Bien que tenante du titre, c’est avec un groupe complètement différent que « La Conti » s’est alignée toute cette semaine sur le Tour Alsace. Au terme des cinq étapes, les hommes de Jérôme Gannat ont finalement décroché un podium par l’intermédiaire de Noah Hobbs samedi, et un top-10 via Joshua Golliker lors du dernier acte dimanche. Le Britannique est également le premier représentant de l’équipe au général final (20e).
Comme c’est désormais la tradition sur le Tour Alsace, tout a débuté mercredi par un format très spécifique : le contre-la-montre par demi-équipes. À Sausheim, Noah Hobbs, Lewis Bower et Ben Askey formaient le premier groupe, Joshua Golliker, Jens Verbrugghe et Trym Brennsæter le second. Aucun des deux n’a toutefois pu s’approcher de la marque de référence établie par la Lotto-Dstny en 4’56. « On a été moyennement performants, confiait Jérôme. On s’attendait notamment à une meilleure performance de l’équipe numéro 1 mais la réalité du temps a parlé sur les 4,3 kilomètres ». L’équipe 1 s’est ainsi adjugé la 20e place du chrono, à 13 secondes des lauréats, l’équipe 2 concédant elle 18 secondes pour prendre la 27e position. Jeudi, une étape extrêmement plate conduisait les coureurs à Sélestat pour un sprint inévitable. « L’objectif était de préparer les trois derniers kilomètres pour Noah, reprenait Jérôme. On avait quelques coureurs à l’avant mais ce n’était pas assez groupé pour espérer quelque chose. Puis, dans le dernier îlot, Noah a failli chuter. Il a terminé dix-neuvième sans réellement prendre part au sprint. La préparation était trop brouillonne ». Le changement de terrain était radical vendredi avec l’étape reine en direction de la Planche des Belles Filles. « L’échappée a mis beaucoup de temps à se détacher, puisqu’elle est partie au kilomètre 70 et Joshua s’est glissé dedans, racontait Jérôme. Ce n’était pas prévu, même si on avait envisagé une attaque dans Esmoulières afin d’anticiper le peloton avant les deux dernières montées. Il s’est retrouvé devant avec quatre bons coureurs mais il s’est usé pendant vingt kilomètres pour rien. Le peloton ne s’est pas relâché et il n’avait pas assez d’avance pour aborder le Col des Chevrères et la Planche des Belles Filles. Il a été trop impatient. Il a certes basculé avec un petit peloton dans Chevrères, mais il était déjà juste ».
« Noah avait quelques regrets », Jérôme Gannat
Dans la montée de la Planche des Belles Filles, le Britannique double vainqueur d’étape au Tour du Val d’Aoste n’a donc pu peser. Il a pris la trente-deuxième place à trois minutes du vainqueur Sebastian Berwick. Samedi, le profil accidenté (2000 mètres de dénivelé) laissait envisager plusieurs scénarios vers Altkirch. « Hormis l’éventuel sprint avec Noah, l’objectif était de prendre l’échappée mais ça n’a pas pu être fait, commentait Jérôme. Heureusement, le peloton a bien contrôlé et les échappés ont été repris. Comme le deuxième jour, on voulait préparer le sprint pour Noah dans les cinq derniers kilomètres. On avait vu que c’était très technique avec notamment un rond-point à la flamme rouge puis un virage à épingle avant 400 mètres de montée. Il fallait que Noah soit en bonne position entre le rond-point et l’épingle. L’équipe a roulé un peu plus tôt que prévu. Ils ont pris la tête avec Joshua, Ben et Trym, et ont tenu jusqu’à deux kilomètres. Ils se sont ensuite faits un peu débordés, Noah a dû prendre le rond-point du mauvais côté mais a réussi à remonter à 500 mètres ». Le Britannique a ainsi pu aborder la fameuse épingle en troisième position. « Teutenberg a lancé de très loin, dès la sortie du virage, racontait Jérôme. Noah était un peu décollé mais a réussi à revenir dans sa roue. Puis, il a voulu temporiser un peu mais Axel Laurance est arrivé de derrière, en ayant déjà commencé son sprint et il a pris tout le monde de vitesse. C’était difficile de battre Laurance dans une telle arrivée, mais Noah avait quelques regrets car il aurait dû poursuivre sur sa lancée. Il a redémarré mais c’était trop tard ». Déjà auteur de deux podiums sur le Tour de Bretagne, l’Anglais s’est tout de même octroyé une belle deuxième place dans cette arrivée exigeante. « C’était un beau sprint, et contrairement à la deuxième étape, l’équipe était bien présente et a pris ses responsabilités dans le final », confiait Jérôme.
« Joshua méritait beaucoup mieux », Jérôme Gannat
Ce dimanche, enfin, une unique mais longue ascension de dix kilomètres se dressait devant les coureurs, à tout juste trente kilomètres du but. « Le départ a été très rapide, avec une première heure à plus de 50km/h de moyenne, détaillait Jérôme. Trois coureurs sont partis assez tôt mais ont été repris au bout de 60 bornes après des tentatives de bordure. C’est reparti à onze, et on n’était à nouveau pas représentés ». Plus tard, un fait de course a quelque peu rebattu les cartes puisque l’échappée a été victime d’une erreur de parcours et la course a donc été neutralisée avant un nouveau départ. « Pendant la neutralisation, j’ai dit aux coureurs qu’on allait rouler car il n’était pas normal qu’on ne soit pas devant, expliquait Jérôme. Ben et Lewis ont dès lors participé à la chasse ». Les fuyards ont finalement été repris dans le Col d’Amic (11km à 4,6%), où le peloton s’est disloqué. « C’est monté assez vite et c’est Joshua qui est passé en tête au sommet, confiait Jérôme. Il n’était alors plus que douze. Joshua a beaucoup tenté dans la montée, il a essayé plusieurs fois de se détacher mais il n’a pas réussi. Finalement, trois coureurs sont sortis dans la descente et ça ne s’est pas bien entendu derrière ». Un trio s’est donc joué la gagne après une quinzaine de kilomètres de plat, et Joshua Golliker a lui pris la neuvième place trente secondes plus tard au sein du groupe de poursuite. « Ça prouve qu’il était présent, assurait Jérôme. Le regret se situe davantage dans l’étape de la Planche des Belles Filles. S’il était resté plus sage, il aurait peut-être pu espérer un top-10 ».
Joshua Golliker a finalement achevé l’épreuve en vingtième position alors que « La Conti » repart d’Alsace avec un podium d’étape en poche. « Il y a des bonnes choses, et des choses à améliorer, concluait Jérôme. L’image que je vais retenir de cette course, c’est le bon comportement pour emmener le sprint de Noah samedi. On a vu un beau collectif pour un intérêt commun. Joshua a été acteur et méritait sûrement beaucoup mieux. Pour le reste, c’est un peu mitigé car on a manqué un peu de présence dans les échappées et dans les moments décisifs. On n’a pas été suffisamment protagonistes ».
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