Cela devait être sa journée, et l’a été, bien qu’il ait ce samedi dû partager le devant de la scène. Thibaut Pinot attendait cet unique contre-la-montre du Tour de France 2020 vers la Planche des Belles Filles depuis plusieurs mois. Il n’a certainement pas regretté le déplacement, ni les efforts consentis depuis sa chute de la première étape pour arriver jusqu’à ce jour. Sur ses routes d’entraînement, le Franc-Comtois a été copieusement encouragé tout au long du parcours, qu’il a d’ailleurs bouclé en 19ème position. C’est par une note plus réjouissante qu’il achève son Tour avant l’arrivée officielle, demain, sur les Champs Élysées.
« J’étais dans mon monde », Thibaut Pinot
La Haute-Saône et Mélisey n’attendaient que lui. Les grandes festivités avaient été préparées depuis plusieurs semaines dans le fief de Thibaut Pinot, au pied de la Planche des Belles Filles, qui accueillait cette année le contre-la-montre final et décisif de la Grande Boucle. Le public aurait certainement espéré voir l’enfant du pays se présenter au départ de l’épreuve chronométrée dans d’autres circonstances, mais pour autant, la foule s’était bel et bien massée au bord des routes pour apercevoir, supporter et redonner le sourire à Thibaut Pinot. Troisième coureur de l’équipe à s’élancer dans cette vingtième étape, le Franc-Comtois a pris le départ à 16h16, et s’en sont suivis une petite heure et 36,5 kilomètres de folie entre Lure et la Planche des Belles Filles.
« J’ai eu des frissons, beaucoup de frissons, souriait Thibaut à l’arrivée, après avoir établi le sixième temps provisoire. C’était top ! Il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Je ne m’attendais pas à ça. Quand je roulais à 50 km/h dans Melisey et que le public s’écartait devant moi, ça faisait un peu peur, mais c’était tellement bon ! C’est incroyable le soutien que j’ai reçu aujourd’hui, et je m’en suis rendu compte en roulant. Parfois, j’étais même complètement perdu, j’avais l’impression d’être ailleurs, dans mon monde, et c’était bon à vivre. Je ne sais pas si j’aurai l’occasion de revivre de telles émotions dans ma carrière, mais en tout cas, celles-ci sont désormais gravées dans ma mémoire. Je pense qu’il n’y aura pas un chrono dans mon village chaque année, et c’est pour ça qu’il fallait savourer aujourd’hui. Au niveau des sensations, c’était correct. J’ai pris du plaisir même si j’avais mal aux jambes. J’ai tout donné. En pleine possession de mes moyens, c’est un chrono qui aurait pu me plaire ».
« Thibaut s’est appliqué à bien faire le travail », Philippe Mauduit
Installé dans la voiture suiveuse en compagnie de l’autre enfant du pays, Julien Pinot, Philippe Mauduit a pu saisir l’effervescence autour du leader de la Groupama-FDJ. « Julien et Thibaut étaient dans leur jardin aujourd’hui, et ce devait être très spécial pour eux, notait-il. Le public était évidemment acquis à sa cause. Il était venu pour le voir et pour le soutenir, et ça se percevait extrêmement bien par l’atmosphère qui régnait sur le bord de la route. Quand tu arrives chez toi, tu as toujours envie de donner le meilleur. Même s’il est loin de son meilleur potentiel et de sa meilleure condition, Thibaut s’est appliqué à bien faire le travail. Le top 20 à l’arrivée reste anecdotique par rapport aux ambitions qui étaient les siennes en début de Tour, mais aussi par rapport à ce qu’il a vécu aujourd’hui ».
Le contre-la-montre a par ailleurs offert un sacré retournement de situation ce samedi, puisque Tadej Pogacar a renversé son compatriote slovène Primoz Roglic de son siège de leader, s’emparant également du maillot blanc et du maillot à pois de ce Tour de France. Une 107ème édition qui se conclura comme de coutume demain, sur les Champs Élysées, à Paris. « Ils annoncent de la pluie, prévient Philippe, alors ça peut être très périlleux sur le final. Si le pavé reste sec, les garçons auront la liberté d’aller se faire plaisir et de prendre l’échappée, de tenter un coup dans le final. Si le pavé est mouillé, en revanche, on ne leur donnera pas de mauvaises idées. Ce n’est certainement pas l’étape où il faut prendre des risques ».
1 commentaire
GABRIEL MALATRAY
Le 21 septembre 2020 à 10:48
BRAVO THIBAUT pour votre courage….Cela en dit beaucoup sur votre personnalité exceptionnelle.
Reposez vous bien et vous verrez ROUGE sur la Vuelta.