Dans la deuxième étape du Tour de Romandie, Stefan Küng a fait ce qu’il fait de mieux : il a écœuré ses compagnons d’échappée avant d’en faire de même avec le peloton. Sous la pluie, c’est aussi une habitude, il s’est adjugé la troisième victoire d’étape de sa carrière dans cette épreuve tandis que David Gaudu a conservé son maillot blanc de meilleur jeune.
Stefan Küng aime les années impaires dans la course organisée par l’ancien professionnel Richard Chassot. Il s’était imposé en 2015 à Fribourg, en 2017 à Bulle. A chaque fois sous la pluie. A chaque fois en finissant seul.
Cette fois, il s’est isolé rapidement en tête de course en compagnie de Bagdonas (ag2r-La Mondiale), Arcas (Movistar), Brown (Education First-Drapac), Backaert (Wanty-Groupe Gobert) et Imhof (Sélection Suisse). L’écart n’a jamais été considérable. Il était de 3’50’’ au pied du col de Mollendruz au km 91, il était de 3’00’’ à 50 kilomètres de l’arrivée et il n’y avait pas de quoi être optimiste, beaucoup de sprinteurs étant concernés par cette étape.
« Par le passé, dans son ancienne équipe, je l’ai vu faire des numéros mais j’y prêtais moins attention. Là, il m’a impressionné.Y. Madiot
« Stefan a produit une première accélération à 25 kilomètres de l’arrivée, explique Yvon Madiot, il a été suivi par Bagdonas et Backaert et il me disait alors qu’il était contrarié de ne pas être seul. Je lui ai quand même fait entendre que ce n’était pas mal de les avoir encore un petit moment avec lui. A 17 kilomètres du but, il a profité d’une petite côte pour accélérer une nouvelle fois et partir seul. L’écart avec le peloton était alors de 1’20’’. Rien n’était fait. Il était dans son registre. Il nous a dit ensuite qu’il pouvait faire une heure tout seul avec le peloton aux fesses, ça ne le dérange pas. Il gère, c’est un rouleur top mondial. Par le passé, dans son ancienne équipe, je l’ai vu faire des numéros mais j’y prêtais moins attention. Là, il m’a impressionné. Il finit avec une minute d’avance, en se relevant. Il les a tous écoeurés. C’est notre première victoire World Tour de l’année, on l’attendait un peu… »
« Il faut gérer, jouer avec les autres même si aujourd’hui je n’ai pas eu besoin de faire croire que j’étais mort » S. Küng
Dans le peloton, tout s’est bien passé pour ses équipiers et notamment David Gaudu, protégé toute la journée par William Bonnet et dans le final par Benjamin Thomas tandis que Kilian Frankiny s’occupait des vêtements et des bidons. A l’arrivée, David a conservé son maillot blanc de meilleur jeune et sa troisième place au classement général.
« J’avais de bons souvenirs du Tour de Romandie avec mes deux victoires d’étapes, dit Stefan. Ce n’est jamais facile mais l’expérience aide à se dire qu’on peut le faire, c’est à dire réussir à être dans l’échappée, ensuite à larguer tout le monde et puis résister au peloton. J’ai fait les trois choses aujourd’hui. Moi, je suis venu pour gagner une ou plusieurs étapes. C’était la seule chose que j’avais à l’esprit et je me suis donc bien hydraté et bien nourri, sans montrer que j’étais fort. Il faut toujours la tête pour gagner comme ça. Il faut gérer, jouer avec les autres même si aujourd’hui je n’ai pas eu besoin de faire croire que j’étais mort. Je suis très content. »
Il n’empêche que Stefan a concrétisé par la victoire une manière de courir finalement assez rare pour la Groupama-FDJ. Elle s’échappe, hier c’était William Bonnet, aujourd’hui c’était Stefan Küng.
« Cela fait deux jours qu’on leur demande d’être agressifs et offensifs, confirme Yvon Madiot, et ça marche bien. On va recommencer… Demain c’est dur, dans l’étape tracée autour de Romont c’est un toboggan toute la journée avant une arrivée en côte. »
Faites vos jeux !
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