Il n’y a pas eu de place pour d’éventuelles échappées, ce dimanche, dans la huitième et dernière étape d’une « Course au Soleil » paradoxalement achevée dans l’humidité niçoise. Les favoris ont bataillé durant toute la journée à travers les différentes ascensions, mais cela n’a pourtant pas empêché Stefan Küng d’exhiber sa grande forme en demeurant au contact pendant une bonne partie de l’étape. Le rouleur suisse a même terminé au sein du premier groupe de poursuivants et s’est octroyé une superbe sixième place sur la Promenade des Anglais. Il achève ainsi l’épreuve en 21ème position, deux places derrière son coéquipier Quentin Pacher. Valentin Madouas repart pour sa part avec le maillot de meilleur grimpeur.
« Ça fait du bien au moral », Stefan Küng
Assez ironiquement, la 80ème édition de la « Course au Soleil » s’est conclue ce dimanche sous la pluie. L’étape était annoncée courte, avec seulement 115 kilomètres à parcourir, mais la journée s’annonçait longue à travers les massifs de l’arrière-pays niçois. À l’instar des jours précédents, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ lorgnait l’échappée dans cet ultime acte, mais les quelques tentatives intervenues peu après le départ sur les coups de 14 heures n’ont pas abouti. Et très vite, le peloton a vu se présenter la Côte de Levens où les choses sérieuses débutaient déjà. « Il y a eu un rythme d’enfer et donc pas d’échappée aujourd’hui, expliquait Philippe Mauduit. Pour nous, le plan B était alors d’essayer de s’accrocher le plus longtemps avec les costauds et de croiser les doigts pour que ça temporise à un moment. Ça n’a jamais été le cas. Quand c’est comme ça, on fait ce qu’on peut. On dit aux coureurs de continuer à se battre dans le cas où une ouverture se présente, et que si elle n’arrive pas, les efforts consentis seront au moins utiles pour leur progression ». Alors que son compère breton David Gaudu avait été contraint au forfait le matin-même, Valentin Madouas était lui rapidement écarté de la bagarre dans cette étape. « Valentin a crevé au plus mauvais moment, au pied de la première montée, détaillait Philippe. On était bloqués par la file des voitures et nous n’avons pas pu le dépanner rapidement. Le peloton a explosé dès la première montée, et même s’il a remonté de groupe en groupe, il n’a jamais réussi à réintégrer le peloton qui était déjà trop loin. Malgré tout, pendant ce temps-là, Quentin avait assuré en prenant les points de la montagne devant, de façon à s’assurer que personne ne puisse revenir au classement ».
Quentin Pacher a ainsi franchi les deux premières difficultés du jour en tête alors que le peloton se réduisait déjà à une petite quarantaine d’unités. Ils étaient encore moins que ça au pied de la troisième ascension du jour, la côte de Berre-les-Alpes. Le puncheur occitan figurait donc au sein de ce groupe maillot jaune aux côtés de son acolyte suisse Stefan Küng. Tous deux sont restés au contact avant que les favoris n’entrent en action dans la côte de Peille, à environ cinquante kilomètres du but. Les meilleurs grimpeurs se sont isolés en tête, mais Stefan Küng parvenait lui à raccrocher un joli groupe de poursuite au sommet pour entamer la descente vers le Col d’Èze. Dans cette ultime montée, à un second échelon, le double champion d’Europe du contre-la-montre s’est montré parmi les plus à l’aise et a pu franchir le sommet en bonne position. À l’avant, Simon Yates s’isolait pour conquérir la victoire d’étape alors que Primoz Roglic s’assurait le gain du général. Deux minutes plus tard, Stefan Küng en a terminé au sein d’un petit groupe se disputant la quatrième place. Au sprint, le Suisse a finalement hérité de la sixième, au terme d’une journée colossale de sa part. « C’était une course de costauds, racontait Stefan. Je me sentais bien et j’ai réussi à m’accrocher. Parfois, je me surprenais moi-même dans les montées. Ça fait en tout cas plaisir de terminer dans le top-10. Finir sixième d’une étape comme celle-là, à la pédale, parmi tous les grimpeurs, ça fait du bien au moral. Le deuxième objectif de ce Paris-Nice était de faire un bon bloc de préparation en vue des Classiques. Je pense que je l’ai rempli ». « Stefan a fait une très grosse étape, soulignait Philippe. Tout le monde le range évidemment dans la catégorie des très bons rouleurs, mais c’est aussi un coureur qui a des aptitudes pour passer des bosses de 5-6 kilomètres. Il l’a déjà démontré par le passé et il a aujourd’hui réalisé une très belle journée ».
« Il y a plein de belles satisfactions », Philippe Mauduit
Au terme de cette dernière étape sans répit, l’Helvète de 28 ans est remonté au 21ème rang du général, soit juste deux places derrière son collègue Quentin Pacher, 23e de l’étape et 19e au final. Valentin Madouas a lui terminé un peu plus loin mais a eu la chance de grimper sur le podium protocolaire pour se voir remettre le maillot blanc à pois rouges pour la dernière fois. « Ça n’a pas été une journée facile aujourd’hui, disait le Brestois. Après avoir crevé, j’ai fait un contre-la-montre, tout seul, pendant toute la course. J’ai doublé les coureurs un par un et je me suis rassuré par rapport à mes sensations, qui étaient très bonnes aujourd’hui. Ce maillot est une belle récompense, et je suis vraiment très satisfait de ma performance. C’est aussi très bien pour l’équipe. On n’a pas eu beaucoup de chance sur cette course et ça permet de ramener un petit quelque chose ». Philippe Mauduit tirait enfin un bilan imagé : « La crevaison au plus mauvais moment de Valentin résume bien notre semaine, tout comme la sixième place un peu inattendue de Stefan conforte ce résumé de la semaine. On n’a pas réussi à faire ce qu’on voulait car on n’a pas été gâté par les évènements. Pour autant, il y a plein de belles satisfactions. On a vu les coureurs solidaires et vaillants malgré les éléments. Ils se sont remis en question et n’ont jamais baissé les bras. On peut leur tirer un grand coup de chapeau pour ça, et pour tout le travail qu’ils ont effectué cette semaine. Ils en récolteront les fruits, c’est certain ».
1 commentaire
Jac34
Le 14 mars 2022 à 07:29
La chute de David a en effet douché les espoirs d’une victoire cependant Stefan et Quentin ont souvent été à l’avant et fait honneur au maillot. Valentin plus souvent en arrière plan a cependant tiré son épingle du jeu avec un beau maillot.