Le Tour de France a ce vendredi quitté les Alpes pour rejoindre Saint-Etienne, mais cette treizième étape n’a rien eu d’une transition. Dans une journée menée tambours battants, Stefan Küng est parvenu à créer une brèche en début de course pour prendre les devants et intégrer la bonne échappée. S’il a ensuite tenu tête au peloton avec ses compagnons de fuite, il n’a malheureusement pu accompagner l’attaque décisive à douze kilomètres du but. À l’arrivée, il a alors dû se contenter de la quatrième place, trente secondes derrière le vainqueur Mads Pedersen.
Du Bourg d’Oisans au pied du Chaudron de Geoffroy Guichard, la bataille s’annonçait enflammée sous des chaleurs quasi-caniculaires ce vendredi. Le profil intermédiaire de la treizième étape de la Grande Boucle laissait présager une réelle empoignade pour la victoire d’étape. « Ce matin, on envisageait que l’échappée puisse aller au bout, racontait Philippe Mauduit. On savait que ce ne serait pas chose aisée et que toutes les équipes de sprinteurs allaient rouler aujourd’hui, car il s’agissait d’une de leurs rares chances restantes. On avait désigné plusieurs coureurs pour aller dans l’échappée, et Stefan en faisait partie ». Comme attendu, la lutte a été féroce dans les premiers kilomètres, d’ailleurs effectués en faux-plat descendant. C’est alors dans la première difficulté du jour, après environ trente kilomètres, qu’un coup s’est dégagé à la pédale. À l’initiative, Stefan Küng, accompagné par Filippo Ganna et Matteo Jorgenson. « Cela fait douze jours que je peine un peu sur ce Tour de France, racontait l’intéressé. J’ai attrapé le Covid juste après le Tour de Suisse, et j’ai depuis du mal à retrouver mes meilleures jambes. Mais aujourd’hui, ça allait bien en début d’étape donc je me suis dit ‘’on va y aller’’ ». « Il a fait un gros numéro pour déclencher l’échappée », soutenait Philippe. Le trio est parvenu à prendre une vingtaine de secondes d’avance alors que divers contres se sont enchaînés dans le peloton. Les deux spécialistes du contre-la-montre et le jeune Américain ont toutefois maintenu le cap, et seuls quatre hommes les ont finalement rejoints après quasiment cinquante kilomètres de bataille : Quinn Simmons, Mads Pedersen, Hugo Houle et Fred Wright.
« Quand il y a des opportunités, il faut essayer de les saisir », Philippe Mauduit
L’intensité n’a pourtant pas décliné puisque différentes équipes de sprinteurs ont d’emblée souhaité maintenir l’échappée à deux minutes. S’est alors engagé un réel bras de fer sur l’ensemble de l’étape entre les deux groupes. Peu après la mi-course, les hommes de tête ont encore augmenté l’allure, et le peloton s’est une première fois résigné, à l’entrée dans la dernière heure de course. La formation BikeExchange-Jayco a bien tenté de reprendre les rênes, mais trop tard. L’échappée s’est donc présentée au pied du long faux-plat vers Saint-Etienne avec l’assurance de se jouer la victoire. Les hostilités ont repris à douze kilomètres du but, sur les dernières pentes de la journée, et Mads Pedersen a réussi à s’envoler avec Fred Wright et Hugo Houle, Stefan Küng étant lui contraint de céder du terrain. « On a longtemps été trois devant, et ce sont ces trois-là qui se font lâcher à la fin, pointait Stefan. On a dépensé beaucoup d’énergie, et comme je ne suis pas encore à 100%, ce n’était pas suffisant pour aller chercher la victoire. Juste avant l’attaque de Pedersen, Frédéric Guesdon m’avait dit de faire gaffe. J’ai tenté de le suivre mais il avait des jambes de feu et j’étais trop court. Je n’ai pas pu reprendre les roues ». Deux trios se sont ainsi formés dans le final, et le premier a relativement bien collaboré pour empêcher le retour du second. Mads Pedersen s’est alors offert la victoire alors que Stefan Küng a réglé Matteo Jorgenson et Filippo Ganna pour la quatrième place du jour. « On peut noter la grosse performance de Stefan, ainsi que le collectif qui a derrière encore fonctionné autour de David, ajoutait Philippe Mauduit. Quand il y a des opportunités, il faut essayer de les saisir car il n’y en a pas beaucoup sur le Tour de France. C’était le cas aujourd’hui. On verra pour les prochains jours ».
David Gaudu, pour sa part, a terminé dans un peloton assez étoffé et conservé sa septième place au classement général. « Sur le papier c’était une étape de transition, mais on savait qu’il y allait avoir du monde pour essayer de contrecarrer les plans des sprinteurs, et ils ont réussi, glissait le Breton. Le but pour moi était de m’accrocher au maximum en lâchant le moins de forces possible. Ça a encore été une étape très dure, et elle va laisser des traces ». Samedi, les coureurs prendront la direction de Mende pour une arrivée au sommet de la fameuse côte de la Croix-Neuve (2,9 km à 10,5%). « La dernière fois, en 2018, il y en avait un peu de partout parmi les favoris, se remémorait David. Je sais déjà que Pogacar va attaquer dès le pied pour essayer de reprendre du temps. Il va falloir être prêt mentalement pour le départ et la bagarre finale ».
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