À l’occasion du deuxième acte franc-comtois, les coureurs n’ont que très rarement eu l’opportunité d’admirer le paysage sur le Tour du Jura, ce samedi. L’épreuve a ainsi été mouvementée tout au long de ses 170 kilomètres et cela a finalement souri à Ben O’Connor, vainqueur à Nozeroy. Présents dans le premier groupe de chasse après quatre heures de course ultra-intense, Rudy Molard (9e) et Kevin Geniets (12e) ont dû se contenter d’accessits à l’arrivée.
À une soixantaine de kilomètres de Montfaucon, où ils étaient la veille venus à bout de la Classic Grand Besançon, de nombreux coureurs avaient ce samedi rendez-vous à Champagnole pour le départ du Tour du Jura. Un départ matinal, sur les coups de 10h15, qui nécessitait par ailleurs d’être bien éveillé. La course a en effet démarré sur les chapeaux de roue, et le peloton a implosé dès le premier grand prix de la montagne, après quinze kilomètres. « Dans la première partie de course, un groupe de vingt-et-un est sorti et on avait seulement Kevin dedans », détaillait Benoît Vaugrenard. Cette première échappée a même compté jusqu’à une minute et trente secondes d’avance, puis le peloton a réagi et un mano-a-mano à distance s’est installé sur près de cinquante kilomètres ! « Lotto-Soudal aussi n’en avait qu’un devant, et ce n’était pas le bon pion, ils ont donc durci dans une montée et sont parvenus à ramener un groupe où se trouvait Rudy, ajoutait Benoît. Il y avait alors une quarantaine de coureurs devant. Puis un troisième groupe est rentré un peu plus tard, avec Antoine, Anthony et Lada nous concernant ». À la mi-course, le peloton était donc à peu près reconstitué, mais deux hommes avaient entre-temps pris les devants et les offensives étaient sur le point de reprendre de plus belle. C’est ainsi qu’à environ 80 kilomètres du but, un groupe de six costauds incluant notamment Ben O’Connor (AG2R-Citroën) et Jesus Herrada (Cofidis), est parvenu à se détacher de la meute puis à rejoindre le duo de tête.
« Une course complètement incontrôlable », Benoît Vaugrenard
« C’est là qu’on a loupé le coche, et c’est ce qui nous met en difficulté, relatait Benoît. On avait déjà un coup de retard sur le groupe de vingt où on n’avait que Kevin. On avait réussi à rectifier le tir une première fois sans rouler, mais on s’est retrouvé dans une position encore plus compliquée avec ce coup de huit. Il y avait une période délicate, où on savait que ça allait ressortir et il fallait donc être hyper vigilant. Tout le monde était très fatigué après le début de course, et quand c’est sorti, ça s’est fait à la pédale. Les gars n’ont pas pu y aller, ils avaient besoin de souffler. On s’était dit qu’il ne fallait surtout pas laisser sortir de Cofidis et d’AG2R-Citroën, qui avaient les collectifs les plus forts. C’est finalement parti sans nous et ce sont les jambes qui ont parlé ». Dans la foulée, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est toutefois organisée pour essayer de rester dans le match. Elle a longtemps maintenu l’écart à trente secondes, l’a même ramené à quinze, et Rudy Molard était tout proche de faire le jump à une cinquantaine de kilomètres de la ligne. « Quand les huit sont partis, il fallait absolument essayer de corriger le tir, reprenait Benoît. Antoine et Lada ont pris la chasse en main, puis on a eu du très bon Anthony. On a dû les sacrifier, et sachant qu’on n’était que six au départ, c’est devenu compliqué par la suite ».
À vingt bornes du but, O’Connor et Herrada se sont délestés de leurs derniers compagnons de fuite alors que Rudy Molard et Kevin Geniets figuraient encore dans un petit peloton d’une vingtaine d’unités, une quarantaine de secondes derrière. « Il fallait espérer que ça rentre, TotalEnergies était en surnombre et c’était à eux de travailler, mais ils étaient aussi à bout, complétait Benoît. En tête, il y avait aussi deux gaillards qu’on connait bien. Le trou n’a pas été bouché. Les plus forts étaient devant ». Malgré un rapproché sur le final, les poursuivants ont bien été devancés par l’Australien et l’Espagnol, dans cet ordre, tandis que Rudy Molard et Kevin Geniets ont hérité des neuvième et douzième places sur la ligne. « Ça n’a pas arrêté de la journée, il y a eu une grosse bagarre, la course ne s’est jamais posée, résumait Benoît. Il y a eu une grosse intensité, comme on s’y attendait. C’était une course complètement décousue, incontrôlable, et ce n’était vraiment pas simple. C’est un deuxième top-10 consécutif pour Rudy, qui revient bien en forme après ses problèmes. C’est notamment intéressant pour les courses qui vont arriver et qu’il affectionne, à savoir la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège ».