Entre Soave et Bassano del Grappa, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’avançait donc ce dimanche vers la toute dernière course de sa saison à l’occasion de la Veneto Classic. L’épreuve offrait un dénivelé légèrement supérieur à celui du Tour de Vénétie, plus tôt cette semaine, mais était surtout censé se décanter dans les quinze derniers kilomètres avec une abrupte ascension non-bitumée puis un mur de 400m à 13% à quelques encablures de l’arrivée. Six hommes ont voulu devancer l’explication finale en s’insérant dans l’échappée après quelques kilomètres : Anders Foldrager, Tobias Bayer, Magnus Cort, Alexis Gougeard, Kyrylo Tsarenko et Riccardo Biondani. « UAE Team Emirates a contrôlé dès le départ, ils ont longtemps tenu à 1’30 puis ils ont laissé monter à trois minutes, expliquait Philippe Mauduit. Quand on est arrivés sur le circuit avec le passage technique du mur pavé de La Tisa, on s’est dit qu’ils n’étaient peut-être pas en mesure de finir le travail. Du coup, on est allés rouler. C’était assez compliqué de s’organiser, car le peloton s’écrémait à chaque fois dans le passage technique, puis se recomposait quelques kilomètres plus loin, et il fallait toujours compter ses hommes. Malgré cela, les gars ont fait un excellent boulot autour de Romain, car il restait 3’40 à boucher quand on a pris en main, et ils sont petit à petit revenus à trente secondes ».

Après quatre boucles autour du mur sélectif de La Tisa, et quelques tentatives avortées, c’est finalement un groupe d’une quinzaine d’unités, avec Romain Grégoire, qui s’est dirigé vers les deux dernières montées du jour. « Il y a eu tellement de course que ça s’est fait à la pédale, assurait Philippe. Il n’y a pas vraiment eu de surprises ». En revanche, l’échappée voyait son avance passer de trente secondes à une minute avant la montée non-bitumée située à dix bornes du but. Romain Grégoire a alors accéléré, et distancé une première fois ses rivaux en poursuite, avant que cinq d’entre eux ne reviennent avant les dernières pentes du jour, à cinq kilomètres de la ligne. La collaboration n’étant pas optimale parmi les favoris, Magnus Cort, dernier survivant de l’échappée, a pu entamer l’ultime difficulté avec 40 secondes d’avance. Romain Grégoire, derrière, a donc tenté le tout pour le tout. « C’était le dernier moment difficile pour s’extraire donc j’ai tout donné pour essayer de rattraper Cort, confiait-il. Mais sur un final comme ça, il ne craque jamais, et je me suis donc battu pour la deuxième place ». Malgré une attaque tranchante, qui l’a vu s’isoler en deuxième position et reprendre plus de vingt secondes au Danois, il en a finalement manqué dix-sept sur la ligne au Franc-Comtois pour s’adjuger la victoire.

« On a peut-être fait l’erreur de laisser trop de champ à cette échappée de costauds, commentait Romain. On a peut-être mis en route un peu tard mais on a essayé de boucher le trou en prenant nos responsabilités. Ensuite, ça s’est fait à la patte entre les leaders dans les deux ascensions les plus difficiles de la journée. Un seul échappé a résisté, c’est donc qu’il était très fort. Je suis forcément déçu de finir de nouveau sur le podium, d’autant que je pense que j’avais vraiment les jambes pour gagner aujourd’hui. En revanche, c’est satisfaisant d’être encore à ce niveau le 20 octobre, et ça vaut aussi pour le niveau général de l’équipe sur l’ensemble de la campagne italienne ». « C’est un mélange de frustration et de satisfactions, ajoutait Philippe. La première satisfaction est qu’autour de Romain, le collectif a vraiment couru comme il fallait courir même si c’était techniquement compliqué. L’autre satisfaction est que Romain répond présent au rendez-vous, même quand il a la pression, et il l’avait aujourd’hui. L’immense frustration, néanmoins, est que Romain avait très envie de gagner, on avait tous très envie qu’il gagne, on venait pour ça, on avait travaillé pour ça, et on n’a pas réussi ».

Malgré une prestation de haut vol de son jeune talent de 21 ans, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a ainsi clos sa saison 2024 sur une note quelque peu frustrante. À l’heure de faire un bref résumé de cet exercice, achevé avec quinze victoires et près de 40 podiums, Philippe Mauduit avait ces mots : « J’ai d’abord une grosse pensée pour Ignatas et Lars qui n’ont pas pu courir cette année. Il y a également eu la blessure importante de Rudy, celle de Paul. Dès le mois de janvier, on a pris un coup de poignard, puis on a continué d’enchaîner les blessures. Ça a vraiment été une saison compliquée à gérer pour les coureurs et pour le staff, mais une fois que tous les bobos ont été réglés, on a vu la vraie valeur de l’équipe. Après le Tour, les coureurs sont tous revenus à un très gros niveau et on a pratiquement été dans tous les classements des courses depuis. C’est plutôt encourageant en prévision de 2025. En règle générale, un coureur qui finit bien sa saison remet bien en route l’année suivante ».

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