Dans l’une des très rares Classiques montagneuses du calendrier, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a ce mardi montré les muscles. Sur la Mercan’Tour Classic Alpes-Maritimes, Thibaut Pinot & co ont tout fait pour favoriser les desseins de David Gaudu, désigné leader du jour. Dans l’ascension finale vers Valberg, le Breton est simplement tombé contre deux coriaces adversaires, Jakob Fuglsang et Michael Woods, qui l’ont devancé sur la ligne. Il s’agit toutefois d’une solide reprise pour le Breton, qui n’avait plus couru depuis près de deux mois. Par ailleurs, le tout jeune Lenny Martinez et Sébastien Reichenbach ont également terminé dans le top-10, respectivement en 8e et 10e positions.
« Un peu comme un rêve qui se réalisait », Lenny Martinez
Pour sa deuxième édition, la Mercan’Tour Classic Alpes-Maritimes reprenaient les traits de la première cuvée, avec un bout de vallée supplémentaire en début de course. Les coureurs s’élançaient donc de Puget-Théniers et non de Saint-Sauveur-sur-Tinée avant d’aller chercher coup sur coup La Colmiane, le Col de la Couillole ainsi que le Col de Valberg. Dans un premier temps, une échappée comprenant Théo Delacroix (Intermarché-Wanty Gobert), Valentin Ferron (TotalEnergies), Sebastian Schönberger (B&B Hotels-KTM), Alessandro Verre (Arkéa-Samsic) et Lawrence Warbasse (AG2R-Citroën) a pu s’extirper après une quinzaine de kilomètres. Le peloton a laissé l’écart grandir à six minutes, puis Antoine Duchesne s’est présenté aux avant-postes pour dicter l’allure. « On a pris nos responsabilités et demandé à Cofidis et Israel-Premier Tech de donner un coup de main, indiquait Franck Pineau. On a roulé ensemble pour que l’écart ne grimpe pas dans des proportions trop importantes. On avait évidemment une belle équipe sur le papier, mais la plupart des gars revenaient de stage ou y sont encore, à l’instar de Thibaut. On était l’équipe qui faisait peur, mais en face, il y avait des équipes très bien armées aussi. On ne voulait pas prendre tout le poids de la course, car on n’était pas certains de nos forces étant donné que l’essentiel des coureurs était en reprise. Ils avaient besoin de repères et on avait dit qu’on ferait le point à mi-course, pour savoir s’ils avaient la possibilité d’accélérer et de durcir, pour Thibaut ou David ».
Antoine Duchesne a alors tenu le manche pendant un long moment, ascension de la Colmiane comprise, et s’est écarté peu après le pied du Col de la Couillole, à soixante kilomètres du terme. Le rythme s’est dès lors intensifié dans le paquet, qui s’est réduit à une trentaine d’unités avec David Gaudu, Thibaut Pinot, Sébastien Reichenbach, Lenny Martinez et Quentin Pacher en son sein. À la mi-ascension, l’Occitan a été contraint de laisser filer le groupe, dont a alors pris les commandes le « promu » de la Conti, Lenny Martinez. « Quand David m’a dit dans la Couillole : vas-y mets en route… C’était un peu comme un rêve qui se réalisait », glissait dans un large sourire l’intéressé, pas encore 19 ans. « On a pris un relais pour durcir car les gars ne se sentaient pas si mal, notamment David, reprenait Franck. Lenny nous a fait du super boulot. Il a fait péter le peloton, et au sommet de la Couillole, il n’y avait plus que quatorze coureurs. On en avait quatre, il fallait donc continuer et assumer. On aurait pu attaquer à tour de rôle, mais on n’avait pas forcément les moyens de le faire. Thibaut ne se sentait pas capable, on ne voulait pas faire n’importe quoi, alors on a joué sur David ». Thibaut Pinot a d’ailleurs pris les rênes de ce petit groupe de favoris au sommet de la Couillole et l’a emmené jusqu’au pied du Col de Valberg trente kilomètres plus loin. « Je pense que David était mieux que moi, donc on s’est sacrifiés pour lui, et moi le premier, expliquait le Franc-Comtois. J’accumule de la fatigue pendant mon stage, et il me reste d’ailleurs une journée d’entraînement demain. Je suis en plein dans la préparation, je ne suis pas inquiet ».
