Ce dimanche, de l’autre côté du Globe, Stefan Küng a touché son rêve du bout des doigts. Sur le circuit de Wollongong, théâtre du championnat du monde du contre-la-montre, le rouleur suisse a longtemps occupé la tête des débats. Leader au premier et au second intermédiaires, semble-t-il lancé vers le titre mondial, le coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a malheureusement été devancé de trois petites secondes sur la ligne d’arrivée par Tobias Foss, unique concurrent à le devancer. La médaille d’argent, bien que récompensant sa meilleure performance en carrière dans l’événement, avait naturellement un goût amer.
Pour la huitième fois depuis son passage dans l’Élite, Stefan Küng partait ce dimanche à la conquête du championnat du monde du contre-la-montre. Troisième en 2020 et cinquième en 2021, le Suisse ne nourrissait qu’un seul objectif dans cette édition 2022 : le maillot arc-en-ciel. C’est à 16h15 heure locale, 8h15 heure française, que sa mission devait démarrer. Une heure et demie plus tôt, néanmoins, c’est son habituel coéquipier Bruno Armirail qui s’est élancé sur le parcours de 34,2 kilomètres. De retour à la compétition après son abandon sur la Vuelta, l’Occitan a d’ailleurs fait très bonne figure puisqu’il s’est octroyé le meilleur temps provisoire à son arrivée avant de demeurer sur le podium provisoire après la première salve de coureurs. À compter de 16 heures, les quatorze derniers concurrents ont à leur tour pris le départ et Stefan Küng a été le plus prompt au démarrage. Au premier point intermédiaire, situé après sept bornes, il devançait ainsi ses principaux rivaux d’un souffle. Au second, après vingt-quatre kilomètres, sa marge était en revanche bien plus conséquente : neuf secondes sur Tobias Foss, quatorze sur Remco Evenepoel ou bien quarante sur le tenant du titre Filippo Ganna. Tout semblait alors bien embarqué au sommet de la deuxième montée et dernière montée de Dumfries Ave (700m à 6,7%). Et pourtant. Dans les dix derniers kilomètres dénués de difficultés, le Suisse a perdu du terrain sur son adversaire norvégien, et sur la ligne, tout s’est finalement résumé à une poignée de secondes. Encore une fois. Et malheureusement, celles-ci ont été à la défaveur de Stefan Küng. Encore une fois. Pour trois petites secondes, le rouleur helvète a dû laisser le siège de leader à Tobias Foss, puis personne n’est venu s’intercaler entre les deux hommes. C’est donc une médaille d’argent, frustrante, qui a été déposée autour du cou de l’homme de la Groupama-FDJ quelques minutes plus tard.
« Je pensais vraiment que j’allais le faire aujourd’hui », Stefan Küng
« J’ai vraiment tout essayé, commentait Stefan après la cérémonie protocolaire. Je me suis dit ce matin que je ne voulais pas être encore une fois deuxième, troisième ou quatrième de peu, alors j’ai vraiment pris tous les risques. J’ai vraiment tout donné dès le départ. C’est difficile de dire après tout si j’aurais dû faire ceci ou cela, mais c’est dommage. Je pensais vraiment que j’allais le faire aujourd’hui, mais ça n’était pas mon jour. Il y a quatre ans, j’aurais signé d’emblée pour cette médaille, mais c’est un peu différent aujourd’hui. J’ai été proche de si nombreuses fois, je tourne autour de cette grande victoire, c’est juste frustrant. J’ai regardé la liste ce matin et je me suis dit que si je battais ces mecs, alors ça devait le faire. Finalement, a surgi quelqu’un dont je ne pensais pas qu’il pouvait me battre. Mais dans la course contre la montre, le plus fort gagne, alors félicitations à lui ». Après avoir échoué pour trois dixièmes au championnat d’Europe, c’est de nouveau une marge des plus infimes qui prive Stefan Küng du plus grand titre international. « C’était l’objectif de la fin de saison pour lui, ajoutait Julien Pinot, son entraîneur. Après un Tour de France difficile, il avait retrouvé de très bonnes sensations sur le championnat d’Europe même s’il rate le titre pour pas grand-chose. À partir de là, il était vraiment concentré sur ce rendez-vous. Il a eu un programme de course adapté. À l’entraînement tout allait bien, et il pouvait être confiant avant d’aborder ce championnat du monde. Au final, il décroche la médaille d’argent. Il bat Ganna, Evenepoel, mais Foss était dans un très grand jour. Il y a forcément de la déception de passer à moins de trois secondes d’un titre mondial mais on ne va pas s’arrêter là. C’est son meilleur résultat sur un championnat du monde, il a répondu présent le jour J, on va continuer à travailler pour aller chercher tous ces petits gains qui feront la différence. Stefan ne lâche jamais rien ! »
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