Jusqu’à cette édition 2025, les années se suivaient et se ressemblaient pour Stefan Küng sur Paris-Roubaix. Malheureusement, sa série de trois top-5 consécutifs sur la Reine des Classiques s’est interrompue ce dimanche, en raison notamment d’une crevaison puis d’une chute dans les soixante derniers kilomètres. C’est finalement son compatriote Johan Jacobs qui a été le premier homme de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ à rallier le vélodrome de Roubaix, en 21ème position. Une conclusion frustrante à cette campagne 2025 des Classiques pavées.
Depuis le début du printemps, un Monument en chasse un autre. Après les premiers frissons sur Milan-Sanremo et le Tour des Flandres, la campagne des Classiques atteignait ce dimanche une certaine forme d’apothéose à l’occasion de Paris-Roubaix, peut-être la plus belle de toutes, mais sans aucun doute la plus singulière. À l’occasion de cette 122ème édition, ce ne sont pas moins de trente secteurs pavés qui se dressaient devant les coureurs, pour un kilométrage total de secousses estimé à cinquante-cinq sur les deux-cent-soixante qui composaient l’itinéraire de Compiègne à Roubaix. En lice pour la dixième fois de sa carrière sur l’Enfer du Nord, Stefan Küng nourrissait de légitimes ambitions compte tenu de sa régularité lors des précédents crus, mais il a d’abord tenté de franchir la première partie de course de la manière la plus calme possible, entouré de ses coéquipiers. Une échappée de huit coureurs s’est elle constituée avant les premiers secteurs, mais n’a jamais bénéficié d’un sérieux avantage. Au sein du peloton, la sélection s’est d’abord effectuée par l’arrière sur les pavés, et la Groupama-FDJ comptait encore six hommes dans un peloton réduit de moitié à la mi-course.
« C’était la course parfaite jusqu’à Arenberg », Frédéric Guesdon
C’est ainsi que Stefan Küng a pu être parfaitement escorté à l’approche du secteur d’Haveluy, crucial car précédant la Trouée d’Arenberg. À la suite d’une première accélération, vingt coureurs ont émergé, et le Suisse était encore entouré de Clément Russo et Johan Jacobs. Ce dernier a même profité d’un léger temps de répit pour anticiper avant la Trouée d’Arenberg, qu’il a démarré une poignée de secondes devant les favoris. En revanche, légèrement en retrait à l’entrée de ce mythique secteur, Stefan Küng a été contraint de s’employer sérieusement pour combler des cassures tandis que les favoris étaient déjà à l’œuvre quelques secondes devant lui. « C’était la course parfaite jusqu’à Arenberg, commentait Frédéric Guesdon. Puis, ça s’est compliqué avec Clément qui a crevé, et Stefan qui s’est retrouvé à contre-temps ». « Les sensations étaient bonnes, malheureusement, j’ai fait la moitié d’Arenberg à pied, précisait Clément. Ma course s’est terminée là. Je suis un peu déçu car je sentais que j’aurais pu épauler Stefan beaucoup plus loin ». Pointé à quelques secondes du premier groupe à la sortie d’Arenberg, le Suisse n’a quant à lui pu opérer la jonction immédiatement, en raison d’accélérations continues et d’une absence de temporisation devant lui.
Dans le secteur suivant du « Pont Gibus », le rouleur helvète a fait le forcing pour opérer la jonction, mais à l’instant même où il a recollé, la course s’est enflammée. « Il est revenu mais c’est là que la grosse échappée de cinq est partie », regrettait Frédéric. Relégué au sein d’un second échelon, Stefan Küng a alors tenté de mener la chasse, mais l’avantage de Mathieu van der Poel, Tadej Pogacar, Jasper Philipsen, Mads Pedersen et Stefan Bissegger a progressivement grandi, jusqu’à atteindre la minute à 75 kilomètres de la ligne. Le Suisse a par la suite bénéficié du soutien de Pedersen, repris suite à une crevaison, mais n’a pu aller jusqu’au bout de son entreprise. « Il a été victime d’une crevaison à Orchies, disait Frédéric. Il a changé de vélo, mais s’est retrouvé dans un groupe encore derrière et la course était pratiquement finie pour nous à cet instant. Ça ne s’est jamais relevé devant. Quand tu as un incident sur cette course, qui plus est dans le final, il est compliqué d’aller chercher le résultat souhaité ». Alors que Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar s’envolaient en tête se jouer la victoire, Stefan Küng se retrouvait trois minutes plus loin en lice pour les places d’honneur. « On l’a repris avec ce qu’il restait du peloton, puis il m’a donné le feu vert pour attaquer et essayer de faire une place dans les dix ou quinze premiers », reprenait Johan Jacobs.
« Frustrant de finir comme ça », Frédéric Guesdon
Ce dernier n’est pas parvenu à s’extirper dans les derniers secteurs, tandis que son compatriote a terminé cette journée malheureuse par une chute, l’éliminant définitivement de la bagarre pour le top-10. « Ce n’était certes plus pour la gagne, mais ça reste embêtant, disait Frédéric. Il est reparti bien derrière et n’avait plus rien à jouer ». Sur le vélodrome, Johan Jacobs s’est finalement présenté au sein d’un groupe bataillant pour la treizième place, mais à bout de forces, il a dû se contenter de la vingt-et-unième. « Il m’a fallu dix minutes pour revenir à la vie, confiait Johan après l’arrivée. J’étais complètement carbonisé. La course a été très difficile, du début à la fin. Il n’y a pas grand chose d’autre à dire ». Blessé au visage, Stefan Küng a lui subi la pose de points de suture après la course. Une triste conclusion à une campagne jusque-là aboutie. « On était là pour faire un résultat, surtout qu’on restait sur trois top-5 à Roubaix, concluait Frédéric. C’est une course qui plaît à tout le monde dans l’équipe, il y a eu beaucoup d’investissement, donc c’est forcément frustrant de finir comme ça. Malheureusement, on sait que ces aléas font partie de la course et cette année ils n’étaient pas avec nous. On reviendra l’année prochaine ».