L’étape reine du Tour de Romandie, ce samedi, aura bienprovoqué quelques dégâts. Mais sans doute pas autant que certains l’espéraient. Malgré une belle dose de dénivelé positif et de nombreuses ascensions répertoriées, c’est en effetun sprint entre les principaux favoris qui a conclu la journée au sommet de Zinal. En jambes, Thibaut Pinot s’est mêlé à la bagarre dans les derniers hectomètres mais a dû se contenter d’une cinquième place. Son coéquipier Sébastien Reichenbach (8e) a terminé dans le même temps, et grimpe à la septième place du classement général à la veille du chrono en côte de clôture.
« J’avais de bonnes jambes », Thibaut Pinot
Sur le papier, le morceau s’annonçait coriace. En guise de grande étape de montagne, le Tour de Romandie avait concocté un quatrième acte de 180 kilomètres cumulant plus de 4000 mètres de dénivelé positif ce samedi. Tout commençait sur les coups de onze heures depuis Aigle, où est installé le Centre Mondial du Cyclisme. Il n’a pas fallu patienter bien longtemps pour voir l’échappée du jour se développer avec pas moins de douze hommes. Quinten Hermans (Intermarché-Wanty Gobert), Oscar Rodriguez (Movistar), James Know (Quick Step-Alpha Vinyl), Ion Izagirre (Cofidis) et quelques autres ont très vite pu prendre leurs distances et se construire un avantage de près de quatre minutes avant d’attaquer la première ascension du jour, après 60 kilomètres. À cette occasion, le peloton s’est quelque peu rapproché, mais cela a été d’autant plus flagrant lorsque les coureurs ont atteint le pied de la deuxième difficulté vers Les Pontis. La formation Bahrain-Victorious a ainsi tenté de faire le forcing, ramenant le peloton à moins d’une minute des fuyards, avant de finalement interrompre son entreprise. Un coup d’épée dans l’eau qui a été suivi par une temporisation. Alors, au moment de plonger vers « l’ascension finale », se décomposant en plusieurs paliers, les rescapés de l’échappée retrouvaient une marge décente d’environ trois minutes.
Ce n’est qu’à l’approche de la deuxième montée des Pontis, premier palier de l’ascension finale, que le paquet s’est véritablement remis en marche. L’écart s’est logiquement réduit et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’y était pas étrangère puisque Matteo Badilatti a passé quelques solides relais. Au moment d’entamer la dernière ascension répertoriée, Izagirre et Rodriguez ne disposaient plus que d’une minute de marge et le peloton, de plus en plus émietté, a fini par les avaler à huit bornes du but. Rudy Molard, Thibaut Pinot et Sébastien Reichenbach figuraient alors encore dans un groupe de favoris composé d’à peine vingt unités. Dans les rampes finales, menant à Zinal, la Jumbo-Visma du leader Rohan Dennis a gardé la mainmise alors qu’Einer Rubio naviguait une poignée de secondes devant. Après un ultime replat, la route s’est cabrée une dernière fois à la flamme rouge et les favoris se sont tantôt marqués, tantôt attaqués. L’attaquant colombien a été repris à 300 mètres du but et le sprint entre cadors a été lancé quelques instants plus tard. Bien positionné, Thibaut Pinot a été légèrement gêné dans sa mise en action et n’a pu prendre la roue du vainqueur Sergio Higuita, se contentant alors de la cinquième place sur la ligne. « Même s’il y avait 4000 mètres de dénivelé, on ne les a pas sentis, et c’était plutôt une étape de moyenne montagne,regrettait Thibaut. En plus de ça, il y avait du vent. C’est dommage. Le parcours est un peu frustrant mais il faut faire avec. J’avais de bonnes jambes aujourd’hui mais on ne pouvait pas faire grand-chose. On a donc décidé de miser surle sprint, ça s’est joué de peu, mais je suis quand même content des sensations aujourd’hui ».
« Je vais faire le chrono à fond », Sébastien Reichenbach
Son coéquipier Sébastien Reichenbach a terminé dans son sillage, en huitième position, et également dans le temps du vainqueur. Sur SON étape, le grimpeur helvète a donc assuré l’essentiel. « Pour moi, l’objectif est réussi, disait-il. Étant placé au général, je devais surtout suivre les favoris. Pour l’étape, on avait Thibaut. Je l’ai vu à l’œuvre, il avait vraiment de bonnes jambes. Je pense qu’il a des regrets sur le sprint, c’est un peu la déception de la journée, mais on était encore trois coureurs dans le final. C’était une belle course d’équipe et on a fait avec le terrain du jour ». « Le vent était prévu de dos ce matin, il ne devait pas tourner, mais toute la montée finale s’est finalement faite vent de face, complétait Philippe Mauduit. Or, on sait comment ça se déroule dans ces cas-là. S’il n’y a pas trop de pourcentages et qu’il y a en plus vent de face, il est plus compliqué de faire la différence. Mais ça fait partie de la course, il faut l’accepter. Ce qui est intéressant, en revanche, c’est de voir que l’équipe a eu un comportement collectif et qu’ils sont bien là avec les meilleurs. On a fait ce qu’on pouvait avec les conditions proposées ». Ce samedi soir, Sébastien Reichenbach pointe au septième rang du général, à trente-sept secondes de Rohan Dennis, tandis que Rudy Molard est 14e à cinquante-cinqsecondes. « J’aimerais évidemment conserver mon top 10 demain, ajoutait Sébastien. L’effort solitaire n’est pas ma discipline de prédilection, mais le fait que ce soit en côte peut m’avantager. Je ne sais pas ce que ça peut donner, mais je vais le faire à fond et on verra demain soir ». « C’est jouable de conserver le top-10 pour Seb, acquiesçait Philippe. Je pense aussi que Thibaut va avoir envie de se tester sur le chrono, n’ayant pas pleinement pu s’exprimer aujourd’hui ».
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