Le « mini Tour des Flandres », de son surnom, a pris une tournure inattendue dès le départ d’Harelbeke ce vendredi. Alors que 200 kilomètres de course et pas moins de dix-sept bergs restaient à avaler, une chute massive a secoué le peloton et donné lieu à une configuration de course inhabituelle. Cinquante coureurs se sont détachés, et ont très vite creusé un écart supérieur à deux minutes sur le reste de la meute. « Ça a été une sacrée journée, confiait Stefan Küng. Ça n’a jamais débranché. Cette grosse chute au bout de dix kilomètres a cassé le peloton en deux. On avait cinq mecs devant, donc on s’est mis à rouler après un moment pour conserver un avantage ». « On ne s’attendait pas à ce scénario, mais étant donné qu’on était bien représentés dans le premier peloton, on était moins inquiet, ajoutait Frédéric Guesdon. Olivier a roulé le premier, puis Visma-Lease a Bike et Q36.5 nous ont donné un coup de main, mais on a progressivement compris que ça allait rentrer et que tout serait à refaire dans les premiers monts. Cela a malgré tout changé la physionomie de la course par rapport à d’habitude ».

Aucune échappée n’a donc pu se former dans la première partie de course, et après quasiment quatre-vingts kilomètres de lutte à distance, les deux pelotons se sont réunis, aux environs de la mi-parcours. C’est dès lors une course de placement qui s’est installée lors des premiers monts, et en particulier dans le Kortekeer, avant de plonger vers le Taaienberg, traditionnelle rampe de lancement de l’épreuve. Deux hommes sont parvenus à l’aborder avant le peloton, alors que la première empoignade a bel et bien eu lieu parmi les favoris. Mathieu van der Poel, Mads Pedersen et Filippo Ganna sont ressortis en tête, tandis que Stefan Küng a pris place dans un premier groupe de poursuite avec cinq autres concurrents. « J’étais un poil loin au pied du Taaienberg, donc j’ai juste pu accrocher le deuxième groupe, mais on s’est vite aperçu que l’entente n’était pas super », disait le Suisse. Si l’écart s’est progressivement confirmé face au peloton, la marge avec le groupe de tête s’est aussi étoffée au fil des kilomètres. Elle a dépassé la minute à plus de cinquante kilomètres du terme, et flirtait même avec les deux minutes avant le fameux enchaînement Paterberg-Vieux Quaremont.

À l’issue de celui-ci, Van der Poel s’est envolé seul en tête, tandis que le groupe auquel appartenait Stefan Küng s’est réduit à quatre unités. À l’occasion du long retour vers Harelbeke, ce même quatuor a pu revoir deux intercalés et ainsi revenir dans la bataille pour la quatrième place. Pedersen et Ganna ont pu assurer leur place sur le podium et c’est finalement un sprint à l’arrachée qui a décidé du reste du top-10, une poignée de secondes devant le gros du peloton. Stefan Küng s’est battu jusqu’à la ligne pour obtenir la sixième place du jour. « Heureusement que j’ai pu finir dans le top 10 et que je ne rentre pas sans rien, confiait-il, marqué par une journée d’efforts. Ce n’est certes pas un podium, mais c’est déjà ça sur une course de cette importance ». « On n’a rien à regretter ni à se reprocher, disait Frédéric. Je pense que Stefan est à sa place. On visait le top 5, on fait sixième. Ça reste satisfaisant. Ça aurait pu être encore mieux si le coup avec Valentin et Van Aert était revenu, mais c’est la course. L’équipe a aussi répondu collectivement aujourd’hui, et c’est bon à signaler ».

Stefan Küng a ce vendredi signé son quatrième top-10 en carrière sur l’E3 Saxo Classic, et sera de retour à la compétition mercredi prochain sur À Travers la Flandre. En attendant, Gand-Wevelgem se profile pour le groupe dimanche.