La Vuelta avait donc gardé le « meilleur » pour la fin, ou du moins, le dénivelé positif le plus important. Avant de rejoindre Madrid pour une épreuve de clôture contre le temps dimanche, ce sont donc pas moins de 5000 mètres d’ascension qui se dressaient face aux coureurs ce samedi entre Villarcayo et le Picón Blanco, par ailleurs difficulté la plus ardue de la journée de par ses huit kilomètres de montée à 9%. Avant cela, six ascensions étaient à couvrir, dont deux de première catégorie, et pratiquement aucun mètre de plat n’était à signaler sur l’entièreté du parcours. Une journée « toboggans » qui pouvait donc annoncer de grandes manœuvres, mais qui s’est finalement révélée être une étape d’usure. Alors qu’une échappée de neuf hommes a pu prendre les rênes relativement tôt, le peloton a d’abord laissé faire avant que certaines formations ne viennent durcir, doucement mais sûrement. « C’était une journée très difficile, assurait David Gaudu. Il y a eu un bon rouleau compresseur, auquel on est davantage habitué sur le Tour. Les équipes ont voulu faire la course. J’aime ces journées, quand c’est dur qu’on a mal aux jambes tout le temps ». « On pouvait éventuellement penser que ça dégoupille tôt, mais on arrive aussi en fin de Grand Tour, et je pense que tout le monde avait mal aux jambes et s’est concentré sur le final, qui n’était pas simple », expliquait Thierry Bricaud.

« Il y avait beaucoup d’ambitions ce matin », Thierry Bricaud

Le peloton s’est ainsi aminci au fur et à mesure des cols, mais près d’une quarantaine d’unités le composait encore après le Portillo de la Sia, à soixante bornes du terme. S’est ensuite présentée une longue descente avant la montée roulante du Puerto de Los Tornos, qui a rapidement éliminé Carlos Rodriguez ou Sepp Kuss. L’échappée a été revue, une dizaine de favoris ont basculé ensemble au sommet, alors que Pavel Sivakov tentait d’anticiper la montée finale. Sur les quinze kilomètres menant au Picón Blanco, le Franco-Russe a obtenu jusqu’à une minute trente d’avance, réduite à une minute au pied du col. « Il y avait beaucoup d’ambitions ce matin nous concernant, ajoutait Thierry. L’objectif était d’abord de reprendre du temps aux coureurs derrière au général, mais pourquoi pas non plus d’en reprendre un peu à ceux de devant, puis on savait qu’il y avait une étape à aller chercher. C’est la configuration de la course qui allait décider, et c’est vrai que sur le final on s’est plus concentrés sur la victoire d’étape car il n’y avait plus grand-chose à espérer vis-à-vis des écarts ». La majeure partie des favoris a adopté un comportement similaire, et la montée s’est donc réalisée par à-coups, avec diverses accélérations et quelques temps morts.

« Ma Vuelta est quoi qu’il en soit réussie », David Gaudu

David Gaudu, lui, n’a pas hésité à relancer à plusieurs reprises. Toujours pris en chasse dans les premiers kilomètres de montée, il a finalement saisi sa chance sur une portion légèrement moins raide à trois bornes du but pour se lancer à la poursuite d’Eddie Dunbar, sorti quelques instants plus tôt. Le Breton racontait plus tard : « Je me suis dit : ‘’Il faut tenter le tout pour le tout. Tu es cinquième de la Vuelta, c’est bien, mais tu as déjà fait quatrième du Tour. Tu n’as pas encore gagné d’étape, mais tu es fort. Tentes et n’écoutes pas ton ressenti sur le vélo. Tout le monde a mal, tout le monde est à fond’’. Je n’ai pas réfléchi, mais je suis tombé sur un Dunbar qui était plus fort que moi dans cette montée finale. J’ai commencé à boucher le trou, mais je n’ai pas réussi à le combler complètement. Je n’étais pas non plus forcément dans ma meilleure journée de la Vuelta ». « David n’était pas dans une très grande journée, mais il a essayé d’aller chercher l’étape, ajoutait Thierry. L’envie était vraiment là, mais il a manqué le petit quelque chose ». Revenu à cinq secondes de l’Irlandais, David Gaudu a finalement buté et même été repris par les autres prétendants du général à 1500 mètres du sommet. « Ensuite, c’était à l’arrache pour tout le monde », ajoutait David.

Si Dunbar est parvenu à résister, le coureur de la Groupama-FDJ s’est lui employé pour obtenir la septième place au sommet, vingt-et-une secondes plus tard. Il a, par la même occasion, repris seize secondes à Mathias Skjelmose, le maillot blanc, désormais trente secondes derrière lui au classement général. « Il va falloir que je sorte le chrono de ma vie pour garder le top-5 à Madrid, confiait David. Je vais tout donner demain, on verra où ça me place, mais que je termine 5e, 6e ou 7e, ma Vuelta est quoi qu’il en soit réussie ». « On va évidemment tout faire pour chercher cette cinquième place finale, et on ne perd pas de vue qu’on a aussi une étape à aller chercher demain avec Stefan, ponctuait Thierry. La Vuelta n’est pas encore tout à fait finie ».

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