savais à quoi m’en tenir. J’ai eu un programme adapté. Tous les jours je roulais à mon allure, parfois en rallongeant, parfois en écourtant, en fonction de mes sensations mais j’étais content de monter sur mon vélo, de sortir de chez moi où je tournais en rond.
Kévin Réza en stage à Calpé (Espgane)
A partir de quel moment tu as pu accélérer ?
J’ai commencé à faire des intensités au stage de Brignoles début février. Avant ça, j’avais fait pas mal de foncier. Faire des intensités dans le Var n’a pas été simple. Au premier effort, j’étais essoufflé, je ne tenais pas longtemps. J’ai fait ensuite des séances sur piste à Saint-Quentin-en-Yvelines, j’ai gagné du temps.
J’ai été beaucoup en contact avec mon directeur sportif référent Thierry Bricaud, avec mon entraîneur Sébastien Joly bien sûr. Chaque fois j’étais mieux, je leur disais. En même temps, ça ne pouvait pas être pire (il sourit), je suis parti de tellement bas au niveau physique mais je me sentais tout le temps en progression. Et je pouvais les rassurer.
Tu reprends la compétition demain. Tu es dans quel état d’esprit ?
Oui, cela fait quasiment sept mois que je n’ai pas accroché un dossard. J’ai hâte de courir, je n’ai pas d’appréhension. En revanche, je me fais des films dans la tête, je connais cette course par cœur. Je ne l’ai jamais finie plus loin que 10e, je sais la courir. C’est ma première course cette année. J’espère être bien pour être acteur, pour aider l’équipe et je ne me dis pas ‘’on verra bien’’… Il n’en est pas question ! J’espère être défoncé à l’arrivée !
« J’ai hâte de reprendre ma vie de coureur cycliste […] Ça me démange »
Et comment vas-tu vivre cette ultime journée ?
J’ai super faim. Je suis dans un compte à rebours. Je vais faire une sortie de deux heures, un petit déblocage, puis je vais aller à l’hôtel en voiture en début d’après-midi. J’ai hâte d’être à l’hôtel, de préparer mes petites affaires, de manger des pâtes le matin, de faire le protocole d’avant-course, de discuter avec les copains, d’entendre le départ. De reprendre ma vie de coureur cycliste. J’ai été massé cette semaine mais le massage d’avant-course me manque. Sept mois, c’est long et l’équipe marche très bien. J’ai regardé toutes les courses à la télévision. Ça me démange. Je me dis que je dois faire ma place mais l’ambiance doit être très bonne. J’échange avec mes équipiers après les courses, je participe aussi à leurs réactions par le débriefing. Le groupe marche très fort. Je vais voir demain où je me situe. Je me donne un mois pour revenir au niveau World Tour.
Quel est ton programme ?
Je vais faire pas mal de courses de Coupe de France qui sont souvent nerveuses. Alors, la Classic Loire-Atlantique demain puis la Route Adélie, la Roue Tourangelle, le Circuit de la Sarthe, le Tour du Finistère, le Tro Bro Léon. Concernant Liège-Bastogne-Liège, ça dépendra de mon niveau. De toute façon, après Liège, il y a le Tour de Romandie qui sera ma première course par étapes World Tour. C’est un bon programme pour enchainer.
Par Gilles Le Roc’h
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