Acclamé, encouragé et poussé sans discontinuer de vendredi à dimanche sur ses terres, Thibaut Pinot aurait aimé conclure son week-end de la plus belle des manières sur les hauteurs de Pontarlier. Mais dans la montée finale du Larmont, pour l’occasion arrivée du Tour du Doubs, le grimpeur de 32 ans a de nouveau échoué à une petite marche de la victoire. Surpris à l’approche de la ligne par Jesus Herrada, le coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a comme la veille dû se contenter de la deuxième place, bien que vainqueur du sprint des costauds. Une issue frustrante pour lui comme pour l’équipe, mais le terme d’un séjour néanmoins très prometteur en vue des prochains objectifs. Le Haut-Saônois a d’ailleurs reçu le prix du coureur le plus régulier des trois jours.
C’est donc avec une troisième arrivée au sommet consécutive que le triptyque franc-comtois arrivait à son terme ce dimanche sur le Tour du Doubs, également huitième manche de la Coupe de France FDJ. Contrairement à l’accoutumée, les coureurs ne devaient donc pas redescendre vers Pontarlier après l’ascension finale du Larmont, puisque la ligne était cette année placée au sommet de la bosse. En revanche, comme la veille sur le Tour du Jura, la météo n’était pas réellement au beau fixe. « Il faisait froid, il y avait un léger crachin et quasiment du brouillard tout du long, exposait Thierry Bricaud. On avait aussi décidé de ne pas assumer le poids de la course d’entrée car on l’a fait pendant deux jours et d’autres équipes avaient un rôle à jouer. On a, dans un premier temps, essayé de bien récupérer de la journée d’hier, qui a laissé beaucoup de traces ». La Groupama-FDJ a donc laissé faire lorsqu’un groupe de douze échappés s’est fait la malle en début de course. L’écart a longtemps oscillé autour des cinq minutes pour les fuyards, mais le peloton a entamé sa remontée à environ 80 bornes du terme. « On voulait prendre le manche à environ cinquante kilomètres de l’arrivée, ce qu’on a fait par l’intermédiaire de Trym, notre jeune de la Conti », ajoutait Thierry. Après une chasse relativement fluide, l’avantage de l’échappée était quasiment bouché au moment d’attaquer la montée finale du Larmont (6,4 km à 5,4%).
« Il nous a manqué un brin de réussite », Thibaut Pinot
La grande bagarre a donc pu prendre place. « On voulait essayer de monter la bosse d’arrivée très vite pour jouer avec Thibaut au sprint, mais on a manqué un peu de main d’œuvre pour finir et les gars se sont un peu perdus au pied, indiquait Thierry. Enzo et Lorenzo étaient là, mais ils ont dû se retrouver après une approche un peu compliquée, et tout le monde avait envie ». Le pied de la bosse a été animé par plusieurs offensives, avant que Lenny Martinez ne prenne les commandes. « Il devait tout donner jusqu’à 300-400 mètres pour éviter les attaques, expliquait Thibaut. Quand il s’est mis devant, personne n’a d’ailleurs essayé d’attaquer. C’était du tableau noir. On a failli réussir ce qu’on avait prévu aujourd’hui. Tout s’était super bien passé, mais Jesus Herrada nous a surpris à 400 mètres. Lenny venait de faire un gros boulot et il est arrivé avec de la vitesse de l’arrière. Le temps que je réagisse, l’arrivée était déjà là et il était trop tard ». « Lenny a fait du boulot pour finir, mais il ne pouvait pas aller chercher tout le monde et on s’est fait contrer au pire moment », ajoutait Thierry. Thibaut Pinot a pu livrer un gros sprint au second plan, mais n’a pu reprendre l’homme de tête, devant donc se satisfaire d’une nouvelle deuxième place. « Il nous a juste manqué le brin de réussite pour gagner, c’était presque parfait », soufflait le coureur de Melisey.
« Ce n’est en aucun cas une tournée d’adieux », Thierry Bricaud
Le grimpeur a donc de nouveau pris place sur le podium ce dimanche, avant de se voir récompensé comme le coureur le plus régulier du triptyque (5e, 2e, 2e). « Il y a un peu tous les sentiments, confiait-il. Je suis quand même content de mes trois jours. C’était vraiment important pour moi de répondre présent à domicile. Il y avait tout de même une certaine pression et beaucoup d’engouement du fait que c’était ma dernière tournée ici, et j’avais forcément envie de bien faire. Ça veut dire beaucoup pour moi d’être le coureur le plus régulier de ce triptyque. Il y a évidemment de la déception, car c’est rageant de terminer deux fois deuxième. Je ne passe pas loin. J’avais également des doutes sur mes sensations en arrivant, mais je suis vraiment rassuré sur ma condition. Je vais me diriger vers le Tour de Romandie et le Giro plus serein que je ne l’étais avant ce week-end. J’ai enfin pris beaucoup de plaisir avec les jeunes, et je pense que l’inverse est vrai aussi. C’était une semaine que je n’oublierai pas ». « C’est frustrant car il ne lève pas les bras mais il a été à la bagarre et a joué la victoire les trois jours, complétait Thierry. Ce n’est en aucun cas une tournée d’adieux. Il est motivé, appliqué et pouvoir quitter sa région de cette manière, c’est un beau clin d’œil. On s’est encore rendu compte à quel point il était apprécié dans la région, ils l’ont montré sur le bord des routes et je pense qu’il leur a bien rendus ».
Alors que Laurence Pithie demeure co-leader au classement de la Coupe de France FDJ, les coureurs de Thierry Bricaud ont donc effleuré la victoire tant attendue trois jours de suite. « Ne pas gagner est une chose, mais ne pas gagner en pesant sur les courses comme on essaie de le faire, c’est ça le plus frustrant, concluait le directeur sportif du groupe. On essaie de se donner les moyens, ça ne veut pas sourire, mais ça va tourner. Au-delà de ça, ces courses ont permis aux jeunes de grandir et de progresser. Ils se sont retrouvés dans des rôles dont ils n’ont pas forcément l’habitude, et ça leur a permis d’aller loin dans l’effort et de voir qu’ils sont capables de le faire. Ils commettent encore des petites erreurs mais ils ont appris énormément sur ces trois jours, que ce soit sur leur condition physique, sur leur façon de courir, d’appréhender un final avec un grand leader, et de faire face à des courses aux conditions si difficiles ».
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