Thibaut Pinot encore à l’offensive, David Gaudu toujours tenace

Six jours de course demeurent au programme, mais les organismes ont encore été mis à rude épreuve ce dimanche, à l’occasion du deuxième grand acte alpestre du Tour de France. Toujours ambitieux et longtemps soutenu à l’avant par Olivier Le Gac, Thibaut Pinot est parvenu à accrocher l’échappée du jour qui s’est jouée la victoire, mais le Franc-Comtois, usé par les efforts consentis cette semaine, a dû se contenter de la sixième place au sommet de l’ultime ascension. David Gaudu s’est quant à lui montré extrêmement vaillant pour surmonter un passage à vide avant d’accompagner les favoris pendant un long moment dans le final. Sixième des « gros », le Breton a ce dimanche gagné un rang au classement général (9^e). Place désormais à une journée de repos bienvenue.

Au départ des Gets ce dimanche, de très nombreux coureurs ne pensaient déjà qu’à la journée de repos de lundi. Avant de l’atteindre, il fallait cependant avaler un dénivelé encore plus imposant que la veille (presque 4500 mètres !). La première bosse étant située après trente kilomètres, la bagarre pour l’échappée s’est encore avérée féroce, et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ y a activement pris part. C’est finalement dans la première côte, non-répertoriée, que plusieurs grappes de coureurs ont pu, au fur et à mesure, se détacher. « Après de nombreuses attaques et des essais notamment de Kevin, Stefan, Quentin, Lars, ce sont Thibaut et Olivier qui ont réussi à se glisser dans l’échappée, relatait Philippe Mauduit. Ce qui n’était pas évident vu la vitesse à laquelle ça roulait ». Comme la veille, la Jumbo-Visma a tenté de garder les rênes, mais une chute massive a finalement stoppé leurs ardeurs. Impliqués dans l’accrochage, Lars van den Berg et Kevin Geniets ont pu repartir. En tête, Thibaut Pinot et Olivier Le Gac ont d’abord pris place dans un contre d’une trentaine d’hommes, qui a finalement revu les deux échappés initiaux à la mi-course. L’échappée s’est alors dirigée vers le Col de la Croix Fry, qui a provoqué de premiers dégâts. Puis, dans le Col des Aravis, Marc Soler a anticipé avant d’être rejoint dans la descente par Wout van Aert, Krists Neilands et Wout Poels. En retrait, Thibaut Pinot a pris place dans un groupe de contre qui a progressivement perdu du temps sur les hommes de tête.

« J’étais cuit », Thibaut Pinot

Au terme du faux-plat menant vers Megève, et de la descente de Domancy, le coureur franc-comtois a ainsi attaqué l’enchaînement côte des Amerands/montée du Bettex avec un déficit de près d’une minute et trente secondes. En tête, Wout Poels s’est rapidement délesté de ses adversaires et a finalement gagné du temps sur l’ensemble de l’échappée tout au long de l’ascension finale. À un troisième échelon, Thibaut Pinot a suivi les mouvements et tenu le rythme, mais sans pouvoir aspirer à jouer la victoire. Au sommet, il a malgré tout signé une solide sixième place, son troisième top-10 depuis le Grand Départ de Bilbao. « C’est dommage car c’était une belle chance aujourd’hui, mais j’étais encore à fond, confiait Thibaut. Ils étaient plus forts devant. On n’a pas pu les suivre dans les Aravis, et on a perdu du temps dans le final. Il y a forcément de la déception, car je viens de passer trois jours devant. C’est aujourd’hui qu’il fallait être bien, mais j’étais cuit. Les étapes de vendredi et samedi ont laissé beaucoup de traces, je l’ai sûrement payé aujourd’hui ». Pour sa part, David Gaudu est passé par tous ses états ce dimanche. Le leader de la Groupama-FDJ a d’abord vécu un début de course difficile, et a même été légèrement décramponné du peloton dans le Col de la Croix Fry, à plus de cinquante kilomètres de l’arrivée. « Je n’étais vraiment pas bien avec la chaleur, confiait l’intéressé. J’étais un peu bloqué, comme hier dans les premiers cols. J’ai essayé de ne pas paniquer, de prendre le plus de bidons possibles, et on a géré au maximum avec Kevin ».

Encore auprès de son leader, le Luxembourgeois a occupé un rôle déterminant et effectué « un travail fantastique », des dires de Philippe Mauduit. « J’étais vraiment à la limite après la grosse journée d’hier, disait Kevin. Mais quand j’ai vu que David l’était aussi, je me suis dit ‘’là, il ne faut pas lâcher’’. Il m’a dit ‘’régule’’ et je savais exactement quoi faire. J’ai mes habitudes avec lui. On se connait si bien désormais, on fait tellement de jours de course ensemble. Quand je suis derrière lui, je sais où il en est. Il fallait juste qu’il trouve son rythme. J’ai vraiment bien lissé l’effort et on n’a jamais perdu beaucoup de temps. À un moment donné, il s’est senti mieux et j’ai dit : ‘’on y va’’ ». Le duo a ainsi recollé au peloton avant le sommet du Col de la Croix Fry, et à partir de cet instant, David Gaudu a commencé à retrouver la plénitude de ses moyens.  « L’équipe m’a une nouvelle fois sorti du pétrin, en particulier Kevin qui a fait un super boulot, insistait David. Puis j’ai senti au fur et à mesure des cols que le coup de pédale revenait, que ça tournait plutôt bien ».  Le quatrième du Tour de France 2022 a dès lors attaqué les deux dernières montées au sein du peloton, et était encore présent après les premiers écrémages. Certains concurrents au podium se sont écartés au pied de la montée du Bettex, mais David Gaudu s’est accroché un peu plus longtemps dans la roue des quatre premiers du Tour avant de céder du terrain.

« Une bonne note avant la journée de repos », David Gaudu

Au sommet, il a finalement pris la sixième place parmi les favoris, et de fait gagné une place au général ce dimanche. « Le bilan est plutôt bon, et je suis content de ma montée finale, confiait David. Quand mes équipiers m’ont vu dans les deux premiers cols, ils ont dû se dire que ça allait être compliqué, mais ils ont fait un super boulot et ont réussi à me remobiliser. Derrière, c’est la tête qui a pris le dessus sur les sensations. Je me suis dit que je ne devais pas lâcher. Dans ces moments-là, c’est peut-être l’orgueil et le mental qui prennent le relais. En tout cas, on termine sur une bonne note avant la journée de repos ». « David est parfois en difficulté, mais il ne craque jamais mentalement et c’est hyper important », soulignait Kevin. « C’était une dure journée. Dure devant, dure derrière, résumait Philippe. Ça fait partie du Tour de France mais l’attitude de l’équipe a encore une fois été positive. Les coureurs ont été vaillants et se sont bien battus. David réalise un beau final, et c’est une touche positive par rapport à ce qu’on a connu ces derniers jours ». Avant l’ultime semaine du Tour, David Gaudu et Thibaut Pinot occupent donc les 9^e et 13^e places du classement général, à plus de quatorze minutes du leader Jonas Vingegaard. « Il faudra récupérer, puis il y aura le chrono, l’étape reine et, samedi, une étape dans les Vosges », rappelait David. « Il y a encore beaucoup de motivation d’ici Paris », promettait enfin Thibaut.