À près de deux semaines du tant attendu second acte de la saison cycliste 2020, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ se disperse cette semaine en trois groupes à travers les Alpes pour un ultime stage de préparation. Chacun des trois entraîneurs de l’équipe, Julien Pinot, David Han et Anthony Bouillod, nous présente le rassemblement dont il est référent.
Stage de Morzine
Qui ?
Kevin Geniets, Simon Guglielmi, Alexys Brunel, Kilian Frankiny, Olivier Le Gac, Bruno Armirail, Anthony Roux, Romain Seigle, Léo Vincent
Entraîneur référent : Anthony Bouillod
Où ?
Nous serons à Morzine car c’est la porte d’entrée des Alpes du Nord. C’est un point relativement central pour l’ensemble des coureurs de mon groupe, vis à vis des déplacements. Aussi, nous avions ce souhait de travailler en montagne avec des parcours comprenant du dénivelé. Cet endroit s’y prête relativement bien, tout en sachant qu’on aborde une période de préparation beaucoup plus spécifique. Le fait de travailler en montagne permet d’augmenter naturellement la difficulté des séances.
Quelle différence avec Janvier ?
Habituellement, en janvier, même si on s’inscrit dans des préparations spécifiques pour aborder la reprise, nous n’avons pas pour but d’amener les coureurs dans un état de forme optimal, car la saison est relativement longue et les objectifs sont plus lointains. Dans le cas qui nous intéresse, les objectifs vont en revanche arriver très vite. La reprise risque d’être très rapide, tous les coureurs seront prêts et auront bénéficié de bonnes conditions pour s’entraîner. Ce qui n’est pas forcément le cas en janvier. L’accent sur la préparation sera donc d’autant plus important afin d’être opérationnel pour la reprise, car tout le monde sera prêt. Il faudra vraiment être dans un très bon état de forme afin d’aller jouer la gagne, ce qu’on souhaite aussi habituellement faire en début de saison mais sans être à 100%.
Programme
Le but sera de travailler au plus proche de ce qu’on retrouvera en compétition. Nous allons mettre les coureurs en situation de course. L’objectif du stage est aussi de regrouper les coureurs pour qu’ils puissent travailler et se stimuler collectivement, car on sait qu’on ne se stimule pas forcément autant quand on est seul que quand on est plusieurs. Nous pourrons donc utiliser le groupe pour simuler des intensités très proches de celles qu’on retrouvera en course. Mon groupe est assez hétéroclite mais il y a malgré tout un fil conducteur qui va concerner la plupart de mes coureurs : le passage par des Classiques comme les Strade Bianche, le Tour de Lombardie ou Milan-San Remo. Nous allons donc travailler pour les rendre opérationnels sur ces évènements. Nous augmenterons progressivement la charge de travail, même si ceux qui feront les Strade n’auront pas nécessairement besoin d’autant de volumes que ceux qui feront San Remo. Au niveau des intensités, nous avons fixé des thématiques similaires pour tous les coureurs. Ensuite, au sein de ces thématiques, nous pourrons apporter des variantes. Pour notre séance PMA (Puissance Maximale Aérobie) par exemple, les exercices pourront varier selon le programme et les objectifs du coureur. Nous n’hésiterons pas à individualiser. Notre stage durera sept jours mais Romain [Seigle] n’en fera que cinq puisqu’il est prévu à Burgos. Cela lui laissera assez de temps pour récupérer. Certains seront aussi concernés par les courses virtuelles sur Zwift, comme Romain, Léo et Bruno. Ces composantes font qu’on devra aussi s’adapter au quotidien pendant sept jours selon les cas.
Stage du Grand-Bornand
Qui ?
Arnaud Démare, Ramon Sinkeldam, Jacopo Guarnieri, Ignatas Konovalovas, Miles Scotson, Marc Sarreau, Fabian Lienhard
Entraîneur référent : David Han
Où ?
Nous avons choisi d’aller au Grand-Bornand. Ce sera notamment plus simple pour Arnaud, qui sort d’un stage personnel à La Clusaz, d’enchaîner les deux sans trop de voyages. Initialement, nous n’avions pas érigé en priorité le fait d’aller en haute-montagne, mais puisqu’ils vont tous devoir disputer un Grand Tour dans l’année, notamment le Giro pour Arnaud et son train, c’est aussi très important de travailler dans les cols. D’autant qu’une fois que la saison sera lancée, ils vont tellement enchaîner qu’ils n’auront plus l’occasion de s’attarder sur ce point. Néanmoins, il y a aussi de bonnes vallées dans cette zone. Nous pourrons donc travailler le sprint assez facilement. Il faudra peut-être parfois grimper un col pour rentrer à l’hôtel, mais la thématique sprint sera quand même privilégiée pour ce groupe.
Quelle différence avec Janvier ?
Cette année, Arnaud était en altitude, en Sierra Nevada. Ça n’avait donc strictement rien à voir. D’abord, on testait l’altitude et puis on visait surtout des bénéfices sur le long terme, l’objectif était un peu plus lointain. Il y avait certes l’UAE Tour, mais ce n’était pas le rendez-vous principal. Là, on va très vite être dans le match avec le Tour de Burgos et Milan-San Remo, un objectif important qui arrivera très vite. Il faut être assez vite opérationnel. On s’inscrit donc dans le schéma d’un stage de pré-saison, comme certains peuvent en faire en janvier avant de disputer La Marseillaise ou Bessèges. Arnaud veut revenir et gagner d’entrée avec son groupe. En termes d’intensités, ce sera donc un cran au-dessus de ce que pourront faire les grimpeurs sur leur stage, notamment. Ce groupe-là doit être prêt à la sortie du séjour, que ce soit pour Arnaud ou Marc. Ils doivent être d’entrée dans le match et pouvoir gagner assez vite.
