La reprise a été brutale. Au lendemain de la journée de repos à Carcassonne, les coureurs ont pris la route des Pyrénées avec une longue approche vers le premier des trois cols. Tous avaient en tête de prendre l’échappée du jour, sans doute la dernière qui puisse être favorable aux baroudeurs. Rudy Molard (14e à Bagnères-de-Luchon) est parvenu à la prendre quand Arnaud Démare, subissant un très mauvais moment, a lutté seul pour finir l’étape dans les délais.
L’étape a d’abord été marquée par l’arrêt du peloton au kilomètre 30, pendant seize minutes, le temps pour les coureurs d’effacer les gaz lacrymogènes utilisés à leur passage pour évacuer des manifestants.
Elle a repris sur un rythme soutenu, l’échappée voyant le jour après plus de deux heures de combat et plus de 100 kilomètres de course. Près de cinquante hommes ont pris la tête et parmi eux Rudy Molard. Il a ensuite figuré dans un groupe de 17 coureurs profitant des pentes du col du Portet d’Aspet pour faire la différence.
La victoire s’est jouée dans le col du Portillon avec une première attaque de Rudy, contré par le Hollandais Gesink (LottoNL-Jumbo). En plusieurs vagues, sept hommes se sont regroupés avant le sommet sans que le puncheur de l’équipe Groupama-FDJ ne puisse les accompagner.
« J’en ai trop fait et je l’ai payé. » R.Molard
« Je voulais surtout ne pas louper cette échappée, dit Rudy, et j’ai répondu à beaucoup d’attaques avant que les 50 coureurs ne se regroupent. Sans doute l’ai-je payé dans le final mais je suis content, je ne suis pas loin de la gagne. Dans le dernier col, il m’en a manqué mais de toute façon, Julian Alaphilippe qui s’est de nouveau imposé était fort. Au pied du col du Portillon, j’ai senti les forces me lâcher un peu et j’ai tenté ma chance. J’en ai trop fait et je l’ai payé. »
« Rudy était devant, poursuit Frédéric Guesdon, et il méritait de l’être parce qu’il n’a pas ménagé sa peine. Bien sûr, il a payé dans le final toute l’énergie dépensée avant que l’échappée ne voie le jour… »
Arnaud s’est retrouvé seul et a refusé qu’un de ses équipiers vienne le soutenir.
A l’arrière du peloton, Arnaud Démare a vécu une journée très difficile. Distancé dans une côte non répertoriée par les organisateurs, il s’est retrouvé seul et a refusé qu’un de ses équipiers vienne le soutenir. Il n’est pas difficile d’imaginer le courage qu’il lui a fallu pour atteindre l’arrivée dans les délais.
« Ça n’a pas été évident, explique Yvon madiot resté toute la journée auprès de son leader. Arnaud n’a vraiment pas été bien pendant quinze à vingt kilomètres et puis il s’est remotivé et a tenté le tout pour le tout. Dans le col du Portet d’Aspet il était super bien, le col de Menté a été un peu plus dur et puis dans le Portillon, il a bien limité. On avait de la marge, il y avait beaucoup de délais bien qu’un commissaire nous a foutu la trouille en nous disant que les délais étaient de 38’40’’ ! Il avait oublié de décompter les seize minutes d’arrêt après la manifestation. J’ai redemandé à David Han de calculer de nouveau et il nous a rassurés. Il y avait minimum 50 minutes de délai. C’est une journée difficile de passée… »
Par Gilles Le Roc’h
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