Le troisième et dernier acte du Tour de l’Ain, ce lundi, a finalement fait émerger les mêmes coureurs que la veille vers Lélex Monts-Jura. À l’Île Chambod, au terme de 153 kilomètres bosselés mais sans véritable col, c’est un sprint en petit comité qui a donc jugé du vainqueur. Rémi Capron a surpris ses rivaux alors que Rudy Molard a échoué au pied du podium, en quatrième position. Il a par la même occasion été délogé du podium au général, repartant avec la cinquième place finale.
Si l’ultime étape du Tour de l’Ain affichait huit montées répertoriées au programme, le terrain ne semblait pas se prêter à des grandes manœuvres entre Lagnieu et l’Île Chambod. À compter du vingt-sixième kilomètre, c’est en réalité un long circuit d’environ soixante bornes qui était à réaliser deux fois. La principale difficulté dudit circuit résidait dans le Col de Berthiand (4,8 km à 6,2%), également dernière montée de la journée, précédant de dix kilomètres la ligne d’arrivée. « Il y avait plusieurs scénarios envisageables ce matin, exposait Rudy Molard. On a notamment tenté de se glisser dans les échappées au début mais c’est finalement un petit groupe qui est sorti, puis EF Education-EasyPost et Cofidis ont contrôlé ». Ce sont donc simplement trois hommes qui ont pris les devants, sans pouvoir se défaire de la tenaille du peloton. Rémi Lelandais, Geoffrey Bouchard et Maxime Jarnet ne disposaient même pas de deux minutes d’avance à l’entame du second tour de circuit. La meute s’est irrémédiablement rapprochée, mais c’est d’abord un duo de contre, composé de Rémi Cavagna et Maximilien Juillard, qui a revu les hommes de tête après la côte de Corveissiat. Dans la côte suivante, celle de Matafelon, Juillard est parti seul mais ne comptait plus que quarante secondes d’avance sur le peloton avant de se diriger vers l’ultime ascension.
« Rudy a perdu de la vitesse […] Dès lors, il était impossible de remonter », Yvon Caër
À l’arrière, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ était encore au complet, avec notamment ses hommes rapides Laurence Pithie et Sam Watson. « On a essayé de faire en sorte que Sam passe la bosse, épaulé par Reuben et Laurence, expliquait Yvon Caër. Jusqu’à deux kilomètres du sommet, on pouvait encore espérer qu’il rentre, mais c’est finalement monté très fort sur la fin et ça ne l’a pas fait ». À la suite d’une accélération d’Archie Ryan et Jefferson Cepeda, une quinzaine d’hommes s’est en fait détachée. Rémy Rochas et Rudy Molard étaient de ceux-là, mais à l’approche du sommet, le grimpeur de poche tricolore a lui aussi été contraint de laisser filer. « Il était un peu court physiquement, ce qui s’explique par sa longue période de repos après son abandon sur le Critérium du Dauphiné suite à sa commotion cérébrale, complétait Yvon. Il lui en manquait un petit peu ». Dix coureurs ont finalement attaqué la descente ensemble, et si quelques accélérations ont eu lieu, elles n’ont jamais abouti. Après le passage d’une ultime butte, la tension est montée au sein du groupe pour le placement. « Je me suis focalisé sur Oldani pour le sprint car il était pour moi le plus rapide », expliquait Rudy Molard. « Il était placé à la perfection à 600 mètres, certifiait Yvon. Mais il y avait une cuvette avant l’arrivée, Oldani n’a pas voulu lancer, Rudy a perdu de la vitesse et c’est parti pleine balle derrière eux. Dès lors, il était impossible de remonter ».
« On va garder le positif », Rudy Molard
Décollé par le « jump » de Rémi Capron et Nicolas Breuillard notamment, Rudy Molard a alors dû se contenter de la quatrième place sur la ligne. « Je suis quand même déçu car c’est une arrivée qui me convenait, regrettait-il. Je ne pensais pas faire une erreur en me mettant dans la roue d’Oldani, mais ça ne s’est pas révélé être la bonne option. Je n’ai pas souvent l’occasion d’arriver comme ça pour la gagne. Je me suis loupé, c’est un peu frustrant. C’est dommage car je perds aussi le podium au général ». Au jeu des bonifications, le puncheur de 34 ans a rétrogradé au cinquième rang ce lundi. « Le bilan est quand même bon sur ces trois jours, tenait-il à souligner. Collectivement, on a vraiment fait une belle course, on était bien investis tous les jours, toujours bien placés, soudés. C’était beaucoup de plaisir de courir ici, avec une très bonne équipe. Malheureusement, on n’est pas récompensés, mais d’autres courses arrivent et on va garder le positif de ce Tour de l’Ain ». Même son de cloche chez son directeur sportif Yvon Caër. « Évidemment, il y a de la déception et on n’était pas venu chercher une cinquième place au général, concluait-il. Mais je retiens vraiment la volonté de bien faire et la cohésion. Ça a basculé du mauvais côté le premier jour, on s’est fait battre par plus fort le deuxième, et on n’a pas été en réussite tactiquement aujourd’hui, mais dans l’état d’esprit, c’était parfait. Ça doit servir sur les prochaines courses, et à un moment donné, ça va basculer du bon côté ».
Aucun commentaire