Il s’agissait d’un test grandeur nature à deux semaines du Tour de France. Il aura été des plus concluants pour Thibaut Pinot. Au sommet du col de Porte, où était jugée l’arrivée de la deuxième étape du Critérium du Dauphiné, le leader l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a décroché une excellente deuxième place, une poignée de secondes derrière Primoz Roglic. De très bon augure pour le Franc-Comtois, qui se replace en deuxième position du classement général ce jeudi soir. À noter par ailleurs, la belle prestation de Bruno Armirail, dernier rescapé de l’échappée et repris à huit kilomètres de l’arrivée.
« J’ai pris beaucoup de plaisir à l’avant », Bruno Armirail
Au lendemain de la plus longue étape de ce Critérium du Dauphiné 2020, c’est la plus courte qui était proposée aux coureurs ce jeudi. Au programme, seulement 135 kilomètres entre Vienne et le sommet du Col de Porte, mais avant la bataille attendue entre les favoris, l’échappée avait – plus ou moins – le champ libre et celle-ci s’est formée après seulement dix minutes. La Groupama-FDJ avait choisi de placer un pion à l’avant et c’est Bruno Armirail qui a pris place dans un groupe de huit coureurs. « On voulait prendre l’échappée à partir de dix coureurs, racontait le Haut-Pyrénéen. Malheureusement, nous n’étions que huit et on ne nous a pas laissés beaucoup de temps ». En tête de peloton, la Jumbo-Visma du maillot jaune Wout van Aert et du favori Primoz Roglic a effectivement très vite cadenassé la course. « Nous avons eu trois minutes d’avance maximum, ce n’est pas assez, et on savait que les leaders voulaient se jouer la gagne aujourd’hui », poursuivait Bruno.
Quand bien même, le natif de Bagnères-de-Bigorre a tenu sa place à l’avant pendant un moment et s’est même montré parmi les plus costauds de l’échappée dans le final, et notamment dans la côte Maillet où les choses se sont clairement intensifiées. « On est parti à deux avec Michaël Schär dans l’avant-dernière montée puis il a bien roulé sur le plat », expliquait-il encore. Le duo a conservé une minute de marge sur le peloton dans la plaine menant au pied du Col de Porte. Armirail s’est alors détaché. « Schär avait sûrement mal aux jambes compte tenu de son échappée de la veille, exposait-il. J’étais plus frais que lui et j’ai donc essayé quelque chose dans la dernière montée. Même si je n’avais que 30 secondes d’avance sur le peloton, on ne perd rien à essayer. On ne sait jamais ». De fait, sur les seize kilomètres d’ascension, Bruno Armirail en a effectué la moitié en tête avant de voir un peloton très réduit le cueillir : « Si j’avais été repris à 4-5 bornes du sommet, j’aurais pu être utile à Thibaut. À 8 kilomètres, c’était trop loin pour qu’il attaque. J’aurais aimé aider Thibaut davantage mais j’ai quand même pris beaucoup de plaisir à être devant ».
« Je sens que je progresse », Thibaut Pinot
À mi-pente, une quarantaine d’unités composaient encore le peloton mené par le train Ineos. Thibaut Pinot était lui toujours accompagné de Sébastien Reichenbach et Valentin Madouas. La sélection s’est alors opérée par l’arrière jusqu’à deux kilomètres du sommet. Ils n’étaient alors plus qu’une vingtaine, et Thibaut Pinot a suivi une offensive d’Emmanuel Buchmann, réduisant le groupe des favoris à environ dix unités. La Jumbo-Visma a ensuite repris le contrôle jusqu’à 500 mètres de la ligne, moment choisi par Primoz Roglic pour effectuer son démarrage décisif. Pas directement dans la roue, Thibaut a contré avec un temps de retard et s’est finalement détaché du reste pour accrocher une très belle deuxième place, huit secondes derrière le lauréat du jour. « C’était une belle étape, les sensations étaient bonnes, commentait l’intéressé. On est simplement tombés sur plus fort. Il faut donc se satisfaire de cette deuxième place. À l’heure actuelle, je pense que Roglic est un ton au-dessus. Derrière, on est près d’une dizaine au même niveau. Personnellement, je sens que je progresse par rapport à l’Occitanie et c’est ce qui est important. Il me reste maintenant trois belles journées de montagne pour continuer à faire du mieux possible ».
« C’est une étape satisfaisante, ajoutait Philippe Mauduit. D’abord car on a vu Bruno s’exprimer à l’avant, il a pris du plaisir et aussi beaucoup de confiance. C’est quelque chose d’important lorsqu’on intègre un groupe comme celui-ci. Il était aussi satisfaisant de voir Thibaut dans ce final avec ses principaux rivaux, soit les meilleurs coureurs du peloton. Il continue de monter en puissance, c’est une certitude ». Le Franc-Comtois est désormais deuxième du général à douze secondes du maillot jaune. Grâce à une belle montée (12e), Sébastien Reichenbach pointe lui au onzième rang tandis Valentin Madouas (24e du général) permet à la Groupama-FDJ d’être ce jeudi soir deuxième du classement par équipes. Vendredi, lors de la troisième étape, le peloton ira se frotter au col de la Madeleine (18 km à 8%) avant une nouvelle arrivée au sommet du côté de Saint-Martin-de-Belleville (15 km à 6%). « À chaque jour suffit sa peine, concluait Philippe. On va prendre cette course au jour le jour comme on le fait bien souvent. Il peut se passer encore plein de choses sur cette course et les conditions météos sont très changeantes aussi (il y a eu une tempête de grêle après l’arrivée ce jeudi, ndlr). Il faut rester prudent et ne pas s’enflammer. C’est rassurant de voir les garçons faire ce qu’ils ont fait hier et aujourd’hui, mais on reste concentrés et l’important est de continuer à travailler, et à bien travailler ».
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