Bis repetita pour Thibaud Gruel ! Tout comme en 2023, le jeune Français a vendredi décroché sa toute première victoire de la saison sur le Circuit des Ardennes, sous le maillot de « La Conti », qui ouvre également son compteur en 2024. Après un joli travail collectif, le néo-pensionnaire de l’équipe WorldTour a dominé une arrivée en bosse à Hardoncelle, et s’est emparé des rênes du classement général. Le week-end s’annonce en revanche coriace.
Au lendemain d’une première étape venteuse où il avait assuré l’essentiel en terminant dans le premier peloton (7e), Thibaud Gruel avait des ambitions plus nettes vendredi en direction de Hardoncelle. « C’était une étape classique des Ardennes, avec beaucoup de petites routes, rendues un peu glissantes un peu par la pluie et la boue en bord de route, indiquait Jérôme Gannat. Sur le final, on faisait deux fois une boucle de vingt kilomètres avec une arrivée en haut d’une côte. Elle était assez raide, 1700m à 7% de moyenne, avec des petits passages à 9-10%. Elle convenait bien à Thibaud qui avait gagné sur une étape similaire l’an passé, mais aussi à Paul Magnier et au vainqueur de l’an passé, Mathias Bregnhøj ». Avant l’explication attendue, six hommes ont animé la journée à l’avant mais sans jamais inquiéter le peloton. Celui-ci a seulement été interrompu dans sa marche en avant par quelques chutes en cours de route, dont celle de Thibaud Gruel. « Je suis tombé au kilomètre 80 dans un virage glissant, disait le jeune homme. Je n’avais rien de grave, et le vélo non plus, donc je suis reparti. Les schémas de course en Classe 2 sont en tout cas différents de ceux avec la WorldTeam. Il n’y a pas trop de moments de répit, c’est toujours un peu en prise. Les kilomètres passent un peu différemment. C’était usant ».
« Une victoire qui fait du bien », Thibaud Gruel
Après une longue chasse, l’échappée du jour a finalement été revue dans la deuxième de trois montées d’Hardoncelle. « Lors du deuxième passage, il y avait un sprint bonification, où Thibaud a fait septième, confiait Jérôme. Il était prévu qu’il ne se livre pas totalement car cela l’aurait contraint à un gros effort à vingt kilomètres de l’arrivée. Dans ce passage, le peloton a perdu quelques éléments dont le maillot jaune ». « J’ai relancé la course au deuxième passage dans la bosse, puis dans le dernier tour je me suis posé et j’ai économisé mon énergie au maximum pour arriver frais et bien placé au pied de la dernière bosse », complétait le jeune homme. Le peloton est resté relativement groupé puis la guerre de positions a fait rage. « Après avoir perdu Joshua Golliker et Max Bock hier, nous n’étions plus que quatre, mais l’objectif était de placer Thibaud à deux kilomètres de l’arrivée car il y avait un rétrécissement, précisait Jérôme. Il y a eu un beau travail de Maxime Decomble puis un relais jusqu’au kilomètre de Brieuc Rolland ». « Brieuc et Maxime m’ont vraiment parfaitement placé, assurait Thibaud. C’est vraiment dommage qu’il n’y ait pas eu la télé pour en témoigner. J’étais troisième au pied de l’ascension quand ça a commencé à mettre en route ».
Alors parfaitement dans les clous, le jeune homme de 20 ans a attendu son heure. « Il y a eu une grosse accélération de l’équipe de Bregnhøj, et ils se sont retrouvés à cinq à 500-600 mètres », initiait Jérôme. « J’ai déclenché mon effort à 250 mètres de la ligne et j’ai fait le trou à ce moment-là, poursuivait Thibaud. Je me suis retourné, j’ai vu que j’avais un peu d’avance, et j’ai pu lever les bras au bout de l’effort ». Avec le maillot de meilleur Français porté par procuration, le Tourangeau a même devancé son plus proche concurrent de trois secondes, et le troisième de cinq secondes. Il s’est de fait porté en tête du classement général. « C’est une belle journée et une victoire qui fait du bien », confiait le coureur, membre de l’Équipe cycliste WorldTour Groupama-FDJ depuis le mois dernier. « Thibaud a un statut un peu particulier, glissait Jérôme. Il est passé dans la WorldTeam de manière anticipée, mais il faisait partie de notre effectif en début de saison. Comme il le dit lui-même, même s’il évolue désormais en WorldTour, il a à cœur de briller sur ces courses-là. Il s’était mis un peu la pression car il savait qu’il pouvait faire quelque chose dans ce type d’arrivée. Il est encore Espoir 2, il a 20 ans, et il continuera d’avoir un mix entre programme WorldTour et programme Conti. C’est un bon compromis car il joue la gagne lorsqu’il revient en Classe 2, et c’est toujours important pour un coureur d’avoir cette petite lumière de la victoire ».
« On va défendre le maillot avec les moyens du bord », Jérôme Gannat
« La Conti » Groupama-FDJ a quant à elle obtenu son premier succès de l’année, à l’occasion de son quatorzième jour de course seulement. « L’équipe n’a pas beaucoup couru depuis le début de saison, donc ça fait du bien, confiait Jérôme. Le mois de mars a été très particulier. Beaucoup de coureurs de La Conti ont disputé des manches de Coupe de France avec la WorldTeam. Il était nécessaire qu’on se retrouve sur des courses comme celle-ci, avec un effectif plutôt orienté grimpeurs/puncheurs ». Cet effectif va désormais tenter de défendre le maillot jaune obtenu vendredi. « Samedi, c’est la fameuse étape dans la montagne des Ardennes, nuançait Jérôme. Elle ne fait que 140 kilomètres mais il y a 3500 mètres de dénivelé, neuf grands prix de la montagne et certaines bosses assez difficiles. Qui plus est, nous ne sommes que quatre. Thibaud peut éventuellement passer les difficultés, mais ça va être compliqué. On va défendre le maillot avec les moyens du bord et jouer au niveau tactique avec les autres équipes. On ne pourra pas gérer tout seuls ».
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