Il y a eu de l’action ce samedi dans l’étape reine de l’Étoile de Bessèges, et ce bien avant les pentes du Mont Bouquet. Il n’y a d’ailleurs pas eu de grande explication entre les meilleurs grimpeurs du plateau, puisqu’après un coup de bordures orchestré à plus de cent kilomètres de l’arrivée, seule une douzaine d’hommes a pu aborder l’ascension finale avec une marge suffisante pour se jouer la victoire. Piégé au sein du peloton, Thibaut Pinot s’est malgré tout livré pleinement dans le Mont Bouquet pour venir accrocher la sixième place du jour. Il remonte au septième rang du général avant le contre-la-montre d’Alès ce dimanche.

« Il n’y avait pas cinquante questions à se poser », Thierry Bricaud

Certains s’attendaient à une course de côte ce samedi entre Saint-Christol-Lèz-Alès et le sommet du Mont Bouquet, devenu ces dernières saisons un traditionnel point de passage de l’Étoile de Bessèges. Et si l’ascension finale figurait bien comme la seule montée ardue du parcours, elle ne représentait toutefois pas l’unique obstacle de l’étape. Car comme depuis le début de l’épreuve, le vent s’est invité à la fête, et des rafales à plus de 70km/h par heure étaient même annoncées à travers les 147,5 kilomètres de course. « Il y avait énormément de vent, plus que le premier jour, soulignait Thierry Bricaud. Les quarante premiers kilomètres étaient hyper dangereux de ce point de vue, et ce qu’on redoutait s’est produit. Il y a eu un coup de bordures et une quinzaine de coureurs sont partis ». « On a essayé de faire du mieux possible, mais on a été piégés dans la deuxième bordure », racontait Thibaut.Le peloton s’est ainsi morcelé après à peine une trentaine de kilomètres, sur une longue plaine complètement exposée. En tête, une poignée de favoris pour la victoire finale et le leader de l’épreuve Arnaud De Lie étaient accompagnés d’équipiers et de coureurs de Classiques. En contre, le peloton tentait tant bien que mal de s’organiser. « C’était un peu la panique, et on a connu pas mal de soucis de notre côté », reprenait Thibaut. « Il n’y avait pas cinquante questions à se poser, expliquait Thierry. Nous étions parmi les principales équipes piégées avec Cofidis et Arkéa-Samsic. Dans une situation comme celle-là, si on veut rectifier le tir, il faut s’y mettre tout de suite. Mais le temps qu’on s’organise avec les autres équipes, c’est monté à une minute et c’est resté dans ces eaux-là quasiment toute la journée ».

L’écart a franchi cette barre symbolique de la minute pour la première fois à cent bornes de l’arrivée. Il a ensuite gonflé à 1’30, été ramené à 1’10, puis s’est finalement stabilisé à cette hauteur. À l’avant-garde du peloton, Bruno Armirail et Sam Watson ont participé à la poursuite, mais l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est plus tard retrouvée en manque de main d’œuvre. « Au moment où la bordure s’est créée, Jake a été pris dans une chute et a dû abandonner, précisait Thierry. Enzo a été pris dans une cassure et on a perdu Fabian sur un incident mécanique ». À une quarantaine de kilomètres du but, le groupe de tête a même porté son avance à 1’40 avant que le peloton ne se rapproche de la minute dans un dernier effort. « On savait que ce serait compliqué, qu’on pourrait éventuellement se rapprocher un peu, mais rentrer aurait presque été un miracle, ajoutait Thierry. Devant, tout le monde s’est sacrifié pour son leader, et c’était la même chose derrière. C’était un mano-a-mano à armes égales, et ils ont conservé le coup d’avance qu’ils avaient jusqu’à l’arrivée ». Au pied du Mont Bouquet, et de ses 4,5 kilomètres à 9% balayés par de fortes rafales, les hommes de tête comptaient donc encore plus d’une minute d’avance sur le peloton. Les meilleurs grimpeurs présents à l’avant se sont disputé la victoire, qui est finalement revenue à Mathias Skjelmose, nouveau leader de l’épreuve. Une minute et dix-sept secondes très exactement après le vainqueur, Thibaut Pinot a franchi la ligne pour s’accaparer la sixième position de l’étape, la deuxième parmi les hommes du peloton.

« Ça me motive pour la suite », Thibaut Pinot

« Il ne s’est pas posé de questions, assurait Thierry. Il a fait sa montée à sa main, pour se rassurer et voir où il en était. Dès hier soir, quand il a vu les conditions climatiques, il savait que ça pouvait être compliqué d’arriver pour la gagne. On sait que les bordures ne sont pas spécialement son truc, d’autant plus en début de saison quand il y a plus à perdre qu’à gagner. C’est frustrant car il fait une bonne montée, mais si on fait le bilan ce soir, c’est quand même rassurant car il a de bonnes jambes et ça devrait être bénéfique pour la suite ». « Sam et Bruno ont vraiment roulé très fort en chasse, et pour eux, j’ai essayé de faire la plus belle montée possible, indiquait Thibaut. Avec toutes ces bordures et le vent, je suis quand même arrivé au pied de la bosse fatigué, à la fois physiquement et nerveusement. Je suis un peu déçu car j’aurais préféré me battre pour la victoire, mais le parcours était ainsi fait. On aurait évidemment espéré un meilleur résultat aujourd’hui, et je pense aussi que ma motivation aurait été différente si je m’étais battu pour la victoire. J’ai fait ce que j’ai pu, et ça montre tout de même que les sensations ne sont pas trop mauvaises. Ça me motive pour la suite, ça valide aussi la préparation qui a été bonne, et je me sens bien mieux que l’année dernière à la même époque, ce qui est satisfaisant. J’espère que ça ira encore mieux quand j’arriverai sur des parcours qui me correspondent davantage. Il y a quand même du positif ».

Le Franc-Comtois s’est enfin hissé dans le top-10 du général, au septième rang, à 1’37 du leader. Ce dimanche, l’Étoile de Bessèges se conclura par le traditionnel chrono dans les rues d’Alès et jusqu’au sommet de la côte de l’Hermitage.  « Thibaut le fera bien, car il a un top-10 à aller chercher au général, assurait enfin Thierry. Bruno va le faire bien, lui aussi, car il a le maillot de champion de France et que ce chrono lui convient. On verra comment ils auront récupéré, mais on va essayer de le faire correctement pour bien finir la semaine. C’est aussi un bon test en vue de la suite ».

1 commentaire

Jac34

Jac34

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Le 5 février 2023 à 21:25

« Il a fait sa montée à sa main, pour se rassurer et voir où il en était. »Thierry a bien résumé le cas Thibaut Pinot. Heureusement tout a bien marché mais c’est à chaque fois la même question.