Un an après sa démonstration sur les routes du Nord, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ remettait le titre de champion de France en jeu ce dimanche, cette fois-ci en terres normandes. Valentin Madouas retrouvait donc une tenue traditionnelle au départ d’Avranches, peu après 10h30. À ses côtés, seize coureurs, « Conti » et WorldTour confondus. Devant eux, 240 kilomètres et 3600 mètres de dénivelé à couvrir à travers le circuit bosselé de Saint-Martin-de-Landelles, long de 16 kilomètres et incluant les côtes de la vallée (800m à 8%), de la Pigeonnière (500m à 5%) et des Biards (700m à 6%). C’est néanmoins avant de rentrer sur le circuit que l’échappée du jour a commencé à prendre forme, d’abord avec dix hommes, puis avec sept concurrents supplémentaires dont Olivier Le Gac. Le Breton a finalement rejoint le premier échelon de la course dans le deuxième tour, soit après environ cinquante bornes. « Ça a d’abord été une course assez posée avec Decathlon-AG2R qui a contrôlé puisqu’elle était favorite », indiquait Benoît Vaugrenard. L’écart entre l’échappée et le peloton a donc rarement dépassé les trois minutes, et il était même déjà ramené à deux minutes à cinq boucles du terme, soit 82 kilomètres de l’arrivée.

C’est dans ce même tour que la course s’est véritablement lancée. Le peloton a nettement haussé le ton, et les premières offensives ont fait rage à environ soixante-dix bornes du but. Quentin Pacher a notamment suivi quelques mouvements, tandis que le paquet s’amincissait drastiquement. Les tentatives ont fusé pendant une dizaine de kilomètres, jusqu’à ce qu’une poignée d’hommes ne parvienne à ouvrir une brèche. Un tournant pour la Groupama-FDJ, alors absente en tête. « On a loupé le coche quand le coup avec Lapeira est sorti, tranchait Benoît. On a pris un temps de retard puis ça a été très compliqué car le groupe devant était fort et s’est bien entendu. On a mis des hommes à rouler mais il était difficile de boucher le trou ». « On n’a pas le droit de louper un coup comme celui-ci, avec un client comme Lapeira, regrettait Romain. On se devait d’y être. Ça nous a mis à l’envers pour toute la fin de course. On aurait pu réagir autrement, mais sur le moment, en course, c’est toujours compliqué. On a suivi beaucoup de coups, malheureusement pas celui-là ».

S’est alors constitué un solide groupe de tête de sept hommes, qui a profité d’une certaine hésitation dans le peloton pour cumuler plus d’une minute d’avance à deux tours du but, soit 33 kilomètres. Déjà impliqué en chasse par l’intermédiaire de Cyril Barthe ou bien Brieuc Rolland, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a tenté son va-tout dans la côte de la vallée, à 28 bornes du but. Après un énième relais de Quentin Pacher, Romain Grégoire a lancé une attaque foudroyante que peu de coureurs ont pu digérer dans l’immédiat. Un petit regroupement s’est opéré, mais la sélection s’est de nouveau effectuée quelques minutes plus tard. Huit hommes se sont extraits en poursuite, dont le Bisontin, Valentin Madouas et Rudy Molard, qui ont dû assumer la majeure partie du travail. L’écart s’est alors stabilisé à trente secondes sur le trio de tête restant à l’entame du dernier tour, et les hommes forts de la Groupama-FDJ n’ont pas obtenu la marge de manœuvre espérée. « C’était tactique, et on savait que ce le serait, disait Valentin. Ils étaient très forts devant, et derrière il y a eu un peu de marquage. Benoît Cosnefroy était aussi très fort, et s’il n’avait pas été là, on serait rentrés pour la gagne. Quand on a 2-3 coureurs de Decathlon-AG2R dans la roue, il faut essayer de surprendre pour les esseuler, mais ça n’a pas été possible ».

Malgré de multiples relances dans le dernier tour, Valentin Madouas et Romain Grégoire n’ont pu tromper la vigilance de leurs rivaux, et les espoirs de victoire et de podium se sont définitivement envolés dans les cinq derniers kilomètres. Quelques hommes sont alors rentrés de l’arrière, et tandis que Paul Lapeira s’offrait le titre, le Breton et le Franc-Comtois passaient la ligne en sixième et huitième positions. « Il ne fallait pas qu’on loupe le bon coup et on l’a loupé, soufflait Valentin. Il ne nous a pas manqué grand-chose, mais quand il te manque des coureurs comme David Gaudu ou Paul Penhoët, ça pèse dans la balance. C’est dur de lâcher le maillot, surtout de cette manière ». « Ce n’est pas du tout ce pour quoi on était venus, assurait Benoît. On savait qu’on n’avait pas une grosse marge de manœuvre, qu’il fallait courir hyper juste, et le coup manqué nous a fait très mal ». Et Romain Grégoire de conclure : « Le bilan est négatif. Plus que sur n’importe quelle autre course, on vient pour la victoire et seulement pour la victoire sur un championnat. On est passés à côté aujourd’hui. Les jambes étaient au rendez-vous, mais ce n’était pas pour la gagne. C’est très frustrant ».

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