Cette fois-ci, Stefan Küng n’a pas laissé d’espoirs à quiconque. À l’occasion du contre-la-montre inaugural du Tour de Suisse, le coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a dicté sa loi à domicile. Pour devancer ses principaux rivaux Remco Evenepoel et Wout Van Aert, il lui a fallu dévaler le parcours de 12,7 kilomètres à Einsiedeln à une vitesse moyenne de 56,3 km/h. Bel et bien prophète en son pays, il a devancé le champion de Belgique, son dauphin, de six secondes, et ainsi apporté à l’équipe son premier succès en WorldTour de la saison. Lundi, « King Küng » prendra la direction de Nottwil avec le maillot jaune sur les épaules.
À peine le Critérium du Dauphiné terminé qu’un autre front WorldTour s’ouvrait ce dimanche, de l’autre côté des Alpes. Et c’est donc avec un contre-la-montre individuel que le Tour de Suisse s’initiait à Einsiedeln, où une boucle de 12,7 kilomètres devait consacrer le premier vainqueur. « Le parcours était très rapide, essentiellement plat, avec une bosse finale de 400 mètres et il fallait donc en garder sous la pédale pour faire un dernier gros effort, exposait Anthony Bouillod, entraîneur de l’équipe. Il y avait quelques courbes, mais pour les spécialistes, elles se passaient en position sans problème. Le seul élément qu’il fallait prendre en compte dans la gestion de l’effort, c’était le vent, car il a tourné en cours de journée. On avait pris le parti d’étaler un peu nos spécialistes, et c’est pour cela qu’on avait choisi de faire partir Romain au début ». Parmi les premiers à s’élancer, le récent vainqueur des 4 Jours de Dunkerque Romain Grégoire s’est d’ailleurs fait remarquer. Il s’est ainsi octroyé le meilleur temps provisoire, en 14’06, et n’a été battu qu’une demi-heure plus tard par le champion d’Italie de la discipline Matteo Sobrero. Le jeune Français est pour autant demeuré sur le podium provisoire pendant encore un moment, puis a progressivement reculé avec le passage de certains outsiders, à l’instar de Miles Scotson, cinquième au moment de son arrivée. « C’est un très bon chrono pour Romain (19e), surtout pour son premier au niveau WorldTour », confiait encore Anthony.
« On a adapté un peu le plan pour être dans le vrai », Anthony Bouillod
Peu après 16h30, Magnus Shefflied s’est doté de la meilleure marque provisoire, mais les grands favoris s’apprêtaient seulement à partir. Derrière le champion d’Europe Stefan Bissegger, Stefan Küng était attendu à 16h51, deux minutes avant Wout Van Aert et quatre avant Remco Evenepoel. C’est donc dans cette tranche horaire que tout devait se décider, et au point intermédiaire, le rouleur de la Groupama-FDJ passaità seulement une seconde de l’Américain, mais une seconde devant le champion de Belgique et quatre devant Van Aert. « Avec le changement de sens du vent, on a adapté un peu le plan pour être dans le vrai, ajoutait Anthony Bouillod. À la base, avec le vent de face à l’aller et de dos au retour, l’idée était de pousser un peu plus fort à l’aller. On a décidé de faire l’inverse et de ne pas partir trop fort pour avoir la ressource de mettre un cran supplémentaire avec le vent de face. C’était le petit détail qui pouvait faire la différence ». Et c’est justement dans cette seconde portion que Stefan Küng a fait valoir toute sa puissance. Sur la ligne, il a d’abord effacé Sheffield des tablettes pour onze secondes en 13’31, puis a vu les deux coureurs belges se heurter à sa marque. Van Aert a concédé dix secondes, Evenepoel six, et le Suisse a dès lors pu laisser exploser sa joie derrière la ligne, sachant laconcurrence principale battue.
« C’est un tel soulagement », Stefan Küng
Quelques minutes plus tard, Stefan Küng a été officiellement déclaré vainqueur de l’étape, sa troisième victoire en carrière sur le Tour de Suisse, et sa deuxième cette saison. « C’est un tel soulagement de gagner, qui plus est ici devant mon public, ma famille, ma femme, mon fils, confiait Stefan. Ça a étécourt du Giro au Tour de Suisse. J’ai fait un stage en altitude, j’ai travaillé très très dur et je me sentais vraiment fatigué mercredi soir. Je me suis donc focalisé sur la récupération, et même si je n’étais pas à 100% confiant, voir tous mes amis et ma famille m’a clairement donné un surplus de motivation. Je savais que je pouvais bien faire, mais je ne voulais pas avoir de trop grandes attentes. De toute façon, je donne toujours tout, et aujourd’hui ça a marché. Il y avait du lourd aujourd’hui, et avec les dernières démonstrations de Remco sur le Giro, il n’était pas dit que je puisse gagner. Je suis tellement heureux de l’avoir fait après être passé si proche tant de fois ». « On est vraiment très contents pour Stefan, car il est si souvent passé à pas grand-chose, confirmait Anthony.On sait aussi son niveau d’investissement dans cette discipline. C’est rassurant de voir que ça paie. Pour sa motivation, c’est aussi une bonne chose qu’il réalise qu’il est en capacité de gagner même face aux meilleurs du monde, comme c’était le cas aujourd’hui. Je pense que ça va lui faire du bien ».
Ce dimanche soir, Stefan Küng a également endossé le maillot jaune de leader, qu’il étrennera demain avec fierté dans une étape propice aux sprinteurs. « Je veux honorer le maillot et donner le meilleur, ajoutait-il. Je pense que je peux le défendre demain et on verra ensuite assez vite comment ça va dans la montagne. Je ne peux rien promettre, mais je vais me battre c’est sûr ». « On ne pouvait pas commencer de meilleure façon, concluait Anthony. Ça va mettre l’équipe sur de bons rails, et on a d’ailleurs une équipe polyvalente qui va pouvoir s’exprimer cette semaine ».
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