Programme
On a l’habitude de travailler sur sept jours de stage. On a condensé celui-ci en six jours pour leur faire, d’ores et déjà, une petite répétition de course par étapes. Nous avons trois séances spécifiques sprint au programme, une séance rythme derrière scooter et deux autres séances plutôt tempo-seuil dans les cols. Sachant que les membres du train d’Arnaud courent ensemble depuis trois ans, les automatismes vont revenir assez vite. Le but de ce stage est surtout de les amener à retravailler à haute vitesse, tous ensemble, avec un vrai train autour d’Arnaud. Car lorsqu’il fait ses sprints tout seul, derrière scooter, ce n’est pas la même chose. Ils seront donc en simulation course. Puis, pour ce groupe tout ira très vite derrière. Ils n’auront que 5-6 jours à la maison, axés sur la récupération, avant de partir sur Burgos. Ce sera le début de l’enchaînement qu’on connaîtra pendant trois mois : course – récup – course – récup – course – récup. Ils seront immergés dans ce schéma dès leur sortie de stage.
Stage de La Giettaz
Qui ?
Thibaut Pinot, David Gaudu, Rudy Molard, Sébastien Reichenbach, Valentin Madouas, Stefan Küng, William Bonnet, Antoine Duchesne, Matthieu Ladagnous, Tobias Ludvigsson
Entraîneur référent : Julien Pinot
Où ?
Chaque année, en préparation du Tour ou du Giro, on aime faire des stages un peu itinérants et se retrouver dans des hébergements du type chalet. C’est plus convivial. En raison de la situation sanitaire actuelle, c’était plus compliqué à organiser cette année, surtout en juillet. Nous avons donc coupé la poire en deux et ne ferons cette partie itinérante qu’avec les cinq grimpeurs, sur trois jours, en logeant dans des hôtels. On se retrouvera ensuite tous dans un chalet à La Giettaz, dans le col des Aravis. L’objectif est de mêler un stage dans les Alpes, en haute-montagne, et ainsi faire du travail spécifique mais aussi de parcourir les routes et les arrivées qui seront utilisées dans les prochaines semaines. Ce n’est pas un stage en altitude. À partir du moment où on ne se plaçait pas, avec Thibaut, dans une préparation avec un long séjour hypoxique, ce genre de stage s’implantait bien. D’ailleurs plusieurs coureurs du groupe ont déjà fait, ou sortent tout juste, d’un séjour en altitude.
Quelle différence avec Janvier ?
En hiver, nous allons sur le Teide non seulement pour faire de l’altitude mais aussi car c’est un endroit où on peut faire beaucoup de dénivelé à cette période de l’année. Or, en juillet, il est beaucoup plus simple, en raison de la météo, de rester en France pour faire des stages intenses et conséquents avec du dénivelé. Le stage de janvier a pour but de préparer à la reprise, et ce sera également un peu l’objectif de notre stage. On souhaite que ce bloc de travail de près d’une semaine puisse simuler une course par étapes de préparation avant le retour des courses. Il y a toutefois une nuance à apporter. Notre groupe aura une approche différente puisque notre objectif n’est pas de gagner la Route d’Occitanie mais d’être performant au départ du Tour. Il y a sept semaines entre la fin du stage et le départ du Tour, neuf d’ici la dernière semaine du Tour. L’échéance est encore relativement loin. En termes d’intensité, on sera donc légèrement en-dessous des deux autres stages, dont les objectifs sont plus proches. Evidemment, il faut être compétitif à la reprise en Occitane, mais on veut surtout une montée en pression entre ce stage, l’Occitanie, le Dauphiné et le Tour. Le stage est le premier de ces quatre paliers de progression.
Programme
Nous allons d’abord nous réunir avec les cinq grimpeurs à Grenoble. Nous irons faire la reco de l’arrivée du Dauphiné au Col de Porte, et ensuite l’arrivée du Tour à Villard-de-Lans. Le lendemain, nous irons jusqu’à Méribel via des routes qui seront aussi utilisées sur le Dauphiné et le Tour, en repérant notamment le Col de la Loze. Le troisième jour, on reconnaîtra d’autres cols pour enfin rejoindre La Giettaz. Les rouleurs y seront depuis la veille et les deux groupes se retrouveront pour un premier entraînement commun le 17. Nous ferons donc à la fois des reconnaissances du Tour et du Dauphiné, mais aussi six jours de travail en montagne. Certains ont déjà bien roulé dans les cols. Thibaut était notamment dans les Alpes il y a dix jours. L’idée est aussi de retrouver le groupe des grimpeurs et de remettre un cran supplémentaire en termes de volume et d’intensité dans le travail en montagne. Le but sera de bien enchaîner les cols et le dénivelé sur ces six jours consécutifs. Il y aura une thématique générale par séance. Il s’agit du dernier gros bloc de travail avant la reprise. Quand ils rentreront il restera moins de dix jours avant la reprise, que ce soit en Occitanie pour la majeure partie du groupe, aux Strade Bianche ou sur le Tour de Pologne.
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