« Je pense qu’on s’est tous fait plaisir », David Gaudu
Après avoir effectué sa part du travail, le grimpeur de Melisey a laissé le relais à Sébastien Reichenbach qui a durci le rythme sur les cinq premiers kilomètres de la montée finale. David Gaudu est ensuite sorti de sa réserve, mais il s’est fait contrer par Jakob Fuglsang à sept bornes du sommet, et le Danois a immédiatement bénéficié d’une quinzaine de secondes d’avance. « Peut-être que j’aurais dû le suivre, mais il y avait le risque que je me refasse contrer par Woods », glissait David. La formation Israel-Premier Tech a donc pu jouer sur deux cartes, et s’il a bien réussi à relancer en poursuite, David Gaudu n’a pu se défaire de Michael Woods. Le Breton a insisté jusqu’au sommet, mais n’a pu revoir Fuglsang, vainqueur, et s’est logiquement incliné au sprint pour la deuxième place. Sur le podium malgré tout, le jeune grimpeur demeurait satisfait de sa journée. « J’étais déjà content de remettre un dossard, assurait-il. Je ne savais pas trop quelles allaient être mes sensations, car il y a encore un mois et demi, j’étais cloué au lit et je ne pouvais pas rouler plus de deux heures. Les sensations étaient bonnes pour une reprise, et j’étais content de ça. On a fait ce qu’on avait à faire en tant qu’équipe. Même si on ne gagne pas, je pense qu’on a assumé notre rang et pesé sur la course. Je tombe sur un Fuglsang plus fort, et c’est comme ça. Je pense qu’on s’est tous fait plaisir et qu’on s’est tous rassurés. En tous cas, un grand merci à l’équipe ». « Chacun a fait son boulot, saluait Franck. Je suis déçu de ne pas avoir gagné mais il faut aussi se rappeler que David n’était pas au mieux il y a encore peu de temps. C’était une reprise tout de même violente, bien que sur leur terrain. Les gars étaient là où je les attendais, à leur place. Il manque un petit truc pour aller chercher la victoire, mais c’est aussi logique à ce moment de l’année ».
David Gaudu va désormais se diriger vers le Critérium du Dauphiné, avec l’ambition de continuer à peaufiner sa forme. « Il n’y a pas à s’affoler, le but n’était pas d’être à 100% et de gagner ici, même si on aurait bien aimé, souriait David. L’objectif est le Tour, pas la Mercan’Tour. Et cela nous a aussi permis de voir les grands talents de Lenny ». Après son gros coup de force dans la Couillole, le jeune homme de la Conti s’est même flanqué d’une excellente huitième place à l’arrivée, deux rangs devant Sébastien Reichenbach, également dans le top-10. « C’était une belle course, vraiment difficile, ponctuait le grimpeur de poche. J’ai fait comme j’ai pu dans la dernière montée. Je n’ai pas l’habitude des courses de cinq heures et je n’avais pas couru depuis quelques semaines, donc je n’ai pas forcément pu aider David sur la fin de la course. Mais dans les années futures, j’aimerais en être capable ». En attendant, il va pour sa part prendre la direction du « Baby Giro » avec la Conti.
2 commentaires
Defert
Le 2 juin 2022 à 10:22
Bonnes informations. Les grimpeurs et sprinters sont bien préparés. Voir en action la « locomotive » devant Démarre au Giro..
Jac34
Le 1 juin 2022 à 22:59
Rassurant de savoir que David sera sur le tour.