Il tournait autour de la victoire depuis plusieurs semaines et il est enfin arrivé à ses fins dans l’étape reine du Tour de Romandie qu’il avait très bien préparée.
Thibaut Pinot s’est imposé en solitaire à Champex au terme d’une course parfaite, renouant avec le succès après lequel il courait depuis le mois d’août 2012. A la veille de la dernière étape, disputée contre la montre, il est deuxième du classement général.
« je vais essayer de profiter du marquage de Nibali, Quintana et Froome pour attaquer, avait-il lancé avant le départ. Il a effectué son plan à la lettre. Avant d’arriver au pied de l’ascension finale, il avait été très bien protégé par ses équipiers pour qui le col de la Petite Forclaz, sous la pluie, était trop dur. Dans ce final tendu, Steve Morabito jouait son rôle à merveille, soit pour replacer son leader, soit pour le soutenir.
Trois accélérations ont bien écrémé le peloton dans ce dernier col que Thibaut était venu reconnaître il y a quelques semaines. Sur une pente sévère, il faisait montre, déjà, de son aisance. Il a répondu à une attaque de Quintana puis est revenu avec beaucoup d’aisance sur Bardet sorti en compagnie de Zakarin.
« Je lui ai dit alors que personne n’était plus fort que lui, raconte son directeur sportif Yvon Madiot. Tu peux en mettre une mais alors tu en mets une bonne. »
A cinq kilomètres de l’arrivée, plein de force, Thibaut a en effet attaqué et s’est donné rapidement dix secondes d’avance.
« Dans le dernier Tour, dit-il, j’avais regretté que Froome et Contador aient abandonné parce que leur marquage avec Nibali m’aurait été profitable. Cette fois, j’ai contré au bon moment sur une partie plus roulante qui me permettait de prendre un petit avantage rapidement. 10–15 secondes et derrière ils se sont regardés. »
Se retournant beaucoup, Thibaut a vu le Russe Zakarin se lancer à sa poursuite, revenir à 5 secondes mais il n’a rien lâché. Avec le charisme qui est le sien quand il attaque, il s’est battu mètre après mètre et a fini par faire craquer le Russe qui a compris, sous la flamme rouge, qu’il ne reviendrait pas.
« Je n’avais pas gagné depuis 2012 mais ce n’est pas faute d’avoir essayé, rappelle-t-il, je suis ravi de l’avoir fait dans une étape de montagne et j’ai savouré ce plaisir dans les deux cents derniers mètres. »
Tandis que Thibaut était retenu sur le podium pour recevoir son bouquet et endosser le maillot du meilleur jeune, ses équipiers arrivaient un à un dans le bus et se tombaient dans les bras. « C’était obligé, c’était obligé qu’il en gagne une belle, lançait Jérémy Roy, il le méritait tellement… »
« C’est une victoire importante pour lui bien sûr, disait Yvon Madiot qui a beaucoup vibré dans les derniers kilomètres, mais ça l’est aussi pour toute l’équipe, notamment les mécanos et les kinés qui s’investissent beaucoup, important pour le groupe qu’il forme depuis longtemps avec Cédric Pineau, Jérémy Roy et désormais Steve Morabito. A un moment, il faut gagner et cette victoire sera un tournant pour la FDJ. Ses grands rivaux le respectaient beaucoup, à l’image de Nibali, mais ce sera encore plus vrai à partir de maintenant. Thibaut a beaucoup mûri cette saison, il a appris de ses erreurs et écoute beaucoup tout ce qu’on lui dit. On a tous vibré… J’ai entendu son frère Julien qui était dans la deuxième voiture hurler un bon coup dans la radio. Maintenant, il reste le chrono et un bon résultat à aller chercher. Je peux vous assurer que ce samedi soir, Thibaut ne s’est pas éparpillé. »
« Je vais me battre pour essayer de gagner le Tour de Romandie, assure le leader de l’équipe FDJ. Ce contre la montre est difficile, avec une première partie plate, un faux-plat montant, une côte pavée pour entrer dans Lausanne. Ce sera technique, surtout s’il pleut. Il y aura de la concurrence. »
Notamment avec le leader Zakarin qui compte six secondes d’avance, Froome qui n’est qu’à 8 secondes de Thibaut et Spilak qui est un tout petit peu plus loin.
« Si Thibaut finit dans les trois premiers du Tour de Romandie, c’est déjà très bien, prévient Yvon. Cela consacrera son très bon début de saison quand ce fut plus difficile pour toute l’équipe. Cela consacrera ses progrès aussi. Il a quand même fait du chemin depuis qu’il est passé pro chez nous, à 19 ans. Pour lui, cela reste du vélo plaisir mais il travaille beaucoup. »
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