Sur les hauteurs de Salins-les-Bains, au sommet du Mont Poupet, Thibaut Pinot ambitionnait de lever les bras devant une foule acquise à sa cause. Un seul coureur l’a finalement empêché de concrétiser cette envie ce samedi, dans le deuxième acte du triptyque franc-comtois. Sur le Tour du Jura, le grimpeur de Melisey a ainsi buté sur Kevin Vauquelin dans les derniers kilomètres de montée et donc dû se contenter de la deuxième place sur la ligne. Au lendemain de son top-5 sur la Classic Grand Besançon, le leader de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a en revanche décroché son premier podium de la saison et envoyé de bons signaux pour la suite des événements. Dimanche, le Tour du Doubs viendra conclure le séjour de courses dans l’Est.
C’est une météo peu accueillante qui attendait les coureurs ce samedi de Poligny à Salins-les-Bains lors du Tour du Jura, deuxième round du week-end franc-comtois. Le programme du jour ne comprenait donc pas seulement 3000 mètres de dénivelé répartis sur 165 kilomètres, dont l’ascension finale du Mont Poupet. Il imposait aussi aux coureurs des conditions exécrables. « On s’attendait à une journée très compliquée avec la pluie et le froid, et c’est ce qu’il s’est passé, introduisait Thierry Bricaud. On n’a pas été surpris. Dans ces conditions, tu peux dresser tous les plans que tu veux au départ, tu ne sais pas comment vont réagir les organismes ». C’est avec ces perspectives que le peloton s’est élancé aux alentours de 10h30, avant qu’une échappée de douze hommes ne se compose avec Théo Delacroix, Morne Van Niekerk (St-Michel-Mavic-Auber 93), Mauro Verwilt, Jonas Geens (Tarteletto-Isorex), Luca Van Boven (Bingoal-WB), Vinzent Dorn (Bike Aid), Andreas Stokbro, Emil Vinjebo (Leopard TOGT), Xabier Mikel Azparren (Euskaltel-Euskadi), Rory Townsend (Bolton Equities-Black Spoke), Noa Isidore (CIC U Nantes Atlantique) et Nicolas Dalla Valle (Team Corratec). Le peloton s’est maintenu à environ trois minutes du groupe de tête, et Ronan Augé a notamment participé à la chasse dans la première moitié de course. Les coureurs ont arpenté la première côte du jour après soixante-dix bornes, mais c’est une vingtaine de kilomètres plus tard que les choses sérieuses ont débuté.
« Lorenzo a vraiment été dans le rôle qu’on attendait de lui », Thierry Bricaud
Dans la difficile côte de Thésy, Lenny Martinez a vivement accéléré le tempo. « On avait décidé d’être plutôt actifs pour justement ne pas subir les conditions climatiques, indiquait Thierry. Le but était de provoquer un premier vrai écrémage, et cela permettait aussi à Lenny de se réchauffer car il n’avait pas de bonnes sensations, il n’était pas bien. Ça pouvait aussi servir à le débloquer. Ça n’a pas été le cas, malheureusement, et Lenny a passé une sale journée, mais cela a au moins permis de relancer la course ». Par la suite, le peloton s’est en partie reformé derrière l’unique rescapé de l’échappée, Xabier Mikel Azparren, et a poursuivi sa route sur un solide rythme. Dans l’ascension et la descente de la côte de Chaux Champagny, plusieurs attaques ont fait irruption dans le peloton, et ce fût également le cas dans la côte de Mesnay à vingt-cinq kilomètres du but. Enzo Paleni, Lorenzo Germani et Reuben Thompson sont néanmoins restés bien soudés aux côtés de leur leader Thibaut Pinot. « Il y avait 2-3 descentes qui pouvaient être dangereuses avec le froid et la pluie, donc on a préféré prendre les commandes, indiquait Thierry Bricaud. On voulait déposer Thibaut au pied du Mont Poupet pour qu’il puisse faire sa montée et avoir une chance d’aller chercher la victoire. Lorenzo a fait un gros travail. Il avait envie de bien faire non seulement car il apprécie beaucoup Thibaut, mais aussi parce qu’il aime ces conditions. Il ne s’est pas posé de questions et il a vraiment été dans le rôle qu’on attendait de lui. Enzo a également fait du bon travail. Reuben n’était pas impérial aujourd’hui mais il a changé deux fois de vélo et l’a payé sur le final ».
