Jusqu’au bout, les grimpeurs de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ auront tout essayé pour arracher cette victoire d’étape tant espérée. Ce samedi, à l’occasion de la dernière étape de montagne de la Vuelta, Sébastien Reichenbach et Thibaut Pinot ont d’abord réussi à se frayer un chemin en tête de course après un départ extrêmement musclé. Le Français a plus tard tenté d’anticiper, le Suisse s’est lui accroché pendant un long moment, mais les favoris en ont décidé autrement et seul Richard Carapaz a pu résister pour s’offrir la gagne. Thibaut Pinot a finalement hérité de la seizième place du jour, remontant au dix-septième rang du général, alors que se tiendra ce dimanche le grand final à Madrid. 


Un ultime feu d’artifices avant de rallier la capitale ibérique. C’est ce qui se profilait ce samedi, entre Moralzarzal et le Puerto de Navacerrada, à l’occasion de la toute dernière étape escarpée du Tour d’Espagne 2022. Cinq ascensions et 4000 mètres de dénivelé nourrissaient le profil du jour pour une bataille attendue à la fois pour la victoire d’étape, mais aussi pour le général. Les choses sérieuses n’ont toutefois démarré qu’après vingt kilomètres, à l’amorce du premier col du jour, appelé à créer les premiers dégâts. Alors qu’une première échappée avait déjà pu se développer, la course a été relancée et de multiples contres ont émané du peloton. À l’affût et en jambes, Sébastien Reichenbach et Thibaut Pinot sont parvenus à se glisser en poursuite malgré une pression ininterrompue du groupe maillot rouge. Au sommet, une vingtaine d’hommes ont pu basculer avec une légère marge, mais en ordre dispersé. Intercalés, les deux coureurs de la Groupama-FDJ n’ont donc pas immédiatement revu les hommes de tête, alors que le peloton, reconstitué, s’est mis à la planche dès la fin de la descente. « Ça a forcément mis l’échappée en difficulté, mais ce sont des choses incontrôlables, exposait Philippe Mauduit. Peu de monde imaginait que la Bora-hansgrohe allait rouler à ce moment-là, mais ils ont plus ou moins sacrifié les chances de l’échappée ». Dans une longue vallée menant à la deuxième difficulté du jour, le contre incluant Thibaut Pinot et Sébastien Reichenbach n’a ainsi cessé de perdre du temps face à un duo de tête, tout en observant le retour progressif du peloton. 

« Il ne faut pas regretter », Philippe Mauduit

Cette situation inconfortable a amené le grimpeur franc-comtois à attaquer dès les premières pentes du Puerto de Navafria (10 km à 5,5%), à près de cent bornes de l’arrivée. D’abord sorti seul, il a ensuite vu le retour de Gino Mäder et de Gregor Mühlberger. « C’était une échappée compliquée, qui avait du mal à s’entendre, justifiait Thibaut. On savait qu’il y avait beaucoup d’équipiers qui n’étaient pas nécessairement là pour faire avancer le groupe, mais plutôt pour aider leurs leaders ensuite ». « Il y avait plusieurs facteurs à ce moment de la course, abondait Philippe. Stannard et Soler étaient 1’40 devant, le groupe de poursuite ne s’entendait pas, ça ne roulait pas très bien. L’idée était de faire exploser un peu ce groupe et de se retrouver dans un autre groupe plus réduit, idéalement de 7-8 coureurs. Malheureusement, ils n’ont été que deux à accompagner Thibaut et ça a compliqué un peu la donne. Ils ont fait un gros effort pour retomber sur Soler et Stannard, mais le groupe derrière s’est senti menacé, il s’est redynamisé, ça s’est remis à tourner et ça a fini par rentrer ». Au terme d’une chasse coriace, le trio emmené par Thibaut Pinot a opéré la jonction à l’avant, mais l’écart un temps évalué à plus d’une minute sur le reste de l’échappée a dès lors fondu vers le Puerto de Canendia. « On ne vit pas de regrets, et quand on connaît le scénario après-coup, on se dit évidemment qu’on aurait pu attendre l’avant-dernière bosse, réagissait Philippe. C’est ce qu’on avait d’ailleurs imaginé mais on n’est pas dans le peloton et les coureurs prennent leurs propres décisions. En fonction des informations qu’il avait et de ce qu’il voyait, Thibaut avait envie de mettre le paquet à ce moment-là. Il ne faut pas regretter, car il l’a fait avec l’objectif d’aller chercher la gagne ».

« C’est de bon augure pour l’an prochain », Thibaut Pinot

Le coup de poker s’est ainsi avéré être un coup d’épée dans l’eau. L’échappée s’est donc reconstituée avant de basculer en direction de l’avant-dernière montée de la journée, la plus difficile, vers le Puerto de la Morcuera (9,2 km à 6,8%). Lorsque les hostilités ont repris en tête, Sébastien Reichenbach est parvenu à accompagner, mais Thibaut Pinot a lui payé ses efforts précédents. « J’ai anticipé, et je l’ai regretté, car j’ai eu un gros passage à vide dans l’avant-dernier col », expliquait plus tard le principal intéressé. Son compère suisse a lui pris place dans un groupe de contre qui n’a toutefois jamais pu revoir le trio Carapaz-Meintjes-Higuita tandis que le groupe maillot rouge se rapprochait dangereusement. Dans l’ultime col de cette Vuelta, le Puerto de Cotos, le Valaisan a ainsi vu le retour des favoris et de son acolyte haut-saônois, pendant que Carapaz s’en allait lui résister jusqu’à la ligne. Dans un dernier effort, Thibaut Pinot a tenté d’accompagner les meilleurs mais a finalement rallié l’arrivée une minute après eux, en seizième position. « Les coureurs sont pris par la course, et s’ils ont un soupçon d’énergie, ils le mettent pour s’accrocher, concluait Philippe Mauduit. C’est ce qu’on fait Seb et Thibaut, mais ils avaient beaucoup donné depuis le départ. Ils n’avaient pas la même énergie que les leaders au pied de la dernière montée, mais ça fait partie du jeu. L’équipe a en tout cas été combative, comme d’habitude. Ce qui est plutôt rassurant, c’est aussi de voir Thibaut terminer son deuxième Grand Tour après des années difficiles. Ça va vraiment le mettre sur un tremplin pour l’année prochaine ». 

« Je ne finis pas trop mal, c’est la note encourageante, confirmait Thibaut. Je n’étais pas dans ma meilleure forme aujourd’hui, mais je suis quand même content de cette journée compte tenu de mon état de fatigue. Je suis presque à 85 jours de course cette année, donc je suis quand même content d’avoir fini deux Grands Tours de suite et de finir de manière solide cette Vuelta. C’est de bon augure pour l’an prochain ». « Ça m’a fait plaisir d’être avec Thibaut devant aujourd’hui, soufflait pour sa part Sébastien, 24e de l’étape. C’est vraiment dommage que Meintjes ait été devant car Bora-hansgrohe a défendu sa dixième place au général et a roulé derrière. C’est le regret de la journée ». La paire franco-suisse aura, quoi qu’il en soit, fait tout ce qu’elle pouvait ce samedi avant d’aller achever ce dernier Grand Tour de la saison, dimanche, dans les rues de Madrid, par un probable sprint massif. 

1 commentaire

BARDIN

BARDIN

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Le 12 septembre 2022 à 08:11

Bravo Thibaut ..garde le moral …tu as le niveau….persévère…les planètes finiront par s’aligner 🤞