Alors que le terrain se durcissait clairement ce mercredi sur le Tour de l’Ain, Rudy Molard et Sébastien Reichenbach étaient attendus au tournant. Ils n’ont pas déçu. Dans la dernière ascension de la deuxième étape, le Col de Portes, le Français et le Suisse se sont ainsi montrés à la hauteur face aux meilleurs grimpeurs du plateau. Ils ont même pu accrocher le groupe très réduit qui s’est joué la gagne après une longue descente vers Lagnieu. Rudy Molard a finalement pris la troisième place de l’étape, à deux secondes du vainqueur Guillaume Martin, tandis que Sébastien Reichenbach a hérité de la septième place. Bien qu’auteur d’une belle étape, Jake Stewart a logiquement dû rendre son maillot jaune.
« Rudy et Seb marchent très fort », Franck Pineau
Au lendemain de sa première victoire chez les professionnels, Jake Stewart s’est donc présenté ce mercredi matin à Saint-Vulbas paré de la tunique de leader. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ avait donc logiquement une certaine responsabilité à assumer dans ce premier acte escarpé, aux près de 3000 mètres de dénivelé en direction de Lagnieu. « L’idée était de laisser partir une échappée pas très conséquente, de 4-5 gars, puis de s’organiser derrière pour que ça ne prenne pas dix minutes, introduisait Franck Pineau. C’est exactement ce qu’on a fait. Quatre mecs sont partis tôt, et on a mis Clément à rouler avec Fabian. On ne savait pas jusqu’où Jake pouvait aller aujourd’hui, au vu de sa grande forme. Ce ne sont pas non plus les Alpes, donc on s’était dit qu’il aurait pu aussi passer selon comment ça se courrait ». En tête de course, Louis Richard (UC Nantes Atlantique), Tony Hurel (St-Michel – Auber93), Jaco Eriksson (Riwal) et Hannes Wilksch (Allemagne) ont pu bénéficier d’un avantage maximal de quatre minutes avant d’être maintenus aux alentours des trois minutes par le peloton. Tel était d’ailleurs l’écart approximatif au pied de la deuxième ascension du jour, le Col des Fossés (6,2 km à 5,5%), situé peu après la mi-course. « Quand on est arrivés dans les bosses, ça s’est fait par l’arrière, au tempo, ajoutait Franck. Il n’y a pas eu vraiment d’attaques ». À la suite de cet amuse-bouche, les coureurs se sont dirigés vers l’enchaînement côte de Seillonnaz-Col de Portes censé établir une véritable sélection. Après une accélération progressive dans la première bosse, un paquet déjà amoindri a revu les échappés au pied de la seconde, et les choses se sont éclaircies.
« UAE Emirates, Cofidis et Quick-Step-Alpha Vinyl ont durci dans la dernière ascension, et on s’est vite retrouvés avec un petit groupe », expliquait Rudy Molard. Les pentes du Col de Portes (8,3 km à 6,5%) ont petit à petit réduit le peloton de quarante à une quinzaine d’unités. « On avait encore Seb et Rudy, complétait Franck. Malheureusement, Lars a pris un coup de chaud. C’est dommage car il aurait pu apporter sa pierre à l’édifice à la vue de sa condition du moment ». Les premières attaques ne se sont produites qu’à l’approche du sommet, où une dizaine d’hommes à peine formait le groupe de tête. Attentifs dans un premier temps, Sébastien Reichenbach et Rudy Molard se sont montrés offensifs par la suite, notamment dans le court Col de Fay qui est venu interrompre la longue descente vers l’arrivée. Ils faisaient même tous les deux partie d’un groupe de cinq qui a basculé après cette remontée, dont a notamment fait les frais le champion du monde Julian Alaphilippe. « Tout le monde était un peu fatigué, c’était attaque sur attaque, témoignait Rudy Molard. J’ai tenté plusieurs fois de sortir du groupe car je savais que j’avais plus de chances de gagner en partant tout seul. Malheureusement, je n’ai pas réussi à prendre beaucoup d’avance ». « Je voulais que les gars tentent, car ils marchent très fort, confirmait Franck. On était bien représentés, donc on a essayé de dynamiser un peu le final. Je leur avais demandé de saisir leur chance. Quand tu arrives devant pour la gagne, il faut tenter des choses ». Finalement, sept hommes se sont regroupés dans l’ultime replongée vers la ligne d’arrivée, et si de nouvelles tentatives ont eu lieu, aucune n’a été couronnée de succès avant l’arrivée sur les 1500 derniers mètres, tout plats.
« Je suis content de mon niveau actuel », Rudy Molard
C’est le moment qu’a choisi Guillaume Martin pour placer une offensive, avec de l’élan, qui s’est avérée payante. « Avec Seb, on est allés chercher les gars qui attaquaient, assurait Rudy. Mais quand Martin a attaqué sur le plat, il est parti tout seul. C’est dommage qu’on ait eu un temps de réaction trop long car il ne restait plus qu’un kilomètre. Tout se passe très vite. La réaction est trop longue, l’écart est fait et c’est déjà trop tard ». Quelques instants plus tard, Sébastien Reichenbach a bien tenté de prendre la tête du groupe pour emmener son coéquipier, mais la jonction n’a jamais pu être opérée. « On a peut-être manqué d’un poil de vigilance, mais ce n’est pas simple et c’est surtout facile à dire avec le recul, disait Franck. Je ne leur en tiens pas rigueur car ce n’est jamais facile quand on arrive à sept. Chacun met son coup de pétard, et le bon coup se joue en une fraction de seconde ». À l’arrivée, Rudy Molard a finalement sprinté pour une convaincante troisième place, à deux secondes du vainqueur, alors que Sébastien Reichenbach a coupé la ligne en septième position, à dix secondes. « Je suis à la fois satisfait et déçu, expliquait Rudy. Je n’ai pas l’occasion de souvent jouer la gagne, donc quand il y a une opportunité, c’est dommage de la louper. Ce qui est sûr, c’est que je suis content de mon niveau actuel. C’est bien d’être en bonne condition et de jouer avec les meilleurs, surtout avant le principal objectif qu’est la Vuelta ». Le Rhodanien s’installe également sur le podium du général avant le bouquet final jeudi, incluant la double ascension du Col de Menthières. « Les deux sont placés au général, on va tenter des choses demain », soufflait Franck. « Notre Tour de l’Ain est déjà réussi avec la victoire de Jake, mais si on arrive en petit comité, j’essaierai de faire un bon sprint pour aller gagner sur cette arrivée que je connais bien », ponctuait Rudy.
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