Ce dimanche, Stefan Küng et Bruno Armirail sont respectivement passés à quatre et huit secondes d’une victoire de prestige lors de la neuvième étape du Tour d’Italie. À l’occasion du deuxième contre-la-montre de la « Corsa Rosa », sur une distance de trente-cinq kilomètres vers Cesena, le Suisse et l’Occitan ont même mené les débats pendant près d’une heure, aux deux premières places. Ils n’ont finalement été devancé que par trois hommes dans les derniers instants, et pour une poignée de secondes seulement. Une issue frustrante pour les deux rouleurs, alors que Thibaut Pinot, diminué, s’est efforcé de limiter la casse avant la première journée de repos.
La première – grosse – semaine du Giro arrivait à son terme ce dimanche. « Enfin », se disait probablement une grosse partie du peloton. Mais avant de rejoindre la première journée de repos, il restait donc trente-cinq kilomètres à couvrir entre Savignano sul Rubicone et Cesena, dans un effort solitaire et sur un parcours extrêmement plat bien que rendu technique par la pluie battante. « Il y a de nouveau eu une belle implication de toute l’équipe et un gros travail, soulignait d’abord Sébastien Joly. C’est le genre de journées qu’on prend très au sérieux avec la venue d’un mécanicien supplémentaire, d’un deuxième entraîneur. L’organisation est minutieuse. Ce sont des journées que le staff gère avec une grosse expérience et une certaine sérénité ». Dans un premier temps, Fabian Lienhard, Ignatas Konovalovas, Rudy Molard et Jake Stewart ont parcouru le contre-la-montre « à leur main ». Les choses sérieuses ont débuté lorsque Bruno Armirail et Stefan Küng sont partis coup sur coup, l’un derrière l’autre, à 15h17 et 15h18. Dès le premier intermédiaire, les deux hommes ont mis les choses au clair. Le Suisse a réalisé le meilleur temps, quatorze secondes devant le champion de France, avant que ce dernier ne prenne l’avantage pour 4-5 secondes aux intermédiaires suivants. Finalement, l’ancien double champion d’Europe a mieux fini et s’est doté du meilleur temps en 41’28 sur la ligne, mais tout juste quatre secondes devant l’Occitan. Stefan Küng s’est installé sur le siège de leader, et les deux représentants de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ ont tenu leurs deux premières positions pendant près d’une heure. Quelques coureurs se sont approchés, mais plusieurs ont craqué dans l’ultime portion.
« J’ai l’impression que c’est l’histoire de ma vie », Stefan Küng
Parmi les derniers partants, Tao Geoghegan Hart, Geraint Thomas et Remco Evenepoel ont tous trois fait mieux aux différents points intermédiaires, avec un avantage même supérieur à dix secondes au troisième. Mais sur la ligne, l’Anglais n’a en fait devancé Stefan Küng que d’une seconde, et n’a lui-même été battu que d’une seconde par son coéquipier gallois et de deux secondes par le prodige belge. À l’arrivée, Stefan Küng a donc reculé au quatrième rang de l’étape, mais à seulement quatre secondes de la victoire. « Que dire ? J’ai l’impression que c’est l’histoire de ma vie, soufflait Stefan. Je passe à chaque fois à côté de la victoire pour un rien. En plus, la route était plus sèche sur la fin pour les coureurs du classement général. C’est le sport, je ne me réfugie pas derrière cela, mais c’est très frustrant de finir encore si proche… C’est tout ce que je peux dire ». Bruno Armirail a quant à lui terminé juste derrière son acolyte, en cinquième position et à huit secondes seulement d’Evenepoel. « Je finis satisfait de mon effort, mais avec quand même la déception de passer si proche d’une victoire sur un chrono WorldTour, confiait le rouleur tricolore. Huit secondes c’est beaucoup et peu à la fois sur 35 kilomètres. Je me mets à la place de Stefan qui est passé encore plus proche. Cinquième, ça a déjà été ma place sur un contre-la-montre de la Vuelta, alors je vise forcément plus haut que ça. Ma performance reste de bon augure pour la suite du Giro où il y aura de bonnes opportunités, en espérant que d’autres échappées iront au bout avant la fin de l’épreuve ».
« Retrouver des sensations », Thibaut Pinot
Malgré deux représentants dans le top-5 d’un contre-la-montre sur un Grand Tour, le bilan du jour apparaissait doux-amer. « Bruno a réalisé une très grosse performance, soulignait Julien Pinot. Être à huit secondes de la gagne à ce niveau, c’est pour lui un chrono de référence. Si on regarde les temps, c’est même lui qui a été le plus rapide entre le premier pointage et l’arrivée. C’est un très gros chrono et cela montre qu’il est en bonne condition, ce qu’on avait déjà vu lors des deux dernières étapes au service de Thibaut. Pour Stefan, ce sont davantage la déception et la frustration qui priment, car il passe encore tout près d’une grosse victoire. On apprend à relativiser, mais on va continuer à travailler pour que les secondes soient enfin de notre côté sur les grands rendez-vous. Ces quatre secondes, elles sont partout et nulle part. C’est comme ça ». Quant à Thibaut Pinot, il est venu à bout du parcours en 44’04, soit à 2’40 de Remco Evenepoel, de nouveau en rose. « Mon temps n’était pas ma première préoccupation aujourd’hui, confiait l’intéressé. Je ne suis pas en grande forme depuis trois jours. Je suis simplement content d’avoir terminé ces 45 minutes d’efforts et d’être au repos demain. Le bilan de cette première semaine est mitigé. J’étais bien pendant cinq jours, et je suis ensuite tombé malade. Dans mon malheur, j’ai la chance que ça tombe maintenant. Je me console ainsi. Après la journée de repos, il y a trois jours pour sprinteurs-baroudeurs. Pour moi, ce sera important de retrouver des sensations afin de me faire plaisir dans la deuxième partie de Giro ».
Au terme des neuf premiers jours de course, le grimpeur haut-saônois pointe au vingtième rang du classement général, à 5’33 du leader de l’épreuve.