C’est reparti pour un an ! Jusqu’à l’été prochain, Stefan Küng continuera d’arborer son maillot étoilé, signe de champion d’Europe, dans la discipline du contre-la-montre. Face à une adversité redoutable ce jeudi, le Suisse s’est magistralement imposé au terme des 22,4 kilomètres tracés autour de Trento, en Italie. Devançant notamment le champion du monde Filippo Ganna et Remco Evenepoel, Stefan Küng est désormais lancé vers un objectif plus grand encore…
« Une vraie performance de référence », Julien Pinot
Ils étaient trente-neuf, ce jeudi, au départ de l’édition 2021 du championnat d’Europe du contre-la-montre. Parmi eux, seuls quelques-uns pouvaient néanmoins prétendre au sacre sur le parcours de Trente. « C’était un chrono hyper roulant, présentait brièvement Julien Pinot, l’entraîneur du vainqueur sortant Stefan Küng. C’étaient vingt-deux kilomètres vraiment plats ». Avant que le Suisse ne s’élance pour défendre sa couronne, à 16h38, un autre sociétaire de la Groupama-FDJ l’a précédé sur la rampe de lancement en la personne de Bruno Armirail. Parti à 16h11, le vice-champion de France de la spécialité en a terminé vingt-six minutes et quatre secondes plus tard, à une vitesse moyenne de 51,5 km/h. À cet instant, Stefan Bissegger détenait alors la meilleure marque en 24’52. La bataille pour l’or s’est néanmoins concentrée sur les tous derniers partants. Filippo Ganna a ainsi établi la meilleure marque provisoire à l’intermédiaire, une seconde devant Remco Evenepoel alors que Stefan Küng passait avec un léger débours de trois secondes. « Il savait très bien ce qu’il fallait faire, poursuivait Julien. À partir du moment où il n’y avait presque pas de vent et que le circuit était très plat, il y avait simplement une zone cible à maintenir. Il y avait quelques parties en ville mais ce n’était pas hyper technique. Les ronds-points se passaient bien. C’était un vrai chrono, qui faisait uniquement parler la puissance et l’aérodynamisme. Au niveau du matériel. Tout était prêt à 300% et lui a parfaitement géré son effort. Il avait vraiment d’excellentes jambes. Il était à trois secondes au pointage mais n’a pas coincé du tout sur le retour, là où les autres ont coincé un petit peu ».
« C’était un parcours très rapide, et même s’il y avait un léger vent de dos dans la deuxième partie, je crois qu’il était très important de garder de la puissance pour les virages et les petits ponts du final, de sorte à toujours maintenir la vitesse, confiait Stefan. J’avais un plan et je l’ai parfaitement exécuté. Je savais que ça allait se jouer à très peu et qu’il fallait être réactif dans toutes les relances, faire attention à tous les détails. Quand je suis passé à trois secondes du meilleur temps à l’intermédiaire, je me suis dit que j’étais bien parti, car je savais que je pouvais finir plus fort encore. Aussi, étant donné que j’ai perdu de la médaille pour un rien à Tokyo, je me suis dit que ça pouvait se jouer à peu de choses et qu’il fallait absolument tout donner pour ne pas que ça se reproduise. J’ai juste pensé à pousser, pousser et encore pousser ». À l’arrivée, la marge n’était pourtant pas si restreinte. En qualité de dernier concurrent, le rouleur helvète a parfaitement négocié les derniers virages avant de débouler dans la dernière ligne droite et d’effacer la marque de Ganna, de sept secondes, pour une vitesse moyenne flirtant avec les 55 km/h ! « Il a mis dix secondes à Ganna après l’intermédiaire, il a fait un très très gros retour », témoignait Julien. C’est donc avec la manière et face à une opposition encore plus relevée qu’en 2020 que Stefan Küng s’est adjugé son second titre européen consécutif. « C’est extraordinaire de réussir à défendre ce maillot car il y avait quasiment tous les spécialistes présents ici, ajoutait Stefan. Je suis passé proche plusieurs fois, et j’ai toujours dit qu’il fallait juste tous les battre dans la même journée. Ça a été le cas aujourd’hui et ça fait super plaisir de conserver ce maillot ». « Battre Ganna, chez lui, sur un chrono tout plat et pas trop long, c’est une vraie performance de référence », complétait Julien.
« Mon grand objectif est d’endosser un autre maillot », Stefan Küng
Ce succès majeur intervient également après plusieurs places d’honneur notables mais frustrantes au cours des derniers mois, en particulier sur le Tour de France (2e et 4e) et les Jeux Olympiques de Rio (4e). « Stefan est un perfectionniste, il cherche à la fois la perfection dans l’effort et dans le résultat, rappelait Julien Pinot. Il n’y a que la victoire qui l’intéresse. Or, le niveau est hyper élevé et homogène entre quelques coureurs. Il n’y a pas une hiérarchie unique. C’est la raison pour laquelle on prend chaque chrono comme un événement à part entière. Aujourd’hui, ça lui a souri et c’est bien mérité compte tenu de tout l’investissement qu’il met dans sa préparation de chaque rendez-vous. Pour lui, chaque chrono est une échéance, il essaie de tout faire à 300%. C’est important d’avoir une satisfaction comme celle-ci pour récompenser tout son travail, celui de l’équipe, des mécanos, de Jürgen, du pôle performance ». « Quand tout le travail qu’on effectue avec l’équipe paie, ça fait vraiment plaisir, car c’est pour ça qu’on le fait, confirmait Stefan. C’est magnifique d’être récompensé par une telle victoire et ça donne la motivation de tout donner jusqu’aux Mondiaux ». Car à peine la ligne d’arrivée franchie, le Suisse avait déjà la tête tournée à son prochain rendez-vous. « Je suis vraiment fier de conserver ce maillot, mais mon grand objectif est d’en endosser un autre le 19 septembre à Bruges, disait-il. C’est l’objectif que j’ai en tête depuis Tokyo ». « Ça arrive très vite, concluait Julien. Sa forme va crescendo. Cela va lui donner de la confiance pour bien passer ces dix jours sans se relâcher ou se reposer sur ses lauriers, car ça reste une épreuve à part. Ce sera plus long (43 kilomètres) mais de nouveau tout plat. Il faudra basculer sur un effort plus prolongé, ce qui ne le désavantage pas forcément par rapport aux autres, mais on va continuer de bien rester concentré. »
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