Si Azparren a été repris dans les trente derniers kilomètres, la jeune garde de la Groupama-FDJ a en revanche dû s’activer en chasse derrière Alessandro Verre dans les vingt derniers kilomètres. Enzo Paleni a mené dans la dernière descente puis Lorenzo Germani a repris les rênes au passage dans Salins-les-Bains. Le jeune Italien a assumé seul dans la première partie de l’ascension finale et ramené un peloton très amaigri à trente secondes de l’homme de tête au moment d’attaquer les pentes le plus coriaces du Mont Poupet, à quatre bornes du terme. À la suite d’un ultime effort du Transalpin, Thibaut Pinot a lancé une première offensive et établi un premier tri. D’autres concurrents ont accéléré dans la foulée, sans se détacher, et c’est finalement Kevin Vauquelin qui a produit l’attaque décisive à environ deux kilomètres du sommet. « C’est une bosse où on ne peut pas tricher, ça se fait vraiment à la pédale, disait Thibaut. Kevin a laissé faire puis nous a contrés, on s’est un peu regardés et on savait que ça allait être compliqué de revenir. Sur la fin, on s’est un peu rapproché mais on le voyait à peine avec le brouillard. Il était plus fort aujourd’hui et il n’y avait pas grand-chose de plus à faire ». À la bataille pour les places d’honneur, le Franc-Comtois a tout de même pu sécuriser une belle deuxième place à dix-sept secondes du lauréat. « Nos jeunes ont encore fait un travail extraordinaire, insistait Thibaut. Lorenzo, en particulier, a été vraiment costaud. Je voulais finir le travail pour eux mais il me manque un petit truc pour gagner. C’était une journée compliquée au niveau des sensations, mais j’aurais voulu gagner pour remercier tout le monde. Ceci étant, je suis quand même content de cette deuxième place ».
« Ça fait plaisir de répondre présent », Thibaut Pinot
Cinquième la veille au sommet de La Malate sur la Classic Grand Besançon Doubs, Thibaut Pinot a en effet établi son meilleur résultat de la saison ce samedi, dans des conditions météorologiques rugueuses. « Thibaut était bien sans être impérial, analysait Thierry. Quand on voit son niveau aujourd’hui, alors qu’il sort de stage et que son objectif reste le Giro, je pense qu’il peut repartir avec des certitudes. C’est plus que rassurant. Cela valide le fait qu’il a fait un bon stage et qu’il est en bonne forme. Cinquième et deuxième, il est dans le match pour la victoire et ça va lui donner de la confiance ». « J’ai chopé une bonne grippe après Tirreno, j’ai observé une coupure et je sors d’un stage où il faisait très chaud, énumérait Thibaut. Plein de petites choses font qu’il est dur d’être à 100% et il ne faut pas oublier que l’objectif est dans trois semaines. J’espère monter en puissance au fur et à mesure mais je suis plutôt rassuré sur ma condition. Ça fait plaisir de répondre présent sur ces courses-là. Il y a quand même beaucoup de positif à retirer de cette journée. Tout le monde parle de tournée d’adieux mais je veux montrer sur le terrain que je ne suis pas seulement là pour faire des photos et signer des autographes, je veux aussi gagner des courses ». Une nouvelle opportunité se profile dès demain sur le Tour du Doubs, qui s’achèvera pour l’occasion au sommet de la montée du Larmont. « Il manque maintenant la victoire qui viendrait couronner nos belles performances, ponctuait Thierry. Qui plus est, c’est une manche de Coupe de France FDJ demain. L’arrivée peut nous convenir, mais la course est plus longue et la météo sera meilleure ». « On va tâcher de bien récupérer dans un premier temps, ajoutait Thibaut. On a fait deuxième hier et aujourd’hui, et j’espère qu’on ira chercher cette victoire car je pense qu’on la mérite ».
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