La journée s’annonçait spectaculaire. Elle l’a été. Au lendemain du jour de repos, une étape typée « Strade Bianche » était au programme des coureurs ce mercredi sur le Giro. Lors de cette onzième étape, Simon Guglielmi est parvenu à prendre place dans l’échappée du jour qui s’est jouée la victoire au terme de 162 kilomètres. À l’arrivée, il a finalement obtenu une belle cinquième place, qui constitue à date son meilleur résultat sur un Grand Tour. Quelques minutes derrière, Attila Valter s’est arraché aux côtés des favoris mais a malgré tout glissé au treizième rang du général.
Après les quelques heures de répit observées mardi, le peloton du Giro reprenait la route aujourd’hui. La route, mais aussi des chemins, pour l’occasion. En guise de remise en marche, les organisateurs de la « Corsa Rosa » avaient donc programmé une étape aux airs de « Strade Bianche » sur les graviers toscans. Pas moins de 32,5 kilomètres de « chemins blancs » répartis en quatre secteurs jalonnaient ainsi les 162 bornes reliant Pérouse à Montalcino. Au départ, d’ailleurs, la bataille pour l’échappée fut sans doute plus courte que certains l’escomptaient et onze hommes parvenaient immédiatement à créer une brèche. Parmi eux : Simon Guglielmi. « J’avais vraiment envie d’être devant, assurait l’ancien de la Conti. J’avais bien aimé les Strade Bianche cette année et j’avais fait cinquième d’une étape du Baby Giro sur ce type de parcours. Ce sont des courses superbes, que j’adore, et j’ai donc essayé dès le départ. C’était génial de me retrouver devant sur une telle étape ». « Seul Simon était concerné par l’échappée aujourd’hui car on voulait garder les autres pour encadrer Attila, et Simon a bien rempli sa mission, complétait Philippe.Il y avait une grosse probabilité que ça aille au bout, et quand on a vu la composition de l’échappée, on a compris qu’ils se joueraient la gagne devant ».
« Je n’ai pas de regret », Simon Guglielmi
Le peloton a en effet laissé faire complètement dans un premier temps, accordant plus de dix minutes à l’échappée, avant que la tension ne monte en flèche peu après la mi-course, à l’approche du premier secteur « gravel » de la journée. La formation Ineos du maillot rose Egan Bernal a immédiatement mis en route et le peloton s’est scindé en plusieurs morceaux. « Les secteurs sont tellement difficiles et spécifiques qu’on s’attendait à ce que ça casse très tôt,commentait Philippe. Il n’y avait pas de place au hasard. Attila et Antoine étaient bien devant dans le premier secteur. Malheureusement, Antoine n’a pas eu de chance car il a cassé son dérailleur. Dans un groupe avec les favoris piégés, on avait aussi Romain, Rudy et Seb qui sont également rentrés ».Alors que l’échappée restait relativement groupée en tête de course, le peloton continuait de s’émietter dans les cinquante derniers kilomètres. « Dans le final, quand il n’y avait plus qu’une vingtaine de coureurs dans le peloton maillot rose, on en avait encore trois avec Attila, Romain et Rudy, ajoutait Philippe. Il n’y avait pas tant d’équipes dans ce cas de figure. Cela montre aussi qu’on est bel et bien dans le match collectivement ». L’ancien maillot blanc et maillot rose a même un moment pris les rênes du maigre groupe des favoris dans le plus long secteur de la journée.
À l’approche du dernier chemin blanc, Attila Valter et Rudy Molard figuraient encore aux côtés du maillot rose alors que Simon Guglielmi s’en allait lui batailler pour la victoire d’étape, cinq minutes devant. Dans l’ultime secteur, trois hommes ont d’ailleurs fait le trou et le coureur de la Groupama-FDJ s’est alors retrouvé en poursuite. « Ça s’est fait à la pédale dans les 10 derniers kilomètres, confiaitSimon. On a essayé de revenir, j’ai tenté de faire le jump, je suis revenu à trente mètres, mais j’étais sec et je n’ai pas réussi à basculer devant. Ça ne se joue pas à grand-chose. Ilm’a manqué un peu de force pour gagner l’étape mais je n’ai pas de regret ». À l’arrivée, le coureur de 23 ans s’est doté de la cinquième place du jour, quarante secondes après le lauréat Mauro Schmid (Qhubeka-ASSOS). « Je suis vraiment content de faire un résultat sur cette étape qui me tenait particulièrement à cœur, ajoutait-il. Ça fait plaisir, je courais après un résultat depuis le début de saison. C’était une belle journée à l’avant mais je n’oublie pas que l’objectif reste de gagner. Ça ne l’a pas fait aujourd’hui mais on réessayera encore jusqu’à ce que ça marche. Le bilan du jour est positif mais on va repartir à l’attaque car nous, ce que l’on veut, c’est gagner une étape ». « Simon a crânement tenté sa chance, ajoutait Philippe. Il est tombé sur plus fort, donc on ne peut pas être déçus. Cinquième d’une étape comme celle-ci sur le Tour d’Italie, pour un jeune comme lui, c’est déjà une très belle performance ».
« Je suis un peu déçu », Attila Valter
Distancé du groupe maillot rose à environ dix kilomètres du but, Attila Valter a lui souffert dans la dernière demi-heure de course et a concédé trois minutes sur le meilleur favori du jour, le maillot rose Egan Bernal. « C’était un peu les montagnes russes pour moi aujourd’hui, déclarait Attila. J’ai réussi à démarrer le premier secteur en bonne position et je me sentais vraiment très bien. J’ai senti que je venais du VTT.Dans le second, j’ai mené un peu car c’était assez technique et je voulais essayer d’en profiter. En revanche, le troisième m’a semblé plus dur et j’ai explosé dans le quatrième... J’ai pourtant essayé de me concentrer sur l’alimentation, mais au final, il semble que ça n’ait pas été suffisant. Je manquais vraiment de force dans la dernière partie et c’était vraiment une bonne chose que Rudy soit là pour essayer de limiter la casse. Sans lui, j’aurais perdu bien plus. Au final, je n’ai pas perdu énormément de temps, mais quand nous étions dans le premier secteur, je pensais vraiment que j’avais les jambes pour finir avec les premiers, alors je suis un peu déçu ». Ce mercredi soir, le Hongrois rétrograde ainsi au treizième rang du général, à 3’51 du maillot rose. « Pour moi, ce n’est pas une déception, concluait Philippe. Quand on voit les noms des mecs qui sont devant lui, il n’y a pas de quoi rougir. Les gars ont fait la course qu’ils devaient faire, ils ont fait une belle journée collectivement, et c’est la loi du sport. On ne va pas baisser les bras pour autant. Peu de monde aurait imaginé qu’on pourrait faire ce qu’on est en train de faire sur ce Giro. Ceci étant, c’est encore loin d’être fini ».